Philippe Martinez a donné une interview au journal Le Monde du 22 septembre 2015. Une version un peu plus longue se trouve sur le site du Monde.fr. Voici quelques commentaires :
Philippe Martinez fustige les militants coupés de leurs bases, revendique les 32h "à condition qu'elles ne signifient pas un recul des acquis sociaux"(1), reconnait qu'entre Hollande et Sarkozy "sur les questions économiques il n'y a pas beaucoup de différence". Notre secrétaire général balise plutôt bien son terrain, surtout quand il dénonce (timidement) les "syndicats qui considèrent que le rapport de force n'est plus d'actualité". Bien encore quand il précise : "Le besoin d’unité syndicale demeure mais il ne faut pas faire semblant d’être d’accord quand on ne l’’est pas". Très bien même quand il ajoute : "Si on nous invite à une conférence sociale pour casser le code du travail, on n’ira pas".
Mais il reste plusieurs points gênants dans ses propos :
"Je veux bien aller visiter une entreprise avec le président de la république ou un ministre" dit Martinez "pour leur remettre les pieds sur terre". Comme si Hollande était de bonne volonté et qu'il se trompait par méconnaissance !
Sur la loi Rebsamen et les TPE comment comprendre cette phrase : "C’est une avancée mais ce n’est même pas le minimum syndical" ? Une avancée qui recule ?
"Une entreprise n’est pas la propriété d’un seul. C’est une une communauté de travail, il y a un patron et il y a des salariés. Il faut parler des deux et de façon équilibrée." C'est pourtant du B-A-BA ! Si l'entreprise n'est pas propriété d'un seul c'est que le patron a des actionnaires ! Le début du syndicalisme de classe c'est de faire comprendre aux salariés qu'ils ne forment pas la moindre communauté avec leur patron !
Mais le plus problématique restera évidemment cette affirmation : "Le syndicalisme, par essence, est réformiste". Bien entendu l'action syndicale quotidienne se borne à tenter d'arracher (voir seulement de maintenir) des réformes qui apportent un progrès, même modeste, aux salariés. Cela est vrai de l'atelier jusqu'au plan confédéral. Mais tout change quand le pays est paralysé par une grève générale de longue durée, c'est à dire quand la lutte entre les classes ouvrière et bourgeoise atteint son apogée.
Le syndicalisme réformiste est bien celui qui se suffit de modestes progrès et qui s'accommode du mode de production capitaliste. De ce point de vue la CFDT n'est pas plus "réformiste" que le PS n'est "de gauche". En revanche la CGT est bien, hélas, majoritairement réformiste.
Le syndicalisme révolutionnaire lui se distingue par une propagande constante pour la socialisation des moyens de production, par des revendications égalitaires et universelles, par des pratiques autogestionnaires dans la perspective d'une grève générale qui permettrait l'expropriation des capitalistes et l'avènement d'une société communiste et démocratique.
Alors qu'on aura fêté les 120 ans de la CGT toute l'année, il serait urgent d'aller piocher dans nos racines révolutionnaires quelques principes pour ranimer la flamme du syndicalisme CGT !
1) Ce qui sonne comme un mea culpa sur les 35h Aubry...?
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