Le 16 octobre les négociations reprennent sur l'avenir des caisses de retraites complémentaires AGIRC-ARRCO des salariés du privé. Rappelons que la part versée par ces organismes peut représenter jusqu'à 50% de la pension globale. Nous publions ici un extrait de l'interview de Berger, secrétaire général de la CFDT dans le journal Les Echos :
" dès le départ, le patronat a sorti des propositions très dures qu’il utilise comme un cheval de Troie pour repousser l’âge de la retraite à 64 ou 65 ans, avec des abattements inacceptables. Sans aucun effort des entreprises, alors qu’une partie des difficultés vient d’elles.
Comment redresser la situation sans toucher à l’âge de départ ?
Notre proposition s’articule en trois temps : les mesures urgentes avant 2019, le retour à l’équilibre jusqu’en 2024, puis au-delà. Tout le monde doit faire des efforts, pas seulement les salariés et les retraités. À court terme, nous sommes prêts à décaler la revalorisation des pensions complémentaires d’avril à octobre, pour faire des économies, en s’alignant sur le régime général. On peut jouer aussi sur le taux de rendement du point de retraite, en restant au-dessus de 6%. Nous sommes prêts également à discuter de la poursuite, pendant trois ans, de la sous-indexation des pensions, en les revalorisant de 1 point de moins que l’inflation et non pas 1,5 point comme le réclame le patronat. Evidemment en épargnant les retraites modestes qui sont exonérées totalement ou partiellement de CSG. Il faut enfin mutualiser les réserves de l’Agirc et de l’Arrco dès 2017.
La fusion Agirc-Arrco fait peur aux cadres, qui craignent de perdre leur spécificité…
Il ne pourra y avoir une fusion qu’à condition de mener en parallèle des négociations dans les branches sur le statut de cadre. Le mal-être des cadres est davantage lié au fait qu’ils ne sont reconnus comme tel qu’en raison de leur rattachement à une caisse de retraite. Mieux vaudrait reconnaître leur compétence, leur responsabilité.
Que proposez-vous au-delà de ces mesures d’urgence ?
Sur la période 2019-2024, nous proposons d’abord, dans la foulée de la fusion des réserves, la mise en place d’un nouveau régime unifié de retraites complémentaires pour tous les salariés. Un régime fondé sur le niveau de la rémunération et non le statut, avec une seule valeur du point. Pour le conforter financièrement, des efforts devront être demandés aux entreprises : une hausse des cotisations de 0,1% par an de 2019 à 2021, ainsi qu’une contribution patronale en cas de séparation d’un salarié au-delà de 50 ans. Les employeurs continuent de ne pas jouer le jeu en licenciant les seniors.
Quels efforts côté salariés ?
Nous prenons nos responsabilités en proposant une contribution de solidarité intergénérationnelle assumée par les salariés partant à la retraite. Cette contribution serait limitée en montant et serait versée pendant deux ans."
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