En Allemagne, le syndicat GDL, syndicat catégoriel des seuls agents de conduite des trains, a organisé une grève reconductible avec comme revendication centrale l'augmentation des salaires. Les cheminot-es de la Deutsche Bahn y ont largement participé, et pas seulement les agents de conduite. Il faut savoir qu'en raison de la passivité du syndicat majoritaire chez les cheminots EVG, affilié au DGB la grande confédération syndicale allemande, GDL déborde depuis déjà quelques années de son champ catégoriel d'origine. Sans l'avoir vraiment voulu, la direction du GDL se trouve ainsi portée en position d'alternative syndicale au monolithe social-démocrate.
Le même phénomène existe dans d'autres secteurs professionnels, par exemple le secteur aérien. Ces réactions spontanées des salariés poussent-elles le DGB à être plus revendicatif et plus combatif ? Au contraire ! Depuis plusieurs mois, le DGB et la quasi-totalité de ses fédérations mènent une grande bagarre pour ... réduire le droit de grève, le restreindre au seul syndicat majoritaire dans chaque entreprise !
Le syndicalisme catégoriel est certes une impasse car il ne permet pas les solidarités interprofessionnelles et souvent refuse de pointer la nécessité de rompre avec le capitalisme. Mais à quoi sert le syndicalisme interprofessionnel, du type DGB, qui s'allie au patronat pour hurler contre les grévistes, qui refuse d'organiser et même de soutenir les luttes ? A quoi peut bien servir un syndicalisme d'accompagnement comme le mène en France la CFDT lorsqu'il n' y a rien d'autre à accompagner que des régresions sociales ? Les cheminots allemands seront-ils capables d'impulser un renouveau du syndicalisme de lutte non seulement dans leur entreprise mais pour tous les travailleurs ?
Dernière question : Pourquoi la fédération des transports de la CES (ETF) fait-elle silence sur le mouvement de grève des cheminots allemands ? Parce que le poids de la DGB est prépondérant dans la CES bien sûr. Mais nous aimerions une prise de position claire de notre CGT sur ces deux points précis : les cheminots allemands ont-ils raison de se battre pour les salaires ? Le DGB doit-il être désavoué pour son offensive anti-grève ? Et enfin quelles solidarités apporter aux travailleurs allemands en lutte ?