Un appel des syndicalistes libertaires pour la défense des retraites a été publié par la « Tribune syndicaliste libertaire » (animée par des militantes et militants syndicalistes libertaires lyonnais-e-s, organisé-e-s à la CGA, ou proches de cette organisation) : tribune-syndicaliste-libertaire.over-blog.com.
Cet appel en 13 points commence par rappeler (points 1 à 7) des analyses communes à toutes celles et à tous ceux qui refusent de masquer la réalité du capitalisme et le rôle joué par tous les gouvernements dans la casse des retraites. Nous ne pouvons que souscrire à ces analyses.
Ensuite cet appel pose (points 8 à 10) des évidences – pour nous – dans l'organisation du combat contre la casse des retraites : mobilisation la plus large possible du prolétariat dont l'objectif est de parvenir au blocage de l'économie ; refus des logiques aussi bien de compromis visant soit-disant à limiter la casse que de discours « radicaux » déconnectés des réalités de terrain ; caractère incontournable des organisations syndicales dans l'organisation de ces mobilisations de masse nécessaires.
Le point 11 se concentre sur les nécessités qui pèsent sur les militantes et les militants syndicalistes confrontés aux stratégies des confédérations syndicales : d'une part la mobilisation que nous voulons construire ne pourra naître que de la prise en charge de l'organisation et de l'extension de la grève par tous les travailleurs et toutes les travailleuses et dans l'unité à la base ; et que pour cela, les militantes et les militants doivent organiser une circulation horizontale de l'information.
Enfin le point 13 rappelle qu'une « victoire sur le terrain social reste le meilleur moyen de faire reculer fascistes, nationalistes et réactionnaires qui se nourrissent aussi bien de nos échecs que du contexte de crise ». Tout cela, nous aurions pu le signer « des deux mains » … si le point 12 n'était pas incohérent avec le reste du texte. Certes, « une attention toute particulière à la démocratie syndicale, aux décisions collectives des grévistes, au contrôle des mandats » est la moindre des choses.
Mais quand les rédacteurs écrivent « Pour cela il est nécessaire de mettre à distance toute tentative d'instrumentalisation politique par des avant-gardes autoproclamées, par quiconque souhaite faire du mouvement syndical un marche pied pour les élections ». Bien que toute forme de récupération politique doit être combattue, nous ne pouvons pas éviter de lire autre chose dans cette petite phrase. Nos camarades retombent dans les vieux démons anarchistes de suspicion envers celles et ceux qui pensent différemment, et mettre des gardes-fous pour rester dans l'entre-soi…et au passage oublient ce qu'ils/elles affirmaient plus haut : la nécessité de construire les conditions de « la mobilisation la plus large » contre la casse des retraites.
Bien que nous soyons convaincus que les syndicalistes libertaires aient un rôle à jouer en particulier dans le combat contre toutes les tentatives d'instrumentalisation politique des mouvements sociaux, à elles et à eux seuls, à nous seuls nous serons incapables de construire la mobilisation nécessaire pour faire échec au nouveau projet de casse des retraites.
Pour le dire autrement : une grande partie des militants et militantes syndicalistes de la Cgt soit votent aux élections pour des partis de gauche et d'extrême gauche, soit en font partie. Mais une grande partie d'entre eux et elles souhaitent maintenir une indépendance de leurs luttes. Sans eux et elles, nous ne pourrons pas élever le rapport de force. S'il y a débat à avoir avec eux et elles, c'est d'approfondir les contradictions qui se jouent entre leurs engagements de lutte et démocratiques sur le terrain et leur transposition caricaturale dans des partis de gestion institutionnelle d'une transformation sociale.