Nous avons été de celles et ceux qui ont pris le soulèvement breton au sérieux. Qui avons rejeté l'anathème de Mélenchon contre "les esclaves". Qui avons tenté de ne pas laisser le patronat s'emparer de la colère légitime des bretons. Las il faut maintenant faire le bilan et constater que l'OPA patronale sous couvert de nationalisme breton a bel et bien confisqué le mouvement. Les pauvres explications pro-patronales d'une déléguée "CGT" lors des premières assises en font foi...
Discours d’ouverture des premiers Etats Généraux en Bretagne à Morlaix le 8 mars, par Corinne Nicole, une des premières membres du Collectif des Bonnets Rouges.
(CGT de TILLY SABCO à GUERLESQUIN )
« Bonnets rouges, je vous salue !
C’est une journée spéciale aujourd’hui et pour la journée de la femme, on m’a fait un sacré cadeau, me placer sur scène entre Thierry et Christian, va falloir en donner moi je vous le dis !!!!
Trève de plaisanterie ! Je suis heureuse d’être parmi vous aujourd’hui encore ! Comme je vous le disais c’est une journée spéciale, une journée qui s’inscrit dans l’histoire de la BRETAGNE ! Et comme tout le monde ici, je suis heureuse et fière d’y participer.
« Les bonnets rouges, c’est quand même un rassemblement hétéroclite, Madame NICOLE» me disait encore une journaliste de presse parisienne hier matin au téléphone. «que viennent faire des salariés et surtout une syndicaliste dans un mouvement composé en majorité de Patrons ?»
Vous le pensez bien , ce n’est pas la première fois qu’on me pose la question ! J’ai donc répondu comme à mon habitude.
« Avant toute chose ! je suis BRETONNE et quand on s’attaque à la BRETAGNE et aux BRETONS, je réagis !
Depuis un bon bout de temps maintenant, des salariés bretons perdent et risquent de perdre leur travail ! Toute une économie territoriale est en train de disparaître ! L’agroalimentaire, l’agriculture, la pèche, les transports, l’artisanat sous toutes ses formes, ces activités qui génèrent une bonne partie des emplois chez nous sont menacées de disparaître!
Les distorsions de concurrence, la mise en concurrence des salariés en tirant les salaires vers le bas, le besoin viscérale de profit d’actionnaires, des décisions européennes, les réglementations, directives administratives totalement disproportionnées en sont responsables !
Ce que vous oubliez, Madame c’est que tous ces corps de métier que je viens d’évoquer et que je respecte sont étroitement liés :
Sans paysans, sans pêcheur pas de matière première à transporter et à transformer dans les industries !
Sans artisanat pas de réalisation d’ouvrages nécessaire aux activités
Sans commerces pas de vie dans nos villages, nos bourgs !
Sans patrons pas de salariés et vice-versa
Les Bretons sont courageux Madame, ils ne veulent pas devenir des assistés !
Je suis syndicaliste représentante du personnel dans mon entreprise ! A ceux qui disent que je ne suis pas à ma place dans les Bonnets Rouges, je réponds « la priorité c’est d’abord l’emploi, JE SUIS SOLIDAIRE ».
Je ne suis pas anti-PATRON, d’ailleurs je trouve personnellement que ce mot est galvaudé, un vrai patron Madame est une personne qui a son fond de culotte accroché à la porte de son entreprise, qui respecte ses salariés et non pas un financier à la recherche uniquement du profit ou un directeur général qui ne s’engage qu’à hauteur de son salaire ou de ses stocks options.
Vous savez Madame, ce que veulent les ouvriers, les salariés , les Bretons c’est vivre dignement de leur travail et être respectés !
Le BRETON dans sa majorité n’aspire pas à devenir riche ! Il veut garder une qualité de vie dans son pays !»
Je m’arrêterai là pour l’instant, place au retour des doléances et aux témoignages divers, c’est votre journée !
Cependant, tant que j’ai encore le micro, je tenais à exprimer tout mon soutien et mon admiration à tous les salariés bretons qui ont lutté et qui luttent encore pour garder leur travail. Une pensée pour les syndicalistes courageux qui n’ont pas hésité à braver leurs organisations syndicales pour s’engager dans le mouvement, un ptit clin d’œil à Olivier LE BRAS qui n’a pu être présent avec nous aujourd’hui ! et enfin comme je le répète souvent aux salariés de TILLY SABCO, je reprendrais une citation de Berthold BRECHT que j’affectionne
« Celui qui lutte n’est pas sûr de gagner mais celui qui ne lutte pas à déjà perdu »
Pauvre Brecht convoqué en défense des patrons !!!