A l'occasion de son 39° Congrès la Fédération de la Chimie (FNIC) propose un document d'orientation très riche, très radical également : droit de veto suspensif des CE sur les choix de gestion de la direction, nationalisation sans indemnisation des actionnaires des secteurs clés, adhésion à la Fédération Syndicale Mondiale...
Nous publions ci joint le document d'orientation soumis par la direction fédérale aux militants. Que le débat commence !
Voir ci-après l'analyse des camarades de VP sur le blog Où va la Cgt: http://ouvalacgt.over-blog.com/2014/03/congres-de-la-fnic-cgt-du-31-mars-au-4-avril.html
1.1 - Les ravages du capitalisme
L’activité économique, industrielle subit une baisse massive ces dernières
années dans la plupart des pays européens tout comme en France :
L’économie est en récession.
La récession est le moteur de la pauvreté et de l’exclusion. La situation
des populations s’aggrave dangereusement, en particulier pour les
jeunes. Des millions de personnes sont exclues, trop souvent sans domicile
fixe, avec de faibles indemnités versées aux privés d'emploi. Le taux de
pauvreté atteint 23 % chez les chômeurs, 16 % chez les inactifs mais aussi
11,7 % chez les travailleurs dits « indépendants ».
Une enquête de l’Insee de septembre 2013 révèle que plus de 14 % des
Français vivent dans la pauvreté, soit 8,7 millions de personnes avec
moins de 977 euros par mois. Les inactifs et les privés d’emploi représentent
à eux seuls la moitié de la population démunie, et le nombre de salariés
« pauvres » progressent de plus en plus. Les femmes sont les premières
touchées, souvent dans des familles monoparentales : Elles représentent
56% du total de la population pauvre.
Cette situation est le résultat de la politique d’austérité imposée dans
l’union européenne, plongeant les populations dans un recul du niveau de
vie, l’insécurité, la précarité tout au long de la vie avec des conséquences
économiques et sociales, réduisant le niveau de consommation des ménages
et par ricochet l’économie, les « carnets de commandes » des entreprises.
L’obsession libérale de la réduction du déficit budgétaire est au coeur
des politiques des Etats. L’objectif avancé est de « donner des gages aux
marchés financiers », mais, en réalité, il sert à justifier l’austérité des
peuples tout en créant une nouvelle rente par des emprunts d’Etat chèrement
payés par les contribuables.
Une obsession confirmée par la commission européenne qui exige de la
France des réformes destructrices pour l’économie et le pouvoir d’achat
des salariés et retraités en contrepartie du desserrement du calendrier
de réduction des déficit publics. Cette politique a pour but de « brader »
à la finance internationale les biens et « marchés » publics qui lui échappent.
L’idéologie libérale impose un débat sur le « coût du travail », culpabilisateur
des salariés sommés d’accepter de nouveaux sacrifices, sans jamais
évoquer ni l’augmentation aberrante du coût du capital, ni la progression
des richesses créées par le travail.
C’est le coût du capital, la sous-rémunération du travail et la précarité
des salariés qui sont la cause de la dérive récessive de notre économie.
Les dividendes versés aux actionnaires sont autant d’argent détourné de
la recherche, de la qualification des salariés et des investissements d’avenir
pour le développement de nos industries.
Au mépris des attentes de la population, le Président de la République et
son Gouvernement, reprennent la feuille de route de leurs prédécesseurs,
écrite des mains du MEDEF :
Le chômage s'installe durablement en France en continuant à
frapper durement, les femmes, les jeunes, les immigrés et les
séniors, atteignant la barre des 10,7 %.
Les cadeaux vers les employeurs augmentent avec + 20 milliards
d’euros pour atteindre désormais 200 milliards d’euros/
an, soit l’équivalent des salaires de 5,5 millions de salariés,
cotisations sociales comprises (un tiers des salariés du privé en
France, payé par les contribuables).
Refus d’augmenter le SMIC, pression sur les salaires, attaques
contre les pensions entrainent des pertes de pouvoir d’achat
aux conséquences graves pour l’économie et le niveau de vie
de la population. Selon l'Insee, le pouvoir d’achat, la consommation
enregistre en 2013 le second recul le plus important
depuis 1949 avec une chute de 0,4 %, après celui de 1993 (- 0,2 %).
Selon les données de la Banque Mondiale, la consommation des ménages
représente entre 57 % du Produit Intérieur Brut de notre pays. Tout ralentissement
touche gravement les perspectives économiques.
A contrario, l’augmentation du pouvoir d'achat, des salaires et des pensions
aurait un impact positif qui permettrait de renouer avec la croissance
économique par le progrès social. Mais pour cela, il faut commencer
par mettre à plat les richesses, les utiliser pour servir l’intérêt général,
ce que les riches propriétaires refusent, engageant une lutte de classes
face à toutes les forces progressistes pour maintenir leur rente au détriment
des intérêts de la collectivité.
Investir dans l'outil de production, les projets d’avenir, pour assurer le développement
de nos industries, de nos entreprises sur les territoires est
déterminant pour l’avenir de notre société, notre niveau de vie.
1.2 - Les industries chimiques utiles pour l’emploi et le progrès social :
Les industries chimiques, présentes dans notre vie quotidienne, notre logement,
jardin, voiture ou vélo sont au coeur de la satisfaction des besoins.
Le niveau de vie de la population, son bien-être, sont liés à nos industries,
à leur capacité à toujours améliorer les conditions de vie.
Pour un pays, le terme « développé » est synonyme « d’industrialisé ». Il
est illusoire de vouloir assurer la réponse aux besoins du plus grand
nombre sans industrie. Et c’est l’industrialisation, dans l’histoire, dans tous
les pays où elle existe, qui a permis de sortir de l’économie de subsistance
strictement locale.
Nos industries représentent l'un des moteurs essentiels du progrès économique
et social, incontournables et irremplaçables : leur avenir doit être placé sous contrôle public.
1.2.1 - Les industries chimiques au coeur de nos vies
La quasi-totalité des produits et services de la vie courante passent à un
moment ou un autre par les industries chimiques, ou en sont tributaires :
des transports à l’électronique, de l’hygiène aux loisirs, de l’habitat à la
nourriture en passant par les vêtements, etc. Sans les industries chimiques,
on ne vivrait pas dans le même monde.
Non seulement nos industries sont à l’origine de milliers de produits indispensables
à la vie quotidienne, mais la chimie est aussi la « mère des industries», indispensable à
la mise en oeuvre de la totalité des autres industries
telles que : agroalimentaire, informatique, métallurgie, bâtiment, verre, etc..
Les industries chimiques sont tout autant dispensables pour assurer les besoins
en énergie, transports, eau, environnement, logement, santé : Et
pourtant, les casses industrielles se suivent dans l’indifférence des pouvoirs
publics, précarisant l’avenir, l’indépendance nationale, ces leviers
pour garantir l’avenir de sa population, son bien-être, sa sécurité.
1.2.2 - Industrie et territoire
Ce sont les implantations industrielles qui sont à l’origine du développement
des territoires. Ces implantations se sont d’abord réalisées dans des
régions rurales. Pour assurer les débouchés comme pour acheminer les
matières premières, il a fallu créer des voies de transports, chemin de
fer, routes. Il a fallu que des paysans se transforment en ouvriers, que
des maçons construisent des bâtiments et des logements, que des entreprises
sous-traitantes naissent à leur tour. Il a fallu qu’une ville s’étende,
avec ses services publics, hôpital, université, et des commerces.
Nos industries chimiques, loin d’être indésirables près des centres urbains
qu’elles ont contribué à ériger, sont au contraire une des conditions majeures
de leur existence. Quand l’industrie meurt, que reste-t-il de ces
grandes régions, sinon des bassins d’emplois en friche, d’où les emplois
de service finissent imparablement par disparaître à leur tour ? C’est le
maintien de l’industrie qui garantit la pérennité dans le temps des territoires,
des services.
1.2.3 - L’emploi industriel dans le pays indispensable pour la création de richesses :
Pour chaque emploi dans nos industries, il y a deux emplois chez les fournisseurs.
Ces emplois en génèrent d’autres dans les services aux entreprises
et aux particuliers. Chaque emploi industriel génère en tout cinq
emplois induits dans le bassin d’emplois où se situe l’entreprise.
L’entreprise se développe dans le territoire par l’apport des services publics,
les écoles qui apportent la formation initiale des salariés : elle a
une responsabilité sociale et des comptes à rendre à la collectivité.
Les emplois industriels font l’objet d’une véritable saignée à blanc, qui
s’est aggravée depuis la « crise ». Depuis 2009, près de 150.000 emplois
industriels ont été rayés de la carte. La première cause de ces destructions
d’emplois est la captation par le capital des gains de productivité,
viennent ensuite l’externalisation d’une partie des activités industrielles
vers le secteur des services, et ensuite les délocalisations financières pour
augmenter la rentabilité, puis en dernier lieu seulement, la concurrence
internationale.
Imposer une reconquête industrielle, cela signifie donc qu’il faille reconquérir
d’abord les gains de productivité indument détournés par le capital.
Ces gains de productivité ont été captés par le profit. Pour les récupérer,
il faut donc diminuer le profit et augmenter massivement les salaires
tout en diminuant le temps de travail pour tous. Au coeur des gains
de productivité se trouvent des espaces d’action syndicale à renforcer sur
les dimensions d’organisations du travail, incluant santé et bien-être du
salarié ; sécurité ; sens du travail ; qualifications / salaires ; droits et libertés
individuels et collectifs.
Cela signifie aussi d’agir contre le développement de la précarité, de
l’intérim, d’agir pour l’interdiction générale de toute sous-traitance, sauf
pour des cas exceptionnels nécessitant une expertise technologique non
présente en permanence dans l’entreprise.
1.3 – Socialiser l’entreprise, les lieux de travail et nationaliser les grands secteurs
1.3.1 - Socialiser les lieux de travail pour placer l’Homme et le citoyen au coeur de l’entreprise :
Les diktats de l’économie libérale placent la liberté d’entreprendre audessus
des choix de société ou de civilisation. A contrario, socialiser l’économie,
c’est mettre cette dernière sous contrôle du politique et de la citoyenneté.
Concrètement, la socialisation de l’économie consiste à faire de l’entreprise
un lieu de vie démocratique, où les salariés travaillent avec des espaces
leur permettant d’exprimer leurs opinions sur leur activité professionnelle,
les projets, le contenu et l’organisation de leur travail, les
moyens, etc. Que l’on travaille dans une entreprise du service public ou
du privé, chaque travailleur doit disposer des mêmes droits, des mêmes
garanties.
L’entreprise se développe dans le territoire, le bassin d’emplois, à partir
des savoirs des salariés acquis par leur formation initiale dans les écoles
de la République, et à partir des infrastructures de services publics. Son
évolution, sa stratégie engagent toute la collectivité ; Il en est de même
pour ses choix, de l’organisation du travail sur la santé des salariés, l’environnement,
la santé publique, avec toutes les conséquences financières
pour la protection sociale.
Etre « citoyen » dans l’entreprise est aujourd’hui impossible, l’organisation
actuelle du travail s’inspire plus du fonctionnement hiérarchique militaire
en terme de droit d’expression que d’une société à visage humain ; C’est
souvent la peur au ventre que les salariés vont travailler, comme le
montre malheureusement le nombre de suicides de salariés. Nombre de
travailleurs n’aspirent qu’à fuir l’entreprise, devenue un lieu de souffrance.
Socialiser l’entreprise, le lieu de travail, impose des droits
individuels et collectifs renforcés dans l’entreprise, dans
l’atelier, le service, créant des espaces de démocratie pour
exprimer, peser sur des choix tels que l’organisation du travail,
les moyens humains et financiers.
Cela passe nécessairement par une extension des droits
des instances représentatives, dans les Comités d’Entreprises,
d’établissements, les CHSCTE, les DP comprenant :
CE : Droit de veto suspensif sur la gestion de l’entreprise
ouvrant des négociations avec obligation de résultat : Accord
entre les parties, à défaut, constitution d’instance décisionnelle
regroupant les pouvoirs publics (DDTE ; municipalité),
la direction et les représentants des salariés. Ce
droit de veto peut être étendu à l’extérieur de l’entreprise si
le territoire ou son développement sont impactés par les
décisions de gestion de l’entreprise.
DP/CHSCTE : Instauration de Conseils d’ateliers qui se réunissent
mensuellement avec les salariés, portant sur l’organisation
du travail. Aucun projet touchant les conditions de
vie, les droits, l’organisation du travail ne peut être mis en
oeuvre sans la consultation et l’avis de ces instances.
1.3.2 - Nationaliser les grands secteurs :
Les leviers d’action dans le système économique nécessitent que le pays
ait la maîtrise des secteurs essentiels : nationaliser une entreprise, un
groupe, c’est garder, utiliser les richesses créées par le travail au service
de la collectivité. Cela nécessite parallèlement une autre politique industrielle
que celle mise en oeuvre depuis 30 ans et plus.
Alors que les nationalisations de 1945 avaient permis de réindustrialiser
le pays dévasté par la guerre, celles de 1981, partielles et surtout sans
remise en cause des fondements du capitalisme, ont amené une déception
à la hauteur des espoirs qu’elles avaient suscités.
Pour autant, cela ne signifie pas l’échec des nationalisations en général,
mais met en lumière le rôle de l’État, de son contenu de classe dans la
gestion des intérêts économiques et politiques des classes possédantes.
Soustraire du capitalisme les pans les plus importants de notre économie
est une nécessité, cela ne peut se réaliser qu’au niveau le plus large.
1.4 - La lutte des classes s’accentue à l’échelle de la mondialisation capitaliste
Les enjeux posés aux travailleurs vont de l’entreprise au groupe, du national
à l’international. Cela impose à notre syndicalisme de s’organiser à
tous les niveaux pour construire des passerelles, des convergences revendicatives
suivies d’initiatives d’actions pour peser sur les choix nocifs aux
intérêts des salariés.
Les travailleurs sont placés en situation de concurrence d’un pays à
l’autre, à l’intérieur d’un même groupe dans un schéma idéologique de
réduction des « coûts » salariaux. Le patronat critique hypocritement une
« concurrence déloyale », tout en manoeuvrant à dérèglementer les droits
sociaux et collectifs à l’intérieur des pays dans lesquels ils s’installent.
La FNIC CGT revendique la nationalisation du secteur pétrole,
des industries de santé, des grands secteurs de la chimie,
et des activités structurantes de notre pays, de façon à
soustraire ces secteurs à la loi du profit. Ces nationalisations
doivent prendre la forme de préemptions, c’est-à-dire
d’expropriations sans contrepartie financière des grands
actionnaires. Ces grands secteurs publics doivent devenir
inaliénables, appartenant à la Nation. La FNIC-CGT exige
qu’aucune privatisation d’un secteur nationalisé ne soit
possible sans référendum national.
Depuis les mineurs d’Afrique du sud qui sont tués pour avoir osé revendiquer,
jusqu’aux 1000 ouvriers du Bengladesh tués par l’effondrement de
leur usine, dans de nombreux cas, l’économie mondialisée n’est pas destinée
à satisfaire aux besoins des populations locales, mais sert à alimenter
les marchés en Europe, Etats Unis, etc.. Les conditions de vie de ces
travailleurs sont celles que le patronat envisage dans l’avenir pour nos
sociétés, pour les salariés de nos industries : leur combat pour des droits
démocratiques est le nôtre.
Soucieux de la réaction des salariés dans les pays industrialisés où demeurent
encore les débouchés (marchés), le patronat agit comme dans les
années 1930, désignant des boucs émissaires, hier les communistes, les
juifs, aujourd’hui les Roms ou les musulmans. Le Front National est ainsi
« l’arme extrême » qui distille son venin en opposant les travailleurs,
masquant les responsabilités des riches propriétaires des multinationales :
Etre pauvre et immigré devient un délit, mais être riche et immigré, c’est
l’accueil au Fouquet’s sans difficulté : tels sont les intérêts défendus par le
FN et le MEDEF opposant les travailleurs sur leur nationalité selon leur richesse
ou leur pauvreté.
Ce contexte grave force notre syndicalisme CGT à s’investir sur tous les
fronts, au-delà du simple champ syndical, afin de défendre l’égalité des
droits démocratiques pour tous les travailleurs, sans discrimination. Pas de
FN à la CGT, nos valeurs sont incompatibles avec le racisme et la xénophobie.
Le syndicalisme CGT ne saurait être limité dans le champ de ses revendications,
tel que le prône notamment le FN qui accuse la CGT d’agir dans
le domaine politique, accusant en 2010 les manifestants « d’émeutiers »,
appelant ainsi à l’intervention policière pour faire taire les travailleurs en
lutte pour leurs retraites.
Entre syndicalisme et politique, chacun agit dans le cadre de ses responsabilités.
Pour la CGT, aucune neutralité ne saurait taire nos critiques, nos
approches sur les projets qui ont des impacts sur la vie des travailleurs et
leur famille. Et cela, quel que soit le gouvernement en place, notre feuille
de route étant celles des orientations décidées en Congrès.
Les peuples du Venezuela, de Bolivie se sont investis pleinement en liant
revendications à l’entreprise et choix de société. Ils engagent des projets
qui placent leur économie sous contrôle politique pour répondre aux attentes
sociales du peuple. Par exemple, la retraite à 60 ans (67 ans
avant) devient une réalité en Bolivie au moment ou en Europe, les droits à
la retraite ont été remis en cause systématiquement dans tous les pays,
les uns après les autres.
1.5 - L’action internationale de la FNIC-CGT :
1.5.1 - La FNIC-CGT et IndustriAll, Fédération européenne de l’industrie :
Deux syndicalismes se côtoient : l’un ancré sur un fonctionnement délégataire
de relations sociales dominées par le contrat et les accords, dit
« syndicalisme réformiste » tel que le prône la CFDT par exemple, refusant
de faire de l’intervention des salariés une force pour négocier, reléguant
celle-ci en dernier recours. L’autre syndicalisme, incarné par la
CGT, porte l’intervention des travailleurs au coeur de son action, faisant
de ceux-ci des acteurs et non des spectateurs de la vie économique et
sociale.
IndustriAll, la Fédération européenne de l’industrie, regroupe en France
des fédérations de CFDT, de FO, de la CFTC et de la CGT, dont la FNICCGT,
ainsi que les centrales des autres pays européens. IndustriAll a une
activité centrée sur le « dialogue social », marqué davantage par le
« lobbying » syndical que l’action, comme le confirme par exemple la
faible implication à organiser la lutte sur des enjeux communs qu’ont été
les retraites.
Les enjeux que représentent les évolutions en Europe exigent une présence
de la FNIC-CGT à tous les niveaux pour y exprimer nos avis et positions
sur tout projet impactant les intérêts de nos industries, nos emplois.
De plus en plus de textes législatifs sont définis au niveau européen, la
législation française étant ainsi de plus en plus « vidée » de son contenu,
mise en cause.
L’implication de nombreux militants CGT au sein des Comités d’Entreprise
Européens instaurés dans les groupes doit être confortée, renforcée pour
faire évoluer les pratiques syndicales et amener à plus d’initiatives convergentes
pour mieux représenter les intérêts des travailleurs.
Le choix politique de la FNIC-CGT d’adhérer à IndustriAll, regroupant
depuis son dernier congrès les secteurs de sept Fédérations de la CGT,
trouve là toute son utilité même si cela demande un travail considérable
pour travailler tous les dossiers.
1.5.2 – Pour une affiliation internationale de luttes des classes
La situation vécue par les travailleurs, quel que soit le pays, trouve les
mêmes causes, souvent du fait des multinationales présentes en France.
Lorsqu’en Europe, les politiques vont à l’austérité, dans les pays du
Maghreb et d’Afrique, ce sont les denrées alimentaires qui deviennent
inaccessibles par la hausse des cours de la Bourse, qui iront gonfler les
profits des multinationales présentes dans nos pays. Les révoltes des
peuples dans un certain nombre de pays ont vu le jour autour de leurs
revendications sociales, puis d’attentes de démocratie mettant en opposition
les intérêts des familles richissimes et celles du peuple.
Les échanges et rencontres organisés par la FNIC-CGT confirment cette
analyse. Nos camarades du CITU, en Inde, témoignent que là-bas aussi,
les travailleurs sont accusés de « coûter cher », comme dans l’ensemble
du continent asiatique ; tout comme au Mexique où la Fédération Syndicale
Mondiale a tenu le congrès des industries du pétrole, chimie, caoutchouc,
plasturgie, avec la participation de syndicalistes de tous les continents
; ou en Serbie, dont une délégation est venue au Colloque du
caoutchouc organisé par la FNIC CGT à Clermont Ferrand ; et encore les
échanges avec les syndicalistes palestiniens, tunisiens, algériens, sénégalais,
marocains, portugais, etc.
La mondialisation mise en oeuvre par les multinationales exige un engagement
syndical à la hauteur des enjeux.
Pour avoir, depuis près de 10 ans, participé à plusieurs initiatives avec
les organisations de la Fédération Syndicale Mondiale, la FNIC-CGT y
trouve des intérêts pour nos industries, avec des organisations partageant
pleinement les analyses et revendications portées par la Fédération, partageant
aussi la conception d’un syndicalisme de luttes pour peser sur les
choix économiques et sociaux.
Il est proposé au Congrès de donner mandat à la direction
fédérale qui sera élue, de travailler à renforcer l’action internationale
de la Fédération par l’adhésion de la FNICCGT
à la Fédération Syndicale Mondiale des Industries du
pétrole, chimie/pétrochimie, caoutchouc, plasturgie, ce qui
permettra de développer des solidarités et initiatives à
l’intérieur des multinationales de nos secteurs.
2.1 - La place de l’homme et de la femme dans la société et dans le travail :
Le travail est émancipateur pour tous, comme le montre l’histoire sociale
au travers de l’exemple du travail des femmes. Notre vie en collectivité,
en ce début de troisième millénaire, est très sophistiquée. Paradoxalement
elle ne permet pas l’intégration de tous et ne permet pas que le
travail, pour la grande majorité, soit facteur d’émancipation et d’épanouissement.
Nos exigences syndicales doivent porter, avant tout, sur la finalité du travail
ainsi que la juste répartition des richesses créées.
Cela nous renvoie à nos fondamentaux, quelle citoyenneté dans l’entreprise
aujourd’hui avec le chantage à l’emploi, la précarité, la soustraitance,
etc.
Quelle finalité, quel sens peut avoir le travail quand celui-ci n’est organisé
que pour répondre, non pas aux besoins des populations, mais à ceux
du système capitaliste ?
2.2 - Eradiquer le travail pénible, une nécessité :
Les luttes pour obtenir de bonnes conditions de travail et pour obtenir la
reconnaissance de la pénibilité sont des batailles historiques du monde
du travail.
Le conflit des retraites de 2010 a mis en avant, d’une façon très particulière,
les attentes sociales fortes sur la reconnaissance du travail pénible,
ceci pour bon nombre de salariés aspirant à une retraite bien légitime.
La pénibilité, la souffrance au travail peuvent être physiques ou/et mentales.
L’usure physique prématurée est une réalité vécue au quotidien par
les travailleurs dans l’entreprise. Par contre, l’approche individuelle de la
souffrance au travail est plus difficilement mesurable et quantifiable pour
définir la part de travail pénible, chaque travailleur la vivant et la subissant
de façon différente. Elle est souvent liée à la surcharge de travail, à
l’organisation du travail, aux relations hiérarchiques, etc…
A priori il n’y a pas de pénibilité ressentie, par exemple, à être exposé
chaque jour à un produit cancérigène et pourtant, quand la maladie se
déclenche….
La pénibilité au travail revêt donc plusieurs formes, posant des enjeux
liés tant à la démocratie, droits du salarié pour exprimer, peser sur le
contenu de son travail, tout comme globalement sur l’organisation du travail.
Une cessation anticipée d’activité pour un travail reconnu pénible ne doit
pas être la seule et unique solution. Il faut nous attaquer aux causes pour
éradiquer la pénibilité, la souffrance au travail, donc agir sur la prévention
et sur la réparation.
2.3 - Le salaire enjeu de justice sociale, dedéveloppement économique.
2.3.1 – Du partage de la valeur ajoutée au coût du capital:
Le capitalisme est un mode de production particulier, vieux de quelques
siècles seulement, et basé sur l’existence de la propriété lucrative.
Une action boursière donne le droit, par sa simple possession, de réclamer
une part de la valeur créée dans l’entreprise dont on est actionnaire.
Ainsi, si la valeur n’est créée « que » par le travail, elle doit être partagée
entre ceux qui la « créent », les travailleurs, et ceux qui la
« revendiquent » sous prétexte d’en être propriétaires, les actionnaires.
Les actionnaires se présentent comme des investisseurs : Ce ne sont que
des rentiers.
Entre ce qui revient aux travailleurs, le salaire, et ce qui revient aux capitalistes,
le profit, se crée un conflit d’intérêts.
Revendications FNIC –CGT sur la réparation de la pénibilité
subie par les travailleurs : Une cessation anticipée d’activité
de 1 trimestre par année de travail pénible, payée à
100 % par l’entreprise responsable de l’organisation du
travail ; Soit pour 4 ans = 1 an de cessation anticipée d’activité.
Mise en oeuvre d’une prévention ayant pour objectif
d’éradiquer la pénibilité. Baisse du temps de travail à 32
heures hebdomadaires pour les salariés à la journée, et à
28 heures hebdomadaires pour les salariés en 3x8 continus
(6ème équipe), avec hausse simultanée du salaire mensuel
(grille fédérale).
Quand le salaire augmente, le profit diminue, selon le principe des
vases communicants. Ce conflit d’intérêts est la conséquence directe du
détournement capitaliste d’une partie de la richesse créée, il se nomme «
lutte de classes ».
Pour un actionnaire, ou pour un patron, l’objectif est de maximiser le
profit, pour ce faire, plusieurs solutions : augmenter le chiffre d’affaires
en produisant plus, diminuer les consommations intermédiaires, baisser la
masse salariale, payer moins d’impôts, ne pas investir et/ou délocaliser
le travail. Toutes ces méthodes peuvent être combinées.
Pour faire accepter l’idée même du profit, et sa maximisation, la bataille
des idées est primordiale.
Le « coût du travail » est un terme inventé par les patrons. En réalité, il
désigne le salaire socialisé, c’est-à-dire le salaire net + les cotisations
sociales salariales et patronales.
La bataille idéologique du « coût du travail » consiste à nous faire avaler
une modification du partage de la richesse créée, au détriment du
salaire, pour augmenter le profit. Vases communicants.
L’idée selon laquelle on créera des emplois et qu’on reviendra à une situation
d’excédent commercial du simple fait de baisser le « coût du travail
» pour les entreprises du secteur marchand et en particulier de
l’industrie, est donc purement idéologique.
L’Allemagne est de ce point de vue un modèle à ne surtout pas suivre !
L’effondrement des salaires en Allemagne à partir de 2000 a provoqué
une baisse de la consommation intérieure allemande, qui n’a pu être compensée
que par une augmentation des exportations.
Les salariés allemands subissent depuis 2003 la création du contrat Minijob
avec des salaires entre 400 et 800 euros par mois, réduction des indemnités
versées aux chômeurs de longue durée qui refusent d'accepter
des emplois en-dessous de leur qualification, réduction des allocations
des chômeurs dont les familles ont des économies.
En réalité, la France et l’Europe sont en manque de salaire.
Pour maintenir le taux de marge, le patronat vise à baisser la part de la
valeur ajoutée qui revient aux travailleurs sous forme de salaire en s’attaquant
à la part indirecte du salaire que sont les cotisations sociales, au
moyen des exonérations, modulations, remplacement par TVA, par CSG,
et en même temps, baisse de la protection sociale.
Le coût du capital est le problème qui gangrène l’activité
économique.
Le patrimoine accumulé par les 10 personnes les plus riches de France en
2011 est égal à celui détenu par les 6,6 millions de français les moins
aisés.
La fortune de Bernard Arnault, l’exilé fiscal belge, se monte à 29 milliards
d’euros, soit 2,2 millions d’années de SMIC. Cet argent a été ponctionné
sur la valeur créée par les travailleurs des entreprises dont il est
propriétaire (actionnaire).
Il existe 1.226 milliardaires sur la planète en 2012, un record absolu. Le
nombre de privilégiés progresse régulièrement.
« Coût du travail ?? » : cette logique suicidaire développe, non seulement,
une régression sociale intolérable mais a des conséquences
économiques désastreuses avec la récession qui se développe dans
les pays européens, une situation similaire aux années 1930.
2.3.2 - La socialisation du salaire contre la modulation des cotisations
Réhabilitons la cotisation sociale !
Le financement de la protection sociale n’est pas une ponction sur le salaire,
mais constitue une partie du salaire, la part indirecte du salaire
socialisé. Le salaire est le salaire total dont les différents composants sont
le salaire net et l’ensemble des cotisations salariales et patronales. Alors
que le système pèse exclusivement sur le travail, la cotisation sociale est,
pour ce dernier, un moyen de résistance et d’émancipation, pas un fardeau !
Le salaire socialisé comporte trois facettes :
1. Il est la reconnaissance sociale de la qualification, avec un talon,
le SMIC, qui est le salaire d’un travailleur sans qualification.
2. Il est constitué d’un revenu direct qui permet au salarié de répondre
à ses besoins, se nourrir, se loger, etc.
3. Il est constitué d’une part indirecte, la cotisation sociale, qui est
mutualisée pour répondre aux risques sociaux (au sens de la
Sécurité sociale) : santé, chômage, retraite, parentalité.
La cotisation sociale est une part intégrante du salaire, la baisser ou la
moduler, c’est baisser ou moduler le salaire et cela entraîne la baisse des
cotisations patronales, alors que des groupes font d’énormes profits depuis
plusieurs années, suppriment massivement des emplois, et font tout
pour écraser la progression des salaires en n’investissant que pauvrement
en France sans hésiter à avoir recours au chantage à l’emploi.
Malgré 20 ans d’exonérations de cotisations, les employeurs n’ont jamais
adopté de comportement vertueux en matière d’emploi. Espérer qu’ils le
fassent en modulant les cotisations relève de la naïveté.
En conséquence le Congrès de la FNIC-CGT confirme l’exigence
qu’il faut stopper toute revendication de modulation
de cotisation sociale.
2.3.3 - La CSG : un impôt contre le salaire.
Au cours de sa mise en oeuvre par des gouvernements de droite ou socialistes,
les hausses successives de la CSG ont souvent été compensées par
des baisses de cotisations sociales, en particulier, de cotisations employeurs.
Si bien qu’aujourd’hui, ce que l’on paye en CSG était naguère
payé par les employeurs.
Transformer la CSG en cotisations sociales permettrait d’augmenter le
pouvoir d’achat de 7 %. La CSG doit donc disparaitre et être remplacée
par une véritable cotisation sociale et ne doit pas se faire au détriment
du salaire, qui reste la meilleure taxe sur le capital en baissant les
profits, jusqu’à les supprimer, comme le porte la FNIC CGT
2.4 - Salaire/ emploi/ protection sociale/ services publics
La hausse des salaires ne s'oppose pas à l'emploi, au contraire, elle est
indispensable pour dynamiser l’économie et créer des emplois. La consommation
représente près de 60% de l'activité économique dans notre
pays. Pour décider d'investir, les entreprises regardent d'abord du côté
des débouchés, donc, en dernière analyse, de la consommation des ménages.
L'augmentation des salaires et des retraites n'est pas seulement juste et
possible, elle est nécessaire pour assurer la croissance et le développement
de demain.
C'est le facteur qui contribue le plus à la demande et donc à la croissance
économique. En 2014 et 2015, la croissance de la consommation
devrait expliquer plus de la moitié de la croissance économique. Avec un
taux de chômage qui dépasse aujourd'hui 10 % et qui touche plus de 3,6
millions de personnes, sans compter les bénéficiaires du RSA et les précaires
(plus d'un million), cette nécessité d'augmenter les salaires et les
retraites se pose de manière urgente. De véritables potentialités existent
pour augmenter les salaires, investir et créer des emplois.
Il s'agit surtout de modifier en profondeur le système d'aides aux entreprises
qui crée un effet d'aubaine pour elles au lieu de créer véritablement
des emplois.
L’ensemble des aides publiques (Etats ; Régions ; communes, etc…) au
bénéfice des entreprises du privé représentent 200 milliards d’euros/an,
l’équivalent du financement de 5,5 millions d’emplois à 2000 €/mois, plus
La FNIC CGT revendique la suppression de la CSG et de la
CRDS et le rétablissement simultané des mêmes sommes,
prélevées en cotisations sociales.
les cotisations sociales : on peut considérer que 1 salarié sur 3 dans le
privé est payé par les deniers publics, nos impôts. Pourtant les richesses
créées par ces travailleurs alimentent des profits privés ! Ainsi, nos impôts
vont directement dans la poche de quelques riches privilégiés !…
Depuis le début des années 1990, la réduction des cotisations patronales
sur les bas salaires et le travail dit "non qualifié" a constitué l'un des outils
principaux de lutte contre le chômage. Ces exonérations ont pris une
ampleur considérable. Le montant cumulé des exonérations de cotisations
de 1991 à 2008 : 260 milliards, des milliards d'euros de cadeaux au
nom de l'emploi ?
Avec quel résultat puisque le chômage progresse ? Les exonérations de
cotisations patronales doivent être intégralement et immédiatement
supprimées.
Au final augmenter les salaires et les retraites est bon pour l’emploi, et
bon pour la protection sociale, alimentée par les cotisations. Le secteur
de la protection sociale est lui-même grand pourvoyeur d’emplois, si bien
que, augmenter les cotisations sociales crée directement de l’emploi.
Les services publics :
Une Nation ne peut exister sans un service public étoffé qui répond aux
besoins de l’ensemble de la population, le service public étant la fondation
d’un Etat.
Le rôle du service public est de permettre l’exercice des droits fondamentaux
d’égalité des citoyens, quel que soit leur lieu de résidence, dans les
domaines de la santé, de l’éducation, de l’énergie, des transports, du service
postal, de la justice et aussi par ses agents dans la vie des territoires.
Ainsi, payer des impôts, loin d’être la « plaie » décrite par le discours
libéral, est un acte citoyen qui permet au collectif de se doter de
services qui échappent à la logique marchande.
Casser les services publics, c’est pour le patronat un objectif financier
autant que politique : Politique parce que moins l’Etat dispose de leviers
économiques, mieux c’est pour ses intérêts ; Financier puisque
les besoins rendus aujourd’hui par la collectivité seront demain de
juteux profits pour les entreprises privées qui prendront ce qui deviendrait
« un marché ».
Plus un pays se dote de services publics, moins il est soumis à la pression
du capital, plus l’égalité des citoyens est renforcée.
Si les services publics deviennent la cible à atteindre, c’est parce que les
grandes entreprises industrielles nationales sont aujourd’hui privatisées,
que leurs richesses entre les mains des multinationales échappent à la collectivité
nationale. La reconquête d’une industrie nationale est un besoin
pour que le pays se donne les moyens de garantir la réponse aux besoins
de la population ; qu’il dispose de richesses pour construire l’avenir
sans subir le diktat de la finance internationale et renforce les secteurs
publics du pays. Pour développer l’emploi public, la reconquête de
l’emploi industriel est nécessaire.
2.5 Etablir un « bouclier social »
Le capitalisme, c’est dans sa nature, exploite les richesses qu’il ne crée
pas : La priorité, c’est de faire de l’argent, vite, et sans tenir compte des
intérêts collectifs, du tissu économique dans les localités, les régions, le
pays.
Les casses industrielles deviennent le quotidien en France, avec :
leurs cortèges de familles jetées à la rue, sans avenir
une jeunesse à qui il est refusé le droit de se construire un avenir
par un travail stable,
et pour ceux qui arrivent à trouver un boulot, c’est la négation
de leurs savoirs, de leurs qualifications, avec des demi-salaires
liés à une législation du travail faite sur mesure pour les attentes
du patronat.
Protéger notre niveau de vie, nos droits, santé, sécurité, nécessite
mieux que de belles paroles sans lendemain. Aucun pays en EUROPE
ne dispose du même système sur les retraites, la santé, chaque système
étant le résultat de sa propre histoire. Mettre au même niveau tous les
pays, avec des droits identiques pour tous les salariés, c’est l’enjeu au
coeur du rapport de forces qui nous oppose patronat et salariés.
Il est inadmissible que les multinationales trouvent intérêt à vendre
leurs produits en France, mais pas à les produire : Les GOODYEAR ;
TOTAL ; RENAULT ; SANOFI ; PEUGEOT ; HUTCHINSON ; MICHELIN ;
SOLVAY ; PLASTIC OMNIUM ; CONTINENTAL ; etc... produisent ailleurs
et vendent sur le territoire sans difficultés, et en prime, les gouvernements
successifs leurs donnent des aides publiques !!! La « concurrence » est ainsi
organisée au sein d’un même groupe, entreprise, pour imposer aux travailleurs
toujours plus de sacrifices.
Il faut un outil qui bloque le dumping social faute de quoi nous continuerons
à subir le chantage emploi contre droits, etc… Il faut un outil qui
combatte idéologiquement la notion patronale de « coût du travail ».
Celle-ci réduit le travail à une simple marchandise. Pour la FNIC-CGT, le
travail est bien plus, il est l’activité permettant de répondre à ses besoins,
par ce qu’il apporte en termes de salaire, protection sociale, reconnaissance
sociale, épanouissement personnel, cadre de vie en particulier en
termes de services publics, mais aussi en termes de réponse aux besoins
d’investissements pour l’emploi et le développement industriel, ainsi qu’en
matière d’impact environnemental. C’est ce que nous nommons la « valeur
sociale du travail ».
La FNIC-CGT propose l’instauration du bouclier social.
2.6 - Les Conventions collectives nationales : des solidarités indispensables
2.6.1 – L’importance des conventions collectives
Les Convention collectives nationales (CCN) sont les bases et boucliers des
accords d’entreprises, de groupes. Les grandes grèves de 1936 ont donné
jour aux conventions collectives, instaurant des droits minimaux pour
tous les travailleurs des mêmes industries. Les CCN étaient et restent, aujourd’hui
encore, supérieures au Code du travail.
Combien de travailleurs, de représentants du personnel CGT connaissent
leur convention collective ? S’ils ne la connaissent pas, ils ne connaissent
pas leur feuille de paye non plus. Comment défendre les intérêts des travailleurs
dans ce cas ?
Non seulement, il est primordial de connaître et de défendre sa convention
collective, mais nous devons aussi appréhender l’ampleur des coups
que le patronat leur porte, n’ayant jamais admis ces garanties collectives,
que seuls l’action et le rapport de forces ont imposé au cours de
l’histoire sociale.
Le bouclier social est une contribution financière sur
chaque produit importé, calculée sur la différence de la valeur
sociale du travail entre le pays de production et le
pays de la vente. Le produit de cette contribution financière
ira directement vers les caisses de la protection sociale.
L’instauration de cette contribution permettrait d’annuler
ainsi le dumping entre territoires ou pays, puisque tout
bien qui serait produit dans des conditions non conformes
au standard, se verrait taxer par le bouclier social.
Ce bouclier social peut être un outil de lutte concrète contre
le coût du capital, en partant bien de nos exigences en
termes de besoins, qui ne sont pas forcément des marchandises.
Il serait de nature par exemple à revoir les lieux de
production, choisis aujourd’hui par les employeurs sur des
critères uniquement de « coût », voire à relocaliser les productions
sur le territoire national où ils sont vendus.
Que les entreprises s’installent dans un pays, un territoire
n’est pas un problème dès lors que leurs productions servent
à satisfaire les besoins de la population du pays concerné
en respectant le standard social en vigueur.
Chapitre 2 Nos revendications
Les accords collectifs, constituent un élément essentiel et structurant des
rapports sociaux dans les entreprises. Fruits et acquis des luttes, ils ont
pour objectif premier de concrétiser des avancées sociales.
Sans la convention collective, l’ingénieur, le technicien ou l’agent de maîtrise
pourrait être embauché au SMIC, sans reconnaissance ni paiement
des savoirs et des savoir-faire, bref pas de classifications. La CCN, c’est
une grille salariale avec des niveaux de qualification liés aux diplômes
de l’Éducation nationale.
Les inquiétudes ne manquent pas quant à l’avenir des CCN.
Le patronat a « détourné » les syndicats des enjeux de la CCN. Les négociations
sont devenues « l’affaire d’une délégation de quelques camarades
» et non plus des syndicats.
Un affaiblissement conduisant à ce qu’une partie des branches ait des
minima inférieurs au SMIC. La négociation collective a donc évolué vers
des accords multipliant les dérogations, entérinant des reculs sociaux.
Un rapport gouvernemental veut réduire le nombre de conventions collectives.
Le patronat, réfléchit et prépare ces regroupements de conventions
collectives qu’il voudrait édifier sur la négation des droits existants. Ces
enjeux ne peuvent rester l’affaire de quelques camarades mais doivent
devenir l’affaire de tous les syndicats CGT.
Les conventions collectives sont issues d’une longue histoire de luttes et de
rapports de forces. Il faut remonter à 1936 pour voir naître la première
convention collective, c’était celle des métaux, Benoît Frachon en était un
des maîtres d’oeuvre. Elles ont été remises en cause par Pétain et sa
charte du travail. La résistance ouvrière et la libération en 1945 ont permis
de les imposer de nouveau au patronat : Pour notre Fédération qui
compte 12 CCN, les dates sont les suivantes :
1952 : industries chimiques
1953 : caoutchouc et pétrole
1955 : droguerie pharmaceutique et répartition pharmaceutique
1956 : industrie pharmaceutique
1962 : plasturgie
1964 : officines
1973 : instruments à écrire
1978 : laboratoires d’analyses médicales
1979 : navigation de plaisance
1997 : négoces et prestations de services médicotechniques
Chaque syndicat doit donc s'emparer des problématiques
liées aux CCN, mais aussi les faire partager par les militants
syndiqués et par les salariés. La meilleure protection
individuelle, c’est la protection collective la plus large.
2.6.2 - Les CCN, bases des statuts d’entreprises, de groupes :
Le droit du travail a longtemps été hiérarchisé, c’est ce que l’on appelle
la hiérarchie des normes. La législation voulait que les avantages ou acquis
ne puissent être réduits, du code du travail jusqu'à l’entreprise : c’est
le principe de faveur. Ce principe se décline ainsi :
Le Code du travail
Les accords interprofessionnels
Les accords de branches
Les accords de groupes
Les accords d’entreprises
Les accords d’établissements
Cette construction est le fruit de plus d’un demi-siècle de combats syndicaux,
c’est la traduction des objectifs de luttes de classes que porte la
CGT pour améliorer la vie des salariés, imposer la citoyenneté dans l’entreprise
et la société.
Aujourd’hui, cette construction est remise en cause par la loi de modernisation
du dialogue social et de l’ANI de janvier 2013, devenu loi de
sécurisation de l’emploi, qui permet maintenant d’aller du mieux vers le
pire, et qui autorise des dérogations multiples.
Mais les patrons de nos industries n’ont pas attendu 2004, 2008 ni 2013
pour s’attaquer à nos conventions. Aujourd’hui on voit bien que les cibles
privilégiées du patronat pour destructurer nos CCN, sont bien les salaires,
les classifications et les qualifications.
Les paritaires de branches (conventions collectives) ne se tiennent plus que
sur les exigences patronales, aidées en cela par certaines organisations
syndicales, les réunions se multiplient sans pour autant que de véritables
négociations aient lieu ou aboutissent sur des avancées pour les salariés.
Le développement de la sous-traitance et de la précarité est un des facteurs
aggravants de l’affaiblissement de nos CCN, tant pour les salariés
organiques que pour les salariés des entreprises extérieures. Avec les
délocalisations, les ventes, les fusions, les restructurations, c’est toute la
cohésion sociale qui vole en éclats.
En même temps avec la PMIsation des entreprises, l’éclatement des
groupes et les externalisations, bon nombre de salariés se retrouve avec
les seules conventions collectives pour garantir leurs statuts et acquis. Il
faut savoir qu’en cas de cession d’une entreprise, voire de fermeture, la
seule garantie légale est celle de la Convention collective, en aucun cas
l’accord de groupe ou d’entreprise.
Trop souvent, nous nous plaçons en position défensive, cherchant à éviter
les mauvais coups que porte le patronat contre les salariés dans des accords
qui ne visent à répondre qu’à ses seules exigences. C'est pourquoi
nos axes revendicatifs doivent répondre à l’attente des salariés quels
que soient leurs catégories ou statuts.
Tous ces éléments nous démontrent clairement qu'il faut redonner du contenu
revendicatif dans nos Collectifs paritaires. Mais pour cela l’ensemble
des syndicats de notre Fédération doit assumer ses responsabilités
et s'impliquer pleinement pour défendre nos conventions collectives.
2.6.3 - Le triptyque qualification/classification/ salaire, colonne vertébrale de toute CCN :
La grille fédérale des salaires revendiqués démarre au niveau du
SMIC revendiqué par la FNIC-CGT, avec une évolution de 1 à 5 entre
le salaire le plus bas et le plus élevé. Une valeur de point complémentaire
identique est fixée selon la formule : Salaire k 880 – salaire K
130 : 750 points. Elle doit être un repère pour la bataille revendicative
au sein de chaque entreprise et de chaque Convention collective.
Notre grille fédérale offre à chaque salarié, quelle que soit sa branche
d’activité, des points de repères importants quant à son positionnement
dans la grille, son déroulement de carrière, et par voie de conséquence
son salaire. Elle est interprofessionnelle.
La grille de classifications est déterminée par les différents niveaux de
qualifications dans la branche : ouvrier spécialisé, qualifié, très qualifié,
technicien, agent de maîtrise avec différents niveaux de qualifications,
ingénieur, les cadre.
Les principes de la grille sont :
Classer les connaissances, savoir-faire, expériences, autonomie,
qui sont individuelles, et non pas classer les postes ou les machines
comme voudrait le faire le patronat.
La grille est continue, sans barrière (ouvrier, employé, technicien,
agent de maîtrise, cadre) pour permettre une évolution de carrière
et garantir à tous le même statut, les mêmes avantages.
Elle doit garantir le niveau d’embauche pour les diplômés, et
elle établit des correspondances entre diplômes et expérience,
la qualification étant la somme de trois éléments : formation initiale,
formation professionnelle, et expérience.
Les écarts entre deux coefficients doivent être suffisants pour
éviter la multiplication des étapes dans l’évolution.
Au regard des politiques salariales dans nos branches, on mesure non
seulement la pertinence de notre grille revendicative fédérale s’articulant
à partir du SMIC revendiqué, mais aussi sur la nécessité de faire mieux
prendre en compte cette dimension revendicative essentielle et incontournable
par nos syndicats, nos syndiqués et les salariés.
La reconnaissance des qualifications est un enjeu majeur, car la société
actuelle ne répond pas à l’image d’une société de progrès permettant
l’épanouissement de chaque individu, notamment sur le plan professionnel.
La grille fédérale actuelle établit le premier salaire à
1.700 €, comme paiement d’un travailleur sans diplôme ni
expérience. Nous proposons que le congrès décide une revalorisation
du SMIC revendiqué à hauteur de 1.900 €.
Notre 39ème congrès doit être le moment de construire, avec nos syndicats,
les dispositifs nécessaires pour mener la bataille des idées avec les
salariés, les syndiqués, et les militants du périmètre des douze conventions
collectives de la Fédération.
Cela passe par une amélioration de notre qualité de vie syndicale afin
de nous donner les moyens humains indispensables pour gagner sur nos
revendications, une autre répartition des richesses.
3.1 – Une organisation adaptée à notre syndicalisme de luttes
Alors que les multinationales dictent leur loi en pesant sur les choix politiques
dans les Etats, elles développent des espaces de « dialogue social
» à différents niveaux, de l’entreprise au groupe,
entre « partenaires sociaux » disent-elles, les ministères faisant de même
à tous les niveaux, etc. Et cela alors que sur les lieux de vie et de travail
des travailleurs, les droits et libertés sont attaqués, générant souffrances
et stress.
Ce « dialogue social » instauré par le patronat et le gouvernement n’estt-
il pas devenu un instrument destiné à mieux faire passer leurs projets,
en modifiant les rapports sociaux et en instituant un syndicalisme institutionnalisé ?
Une fois que la CGT a exprimé sa position, quelle prise en
compte, sachant que l’ordre du jour est fixé soit par le gouvernement ou
le MEDEF, qui savent tous deux déjà quel objectif ils veulent atteindre.
Le dialogue social est un « jeu de dupes » en l’absence de rapport de
forces, destiné à donner l’illusion d’une démocratie sociale inexistante,
occupant les centrales syndicales là où elles ne seront de toute façon pas
entendues.
Après des années d’expérience amères sur ces méthodes, la CGT ne doitt-
elle pas, sans faire « la politique de la chaise vide », privilégier le rassemblement
de toutes les bases de la CGT, en priorité pour construire
efficacement la mobilisation des salariés et asseoir l’expression syndicale
sur ce rapport de forces ?
Nous devons construire nos revendications en partant du terrain, avec les
syndiqués CGT et les salariés, les rassembler le plus largement possible
sur l’objectif poursuivi, sans nous enfermer dans une unité d’appareils
avec des organisations syndicales qui n’ont pas ces objectifs revendicatifs.
Le syndicalisme rassemblé ne doit pas être un préalable à toute
action CGT, mais un soutien, sur des revendications partagées, à l’action
de lutte et l’expression du rapport de forces nécessaire aux conquêtes
sociales.
3.2 – Quelle qualité de vie syndicale pour répondre aux be
soins des syndiqués, des salariés ?
3.2.1 – Comment doit fonctionner un syndicat CGT Le syndicat n’est pas, ne doit pas être dirigé par les seuls élus,
les syndiqués étant, et devant être, les « décideurs » du syndicat.
Chaque syndiqué doit donc disposer de moyens, tels que la
formation, l’information, et les réunions pour débattre dans le
syndicat et avec les salariés. Cela signifie avoir une véritable
vie démocratique dans le syndicat.
Une vie syndicale de bonne qualité exige une implication forte
des principaux responsables du syndicat. Un syndicat est une
organisation, où le rôle de chaque responsable doit être identifié,
ce qui veut dire bien sûr mettre en place un Bureau du syndicat,
composé d’un secrétaire, un responsable à la politique financière
(trésorier), un responsable ou un animateur à la vie
syndicale (orga).
Mettre en oeuvre ce fonctionnement est vital pour l’avenir de
notre organisation, tout comme le devoir de rendre compte de
ses mandats doit être une règle de vie. Les difficultés quotidiennes
nous amènent de plus en plus à négliger ce rôle.
Pour rendre notre syndicalisme CGT efficace, faisons vivre et
respecter des règles de vie communes dans le syndicat :
la tenue d’assemblées générales, de congrès tels
que définis dans les statuts,
la mise en place de la Commission exécutive et du
Bureau,
la mise en place d’un collectif chargé spécifiquement
d’animer la vie syndicale, en tenant compte
de la diversité de l’entreprise, de la répartition des
mandats et des moyens du syndicat.
3.2.2 – S’informer et se former Le syndicat a le devoir de donner du temps et des moyens aux syndiqués
pour se former, de leur apporter plus de connaissances sur le fonctionnement
de la société, sur l’histoire du syndicalisme C.G.T., etc... Tous nos militants
et syndiqués doivent avoir accès aux publications de la CGT, en
particulier la NVO, Options et Vie nouvelle, pour qu’ils soient en capacité
de porter les éléments permettant d’argumenter dans les débats sur nos
revendications et nos valeurs.
Les publications fédérales (L’actualité du Militant, le Courrier Fédéral, la
Voix des Industries Chimiques (à distribuer à chaque syndiqué), le courrier
UFICT, le bulletin « On continue », L’Echo des LAM et des officines)
sont aussi des outils incontournables pour la réflexion de nos militants,
pour aller au débat avec les salariés. Il en est de même avec les circulaires
et les dossiers thématiques.
Toutes ces publications doivent servir à l’ensemble de nos syndiqués pour
proposer l’adhésion et renforcer notre organisation.
Le site Internet de la FNIC (www.fnic.cgt.fr) est également un moyen important
de communication avec nos syndiqués.
3.3 – Un syndicalisme d’adhérents pour changer de société3.3.1 - Pourquoi nous devons nous renforcer Nos orientations de classe, pour être imposées, nécessitent un syndicalisme
de masse. Cela passe par une ambition collective de faire de la
syndicalisation un axe politique majeur dans notre activité syndicale
au quotidien. Quand 30 % des salariés sont syndiqués CGT dans une
entreprise, le syndicat n’a pas forcément besoin d’appeler à la grève
Tenir un congrès, une assemblée générale n’est pas une
formalité : c’est un moment qui impose aux responsables
mandatés de rendre compte de leurs mandats. Cela permet
de faire le point sur les évolutions dans l’entreprise et de
décider d’un nouveau plan de travail CGT autour de revendications
définies démocratiquement. C’est le moment de
faire le bilan sur nos forces organisées dans l’entreprise.
Le 39ème Congrès de la FNIC-CGT engage tous les syndicats
à tenir un congrès dans le mandat avec une participation
massive de ses syndiqués et le renforcement du syndicat.
pour se faire entendre car l’employeur tient compte de ce rapport de
forces permanent.
Depuis plusieurs années la syndicalisation est en débat dans la CGT. Des
constats ont été faits, nous les connaissons. Nous sommes bien loin de l’objectif
que nous nous sommes fixé ensemble, lors de notre 37ème Congrès
(Villepinte), de gagner 20 % de syndiqués supplémentaires, dans chaque
structure de notre organisation : 20 %, ce sont 5 syndiqués supplémentaires
pour un syndicat aujourd’hui avec 25 syndiqués. C’est à notre portée
si nous le décidons, si nous nous en donnons les moyens.
Souvenons-nous que pour maintenir un nombre de syndiqués constant
dans un syndicat, il faut un apport d’adhésions nouvelles de 10 % chaque
année environ.
Quelle est la situation actuelle ? Une diminution de nouvelles adhésions
dans les syndicats et une forte augmentation des syndicats ne respectant
pas les règles statutaires de reversement des cotisations ; C’est un constat
alarmant pour toute la CGT.
Les choses ne se font pas toutes seules et que ce n’est qu’au prix de la
volonté, de la persévérance et de la rigueur que nous parviendrons à
renforcer notre syndicalisme en nombre d’adhérents, indispensable pour
gagner le rapport de forces.
L’adhésion, aujourd’hui encore plus qu’hier, est rarement spontanée, elle
est le résultat de l’engagement des militants dans l’action et dans les
luttes, dans les débats avec les salariés sur la nécessité de construire un
outil CGT pour les luttes et pour la satisfaction des revendications.
3.3.2 - Revendiquer impose rapport de forces, syndicalisation Les syndicats réformistes ont une conception délégataire du syndicalisme.
Pour eux, quelques délégués sur lesquels sont concentrés les moyens
(cumul des mandats, moyens financiers, etc.) suffisent à négocier des accords
dans des salles de réunion à l’écart des salariés. Nous n’avons pas
cette conception du syndicalisme. La CGT dans l’entreprise, ce ne peut
pas être que des élus ou mandatés.
La force de la CGT repose sur sa capacité à mobiliser les travailleurs, ce
qui impose débats, revendications, interventions. Cette mobilisation est
nécessaire non seulement pour des raisons démocratiques, car les salariés
deviennent alors des acteurs de leur destin, mais nécessaire aussi au regard
de nos ambitions revendicatives, qui nécessitent l’expression
d’un puissant rapport de forces.
Que la CGT se contente de recueillir de bons résultats aux élections ne
permettra pas de gagner sur les revendications. Que pèsent quelques
élus CGT ? De quels moyens disposent-ils pour imposer des avancées à
l’employeur ? Les résultats électoraux ne sont pas « l’alpha et l’oméga »
de l’activité syndicale. Ils permettent, avant tout, de dégager des moyens
en temps pour assurer la véritable activité syndicale, celle qui se construit
au quotidien, au contact des salariés.
Un salarié syndiqué à la CGT est un travailleur qui s’est engagé à partir
des revendications proposées par le syndicat, une force susceptible de
contribuer à renforcer le syndicat si on le sollicite. Il est au contact avec
ses camarades de travail pour porter les idées CGT.
Les syndiqués sont le plus à même d’expliquer que construire, ensemble,
le syndicalisme dont chaque salarié a besoin, c’est l’affaire de tous, dans
et hors de l’entreprise. A chaque moment, apportons les arguments pour
aider à faire franchir le pas à des collègues, afin qu’ils se syndiquent.
Pour cela, il est nécessaire de proposer systématiquement l’adhésion
aux salariés.
La situation sociale et politique actuelle, les attaques contre le monde du
travail, la précarisation, la déréglementation, la casse de nos industries
et de nos garanties collectives, offrent de multiples occasions de rappeler
que la construction du rapport de forces passe forcément par le renforcement
de la CGT.
Les retraités restent des salariés. Exploités durant leur vie active, ils le
demeurent une fois à la retraite. Ils subissent de plein fouet, comme les
actifs, la politique anti-sociale menée par les gouvernements successifs.
Dans ce contexte, le syndicalisme retraité a toute sa justification, il participe
au rapport de forces. Il est donc de la responsabilité des actifs, au
sein des syndicats, de mettre en place la continuité syndicale pour garder
les retraités dans la CGT.
3.3.3 - Se réapproprier les dimensions revendicatives avec nos outils indissociables que sont : le CHSCTE, CE et les DP : Comment militer dans la CGT sans faire un lien permanent entre les différentes
IRP ? Les IRP sont l’outil de la CGT, mais en réalité on constate
souvent qu’il existe des spécialistes du CE, d’autres des DP et des spécialistes
CHSCT.
La responsabilité pour le syndicat lors des réunions de bureau,
en lien avec l’actualité nationale, la convention collective,
est de travailler les propositions transverses à
toutes ces composantes, il n’y a pas une instance plus importante
que l’autre. C’est de la mise en commun des débats,
issus des réunions de ces instances, que va pouvoir
être mise en place une stratégie syndicale globale. Ce qui
se dit en DP doit alimenter les débats d’une réunion de CE,
de même les débats d’une réunion de DP peuvent alimenter
des questions CHSCT.
Cette question est centrale, la CGT est le cerveau et le corps, les IRP les
membres, les uns sans les autres ne fonctionnent pas.
Cette unité et cette unicité dans les réflexions que nous menons au quotidien
pour préserver et/ou améliorer les conditions de travail des travailleurs
doit guider tous nos débats, toutes nos réunions, toute notre activité.
L’adversaire est le capital représenté par le patronat, et c’est tous réunis
que nous parviendrons à imposer d’autres choix dans l’entreprise comme
dans la société.
3.3.4 - Les outils pour construire des projets de syndicalisation Ce plan doit être établi :
En direction des jeunes, diplômés ou non, confrontés à la précarité, la
non-reconnaissance de leurs diplômes, la difficulté de l’accès au logement,
etc, pour les organiser dans la CGT afin défendre leurs revendications
en termes d’emplois et de salaires.
En direction des Techniciens, Agents de maitrise, Ingénieurs et Cadres,
confrontés à leur positionnement dans les entreprises, à leur fonction, à
leur déroulement de carrière, l’organisation du travail, et le stress,
pour les organiser dans la CGT et les mettre en mouvement.
En direction des futurs retraités, pour les inciter à poursuivre leur activité
syndicale, en lien avec les actifs, pour garantir et conquérir des
droits nouveaux, continuer d’échanger et de construire des luttes en
convergence avec les salariés actifs.
Notre force CGT ne peut se réduire au seul niveau de l’entreprise, là où
nous sommes déjà présents. Nous avons besoin, pour être en capacité de
peser sur les revendications, de nous renforcer partout, là où nous
sommes, et là où nous ne sommes pas, par la création de nouvelles bases
CGT. Comment y parvenir ?
Dans les groupes, organiser les sous-traitants, qui peuvent représenter
jusqu’à 50 % des effectifs sur un site.
Dans les TPE, mettre en place, sur son territoire, un parrainage d’entreprises,
chaque syndicat se donnant pour objectif de mener une activité
envers une ou des entreprises non organisées CGT (tracts, réunions…)
afin d’amener à la création d’une base CGT.
Décision du 39ème Congrès : Chaque direction syndicale
s’engage à ce que le renforcement de la CGT soit la priorité.
Un plan de travail de renforcement sera décidé et mis en
oeuvre; Un suivi régulier se fera à chaque réunion de la direction
du syndicat. Un compte rendu sera fait aux syndiqués et
aux instances CGT sur l’évolution du plan de travail :
3.4 – La Fédération, son organisation L’avenir de la Fédération passe, avant tout, par la construction d’un rapport
de forces face aux enjeux de société actuels, avec au coeur le besoin
de renforcement de notre organisation.
Le syndicat reste la base de la Fédération. L’action du syndicat se construit
dans l’entreprise à partir du débat avec les salariés et les syndiqués.
Le manque de clarté et de visibilité, quant à la stratégie de luttes dans
un cadre unitaire national, avec interrogations quant aux objectifs des
uns et des autres, pèse tout autant sur les perspectives dans les directions
syndicales, le corps militant.
Dans le même temps, des luttes pour le devenir industriel dans nos entreprises
marquent l’actualité sociale pour imposer d’autres choix.
Dans ce contexte, la Fédération doit renforcer son action à tous les niveaux,
de la branche professionnelle à la région, au pôle.
Pour ce faire la Fédération mandate des coordinateurs et délégués syndicaux
centraux. Leurs rôles sont prépondérants au niveau de l’entreprise,
du groupe, ils sont les premiers représentants de la Fédération
dans l’entreprise, leur première mission étant d’impulser les orientations et
décisions de la Fédération. Ils sont les garants du respect des règles de
vie des syndicats et le relais entre la Fédération et les syndicats de leur
périmètre. Ils se doivent donc de travailler avec la Fédération qui les a
désignés. Ils doivent rendre compte de leur mandat à la Fédération et
aussi aux syndicats qui les ont proposés pour ces responsabilités. Impulser
et participer à l’ensemble des initiatives de la Fédération sont aussi de
leur responsabilité. La Fédération leur apporte toute l’aide et la formation
dont ils ont besoin, ainsi que le soutien nécessaire à toute action ou
initiative. DSC et coordinateurs sont donc des rouages au fédéralisme de
nos syndicats, c’est un engagement qui implique des droits mais aussi des
devoirs envers la Fédération.
Le rôle et l’implication de nos syndicats seront déterminants pour faire
vivre, fonctionner et renforcer les initiatives et actions engagées par
notre Fédération.
Le Comité Exécutif Fédéral (CEF) :
Le Comité Exécutif Fédéral est l’organe central de direction de la Fédération,
au sein duquel chacun de ses membres est en responsabilité. Son
rôle premier est de mettre en application les orientations du Congrès.
Pour une efficacité pleine et entière, la composition de la direction fédérale
peut aller jusqu’à 80/90 membres, afin de comporter des représentants
des différentes branches, régions, et des outils fédéraux.
La mise en place de référents régionaux et départementaux a permis
de développer la mobilisation des syndiqués et des salariés dans les régions.
Le référent est un délégué fédéral, représentant la Fédération
dans son activité syndicale au quotidien, des syndicats aux territoires.
Pour élargir le rayonnement de la Fédération dans les territoires, l’implication
des syndicats est incontournable, avec plus de référents régionaux
et départementaux dans les territoires, là où existe déjà une structure, et
à leur mise en place dans les pôles et régions qui n’en sont pas pourvus.
Le Secrétariat Fédéral Elargi (SFE) :
Le secrétariat fédéral élargi est désigné par le CEF en son sein, son rôle
consiste à aider le secrétariat fédéral permanent dans ses activités politiques : branches professionnelles, régions/pôles, outils de la Fédération (UFICT, UFR, CFJ, CHSIC), collectifs, coordinations.
Sa mise en place, faisant le lien entre le Secrétariat fédéral et le Comité
Exécutif Fédéral a permis de nourrir la réflexion et l’activité de la direction
fédérale. Il a permis une meilleure implication des camarades dans
la gestion des branches et des collectifs de la Fédération ainsi qu’une
amélioration de la participation de nos syndicats. Cette organisation est
à maintenir et son activité, à développer.
Le Secrétariat Fédéral (SF) :
Le secrétariat fédéral, élu par le Comité Exécutif Fédéral, est le moteur
pour impulser les orientations prises par le Comité Exécutif Fédéral dans
le respect des orientations définies par le Congrès. Le secrétariat fédéral
se retrouve avec des sollicitations de plus en plus importantes dans la
CGT (relations avec les autres fédérations, espaces confédéraux, dans
les régions et dans nos syndicats avec toute l’activité sur les questions
liées à l’industrie).
Le secrétariat fédéral a la responsabilité de faire fonctionner, au jour le
jour, la maison fédérale en assurant les activités transversales comme la
propagande, l’orga, ainsi que la gestion interne administrative et financière
de la Fédération et du personnel administratif.
La Commission financière de contrôle (CFC) :
Elle contrôle et évalue les orientations en matière financière. Elle vérifie
que les dépenses sont conformes au budget fédéral décidé par le CEF,
auprès duquel elle rend compte régulièrement, ainsi qu’au Congrès.
Les outils fédéraux :
L’Union Fédérale des Ingénieurs Cadres et Techniciens
(UFICT) : un enjeu syndical de taille.
Dans les entreprises des industries chimiques, les techniciens, les agents de
maîtrise, les ingénieurs et cadres (ICTAM), représentent un peu plus de
50 % des salariés. Dans certaines branches ou certains groupes, cela
peut être beaucoup plus du fait principalement du développement des
technologies qui requièrent des niveaux de qualification de plus en plus
élevés mais aussi de par l’accroissement notable de la sous-traitance et
de l’externalisation de certains travaux.
C’est pourquoi l’utilité et l’efficacité de notre syndicalisme CGT auprès de
ces catégories se pose encore plus aujourd’hui qu’hier. Et avec plus de
différence que l’on soit technicien, agent de maîtrise, ingénieur ou cadre
du fait des nouvelles formes d’organisation du travail et de management
qui impactent le sens et la finalité du travail et qui modifient substantiellement
leur lien de subordination à l’entreprise.
L’adhésion à la CGT et la participation de ces catégories à la vie syndicale
apparaissent comme un enjeu majeur pour l’avenir de la Fédération.
Cela nous amène à interpeller l’ensemble des syndicats pour que
l’activité UFICT devienne une activité à part entière dans chaque syndicat.
Elle peut se matérialiser sous différentes formes visibles par ces catégories.
Faire progresser la CGT parmi les ICTAM, c’est reconnaître et travailler
sur leurs revendications, en lien avec les valeurs de la CGT, en prenant en
compte leurs contraintes. Mais c’est aussi créer des convergences avec
l’ensemble du monde du travail sur des revendications communes.
L’Union Fédérale des Retraités (UFR) : le retraité, un salarié et
un citoyen à part entière.
Les questions liées aux batailles pour la sauvegarde de notre protection
sociale sont plus que jamais au coeur de l’actualité sociale. Elles sont autant
d’éléments qui nous indiquent que notre activité en direction des retraités,
préretraités doit encore se renforcer.
Au regard du nombre grandissant de salariés quittant l’entreprise dans
les conditions les plus diverses, ces salariés sont en permanence confrontés
à une diminution de leurs droits et de leurs pensions.
C’est pourquoi les retraités doivent rester ou rejoindre la CGT, en lien
avec leur syndicat d’entreprise. Ce lien professionnel, en particulier par
la mise en place et le développement des sections syndicales de retraités,
est ici réaffirmé avec force. En effet, l’action syndicale des retraités
passe par le rapport de forces dans l’entreprise, lieu où sont créées les
richesses qui financent la satisfaction des revendications des retraités
comme des actifs.
Cet aspect professionnel va prendre encore plus de dimension dans les
années à venir, notamment pour le maintien d’une réelle protection sociale,
que ce soit dans le domaine des retraites (régime général ou complémentaires),
ainsi que pour la santé et la prévoyance.
Les orientations que nous avions prises lors des derniers Congrès et Conférences
(fédéraux et UFR) afin de donner le droit de cité à l’entreprise
se trouvent largement réaffirmées dans les faits. Le rôle de la Fédération
ainsi que de son UFR est de travailler à une dynamique de renforcement
pour faire de la continuité syndicale un enjeu dans chaque syndicat.
Le Collectif Fédéral des Jeunes (CFJ) : l’avenir de la CGT, du
syndicat à la Fédération.
Le CFJ a connu des années de fortes activités par l’implication de
quelques syndicats ayant le souci de former des jeunes militants. Mais
depuis 2 ans, le collectif jeunes s’est appauvri. Se pose la question de
quelle place nous consacrons à l’avenir des jeunes dans notre société,
dans le syndicat ?
La syndicalisation des jeunes reste une préoccupation pour la CGT au
niveau de leur avenir qui reste toujours incertain, surtout avec la loi sur la
sécurisation de l’emploi qui développe une forte mobilité. Les jeunes vivent
de plein fouet la crise et en sont les premiers touchés : intérims, CDD,
diplômes et formation non reconnus, bas salaires, logement… Cette société
sacrifie les jeunes dès le départ en ne prenant pas en compte les
années d’études dans le calcul des trimestres pour la retraite et ne leur
laisse aucune perspective d’emplois avec la désindustrialisation massive
dans notre pays.
Alors face à cela, il nous faut les organiser, leur donner toutes les possibilités
d’adhérer à la CGT, les former et prendre toute leur place dans
l’organisation.
La CGT est le syndicat qui est le plus plébiscité par les jeunes, à 68 %.
Comment alors les mettre en mouvement et passer de l’étape de reconnaissance
du syndicalisme CGT à l’adhésion CGT, et par là au militantisme
CGT ? Place aux jeunes dans le syndicat, si on est tous d’accord
pour le dire, il faut franchir le pas et le faire, l’organiser. C’est un défi
pour chaque syndicat qui conditionne son avenir.
Le Collectif d’Histoire Sociale des Industries Chimiques
(CHSIC) :
« Pour mieux préparer l’avenir, tirons les enseignements du passé », une
des raisons qui ont conduit la Fédération à se doter d’un outil appelé :
Collectif Institut d’Histoire Sociale. L’objectif est bien de faire vivre la mémoire
collective à partir de l’histoire de nos syndicats, de la Fédération.
Ce collectif de camarades travaille à archiver les documents d’histoire de
la Fédération et nourrit nos syndicats de l’histoire, en lien avec l’actualité, pour aider à
la réflexion collective et à la bataille idéologique. Le colloque sur la collaboration des patrons
avec le nazisme pendant la seconde guerre mondiale, tenu en 2012, a ainsi permis de sensibiliser sur
des dimensions et enjeux qui nous sont posés aujourd’hui autour du racisme,
des crises d’un système qui est prêt à tout pour préserver ses intérêts
de classe, illustrant avec force l’urgence pour la CGT d’occuper tous
les terrains dans la bataille des idées.
D’autres collectifs de la Fédération sont mis en place au gré
des besoins et possibilités pour travailler en profondeur divers enjeux
revendicatifs portés par la Fédération, en particulier :
Collectif Politique revendicative. Rôle : faire converger les revendications
fédérales dans toutes les branches sur des thèmes identifiés,
pour établir une cohérence revendicative FNIC-CGT.
Collectif Orga/ vie syndicale. Rôle : état des lieux des forces
organisées. Impulsion, plans de travail concrets pour le renforcement
de notre organisation.
Collectif Formation. Rôle : élaboration des modules de formation.
Intervention en tant que formateurs dans les stages fédéraux.
Collectif International. Rôle : analyse de l’actualité et de la situation
internationale. Organiser et développer les échanges entre les
organisations et syndicats étrangers d’une part, la Fédération et nos
syndicats d’autre part. Apport politique à nos représentants dans les
comités européens, etc.
Collectif Protection Sociale. Rôle : analyse des évolutions et des
besoins en matière de protection sociale. Elaborer les revendications,
construire les argumentaires pour les syndicats.
Collectif 2SPE (Santé Sécurité Précarité Environnement).
Rôle : analyses et revendications sur les domaines : santé, sécurité,
précarité, environnement, risques industriels, maladies professionnelles,
accidents de travail, etc. Restitution pour les syndicats de la Fédération.
L a Fédération n’existe et ne fonctionne que pour et par ses
syndicats sur les bases du fédéralisme. Son avenir, l’efficacité
de ses initiatives et actions dépendront ainsi de « comment
les syndicats s’approprient les décisions du 39ème Congrès ? »
et travaillent à la mise en oeuvre des décisions prises collectivement.
Les revendications fédérales exigent l’implication la
plus large de toutes nos forces militantes pour mener la bataille
des idées, renforcer la maison CGT en commençant par
le syndicat.