Les communistes libertaires sont un des courants fondateurs de la Cgt, sur une base anticapitaliste et révolutionnaire. Nous entendons renouveler ce combat, en intégrant les évolutions de la société d'aujourd'hui.
Au mois de décembre, les élections syndicales dans les Très Petites Entreprises étaient organisées pour la première fois. Après une campagne portée au niveau des UL et des UD, les résultats sont en demi-teinte (voir ici tous les résultats par région).
D’abord, de manière prévisible vu sa visibilité, la CGT confirme sa première place dans les TPE avec 29.54% des suffrages. Derrière sur le podium, la CFDT et FO sont à 19.26% et 15.25%. Ce score place la CGT dans une position privilégiée lorsqu’il sera question de mesurer la représentativité syndicale en avril-mai 2013.
Cependant, ces bons résultats ne portent que sur une participation de 10.38% des salariés concernés, c’est dire qu’ils sont peu représentatifs. Cette participation est à la fois beaucoup au regard du peu d’information dont ont bénéficié les salariés et de la faible implantation des syndicats dans les TPE, et très peu au regard du champ qu’il reste à parcourir pour construire une véritable intervention syndicale de masse chez les 4.6 millions de salariés des TPE.
Ensuite, les résultats démontrent la difficulté de la CGT à s’implanter parmi les cadres, catégorie sociale ou les syndicats arrivés en tête sont la CFE-CGC (à 26.91%) et la CFDT (à 19.14%) et ou la CGT ne compte que 13.64% des suffrages. Ce score est même en-deçà des résultats traditionnels de l’UGICT-CGT dans le collège encadrement aux élections prud’homales, et montre les difficultés de la CGT à peser dans une catégorie ne connaissant pas de réelle tradition CGT et attirée par un syndicalisme moins revendicatif.
Enfin, ces élections confirment les difficultés du syndicalisme « alternatif » à représenter une alternative aux yeux du plus grand nombre. Ensemble, l’Union Syndicale Solidaires et la CNT cumulent seulement 6.88% des suffrages (soit moins que le seuil de représentativité de 8%). Ce faible score s’explique sans doute par les difficultés de Solidaires à se réapproprier une campagne de ce type sans posséder de cadres territoriaux de type UL ou UD suffisamment nombreuses et solides, et par ses difficultés à sortir d’un syndicalisme de « bastion » (SNCF, Poste, Education Nationale, etc.).
En tout cas, ces élections ont montré qu’il existait dans les TPE la place pour un syndicalisme revendicatif. Surtout, les nouvelles règles de représentativité vont pousser les confédérations à s’intéresser de plus en plus aux salariés des petites entreprises. Pour cela, des outils existent, qui devront nécessairement être développés : les Union Locales et les syndicats de branche.
Dans des TPE quand un/une salarié-e est en conflit avec son employeur, il/elle n'a en général aucun moyen de se défendre. L'employeur, selon son tempérament, va se comporter de façon paternaliste, quand il se voit comme un chef de famille, ou de façon autoritaire, voire fasciste ... Pour acquérir un moyen de se défendre, le/la salarié-e a besoin de sortir de ce face à face avec l'employeur. L'émergence de véritables syndicats territoriaux ou de branche, organisant les salarié-e-s des TPE serait la seule façon de poser la dimension de classe dans les revendications. Sur les revendications salariales, par exemple, le conflit n'opposerait plus deux individus, mais le syndicat des employeurs du bâtiment par exemple et les syndicats de salariés au niveau départemental. Concernant les conflits directs entre un-e salarié-e et son employeur, les premiers pourraient s'appuyer sur des militant-e-s protégé-e-s, pour faire respecter leurs droits.
La faible présence syndicale pose aussi la nécessité d'un travail intersyndical adossé à notre travail d'implantation Cgt : dans un secteur où la syndicalisation est faible, les rares militants syndicaux auraient tout intérêt à développer chaque fois que cela est possible une politique unitaire de branche afin d'offrir une dynamique militante à un maximum de salariés des TPE.
Avec une faible présence syndicale, les TPE restent une terre de mission. A la CGT et à ses militants de faire en sorte que les élections soient plus qu’une date ponctuelle dans l’histoire de la représentativité syndicale : Un premier pas vers l’implantation d’un syndicalisme de classe combatif parmi les travailleurs des TPE.