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  • : Communistes Libertaires de la CGT
  • : Les communistes libertaires sont un des courants fondateurs de la Cgt, sur une base anticapitaliste et révolutionnaire. Nous entendons renouveler ce combat, en intégrant les évolutions de la société d'aujourd'hui.
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QUI SOMMES NOUS ?

Ce blog est l’outil d’expression de communistes libertaires qui militent à la CGT, où ils défendent une perspective de renouveau du syndicalisme révolutionnaire, mouvement fondateur de notre confédération, et l’unification d’un syndicalisme de lutte et de transformation sociale. 

Nous combattons l'orientation confédérale actuelle de la CGT et agissons pour qu'une alternative à cette orientation émerge. Nous ne nous revendiquons d’aucune tendance ou fraction formalisée au sein du mouvement syndical. 

Pour autant, le tournant pris par notre confédération ces dernières années vers un syndicalisme d’accompagnement, voire de cogestion, nous incite à constituer un front syndical commun avec tous et toutes celles qui se réclament et pratiquent la lutte de classe, professionnelle et interprofessionnelle, autour des revendications et la lutte pour les faire aboutir. 

Attachés à la démocratie syndicale et au fédéralisme qui restent de mise au sein de la Cgt, respectueux du mandat donné par les adhérents et adhérentes des structures auxquelles ils et elles participent, les communistes libertaires relèvent d’un courant fondateur et constituant de la Cgt. 

Les syndicats, forme première d’organisation d’une résistance ouvrière, ont un caractère double et contradictoire. 

Organisations de masse ayant vocation à regrouper tous les exploités autour de leurs revendications immédiates, elles restent soumises à la domination politique d’un patronat qui les pousse à une plus grande intégration à l’appareil d’Etat. 

Dans cette bataille qui n’est pas qu’idéologique, nous ne partageons pas l’idée qu’il y aurait de mauvaises directions corrompues face à une base adhérente dont la « pureté » n’égalerait que la volonté d’en découdre. 

Bien au contraire, il existe à tous les niveaux de nos organisations une contradiction entre un syndicalisme de classe dont l’objectif est de mettre fin à l’exploitation capitaliste et un syndicalisme d’accompagnement dont la finalité réside dans l’adaptation du monde ouvrier qui produit les richesses à l’économie de marché globalisée qu’on voudrait faire paraître indépassable. 

C'est pourquoi nous n'entendons pas oeuvrer en simple opposition à nos directions actuelles mais en alternative à celles-ci, pour l'unité du mouvement social. 

Pour tout contact avec les communistes libertaires de la CGT : 

          communisteslibertairescgt@gmail.com

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Liens De Nos Amis

17 février 2016 3 17 /02 /février /2016 17:47

Après la création de deux syndicats lycéens CGT dans le Nord, la proposition est portée pour le prochain congrès de construire l'outil syndical CGT adapté aux jeunes. Ce qui permettrait, sans mettre fin aux relations unitaires toujours utiles, de ne plus sous-traiter à l'Unef et à la Fidl (donc au PS !) le syndicalisme dans la jeunesse. Nous soutenons cette démarche et nous invitons les syndicats à reprendre cet amendement à l'occasion du 51° Congrès :

A 120 ANS, IL EST TEMPS POUR LA CGT

DE S'OFFRIR UNE SECONDE JEUNESSE.

La campagne CGT de syndicalisation et notamment « syndiquer des jeunes » est un thème récurrent qui alimente les discussions, voire parfois les passions, dans la confédération depuis des années. « Il n'y a pas de relève », « mais que fait la jeunesse ?» sont dans beaucoup de bouches. Oui, disons les choses, la CGT est une organisation vieillissante comparée à ses débuts où elle pouvait compter sur des jeunes responsables (la plupart des dirigeants CGT avaient moins de 30 ans) et sur ses sections « Jeunesse Syndicaliste ». Aujourd'hui, un/une jeune travailleur/se de 25 ans qui arrive dans la CGT constitue bien souvent un exploit : c'est le/la plus jeune du syndicat, de l'UL voir de l'UD, mais en plus c'est bien souvent un/une jeune qui est arrivé-e là par conviction, car, soyons réalistes, rien n'est fait pour attirer les jeunes et rien n'est fait pour les garder dans la CGT. Depuis Mai 68, la CGT est méfiante. Méfiante vis-à-vis d'une jeunesse qui serait incontrôlable et imprévisible, trop radicale, trop indépendante et trop loin de la réalité du travail.

LYCEEN-NE-S ET ETUDIANT-E-S : TRAVAILLEURS/SES EN FORMATION DONC TRAVAILLEURS/SES A PART ENTIERE !

Le « travail » justement, parlons-en. L'argument souvent mis sur la table pour justifier la non-syndicalisation d'un/une lycéen-ne ou d'un/une étudiant-e à la CGT est que « la CGT est une organisation syndicale de travailleurs/ses salarié-e-s, les étudiant-e-s et les lycéen-ne-s ne sont pas des travailleurs/ses, encore moins des salarié-e-s » et que du coup c'est un problème « statutaire ». Posons-nous plutôt la question de « qu'est-ce que le travail ?». N'est-ce pas le travail qui produit tout ce qui existe dans la société ? Si nous pensons que « travailleur/se » et « salarié-e » c'est pareil, qu'il faut être nécessairement un/une « salarié-e » pour être un/une « travailleur/se », alors c'est que nous avons la même conception du travail que le capitalisme et que les patron-ne-s...

C'est au collège que les premières réunions d'orientation ont lieu pour les élèves. C'est là, suivant les résultats scolaires et/ou les difficultés rencontrées, qu'on commence à orienter les élèves entre filières professionnelles et filières générales. Le/la collégien-ne est déjà perçu-e comme un/une travailleur/se en formation, « tout ce qu'il/elle apprend lui servira pour plus tard ». N’a-t-on jamais entendu « réussis tes études, tu iras loin dans la vie » ? Dès le collège, l'éducation scolaire et l'orientation sont faites de manière à répondre aux besoins de la future vie active et aux besoins du futur employeur. « Si tu ne veux pas être à la rue plus tard, travailles à l'école ! », combien ont déjà entendu cette phrase dans le système scolaire ou dans leur famille ? C'est tout le système éducatif et toute la société qui considèrent les jeunes, dès le collège, comme de « futurs travailleurs/ses » donc des travailleurs/ses en formation. La CGT doit tenir compte de cette réalité.

C'est encore plus vrai au lycée où l'acquisition du BAC est considéré comme un diplôme « pré-professionnel » ou comme étant la « première porte ouverte vers la vie professionnelle ». Dès le lycée on peut rentrer en filière professionalisante, en apprentissage. On est alors bien considéré-e comme « travailleur/se en formation », « apprenti-e ». C'est au lycée qu'on perçoit aussi à quel point notre jeunesse a du mal à faire un choix d'orientation : une grande majorité des lycéen-ne-s en terminale ne savent toujours pas ce qu'ils/elles feront après le BAC. N'y aurait-il pas un effet bénéfique à ce que la CGT, en tant que confédération syndicale composée de travailleurs/ses, aide notre jeunesse à s'orienter ? C'est au contact des travailleurs/ses et de leurs expériences que les jeunes auront la meilleure idée du travail et pourront peut-être même se découvrir quelques passions, et non pas au contact des patron-ne-s qui se rendent dans les forums et salons d'orientation, ne connaissant même pas la réalité du terrain. C'est dans le syndicat, aux côté des travailleurs/ses que les jeunes pourront également se renseigner sur les opportunités d'embauche et les secteurs qui recrutent.

Mais, au-delà d'une question de statuts ou de bon sens, la place des jeunes dans le syndicalisme CGT est déjà censée être résolue. D'une part, par l'adhésion individuelle à une UL (garantie par les statuts), d'autre part, par les résolutions du 49ème Congrès Confédéral où la CGT a validé le développement des « syndicats locaux » pour faire face aux difficultés rencontrées par les « syndicats d'entreprise ». Le syndicat local permet non pas l'adhésion par boîte, mais l'adhésion sur une base de branche professionnelle, c'est-à-dire que l’apprenti-e dans le bâtiment peut adhérer au syndicat local du bâtiment, tout comme l'actif/ve, le/la privé-e d'emploi et l'intérimaire. Il s'agit donc bien de relier la jeunesse au syndicalisme par l'orientation professionnelle et l'apprentissage.

SE DONNER LES MOYENS D'UN AVENIR POUR LA JEUNESSE ET D'UN AVENIR POUR LA CGT

On l'a dit, la CGT est vieillissante, un/une syndiqué-e qui a plus ou moins 25 ans est un exploit en soit dans beaucoup de départements et régions. Notons que, pour les rares cas où ces jeunes se syndiquent, ils/elles viennent grossir, pour la plupart, les rangs de ces milliers de « syndiqué-e-s isolé-e-s » qu'a notre Confédération. A côté de ça, les mouvements politiques de jeunesse et les syndicats lycéen-ne-s et étudiant-e-s sont en crise et disparaissent petit à petit. Pour ces organisations, il n'y a plus d'activité en dehors d'élections et de temps forts de mobilisations. Il y a un isolement et un désintérêt généralisé de notre jeunesse qui est le reflet du désintérêt que nous lui portons. Cet isolement monotone peut conduire à des dérives radicales, comme ces jeunes qui rejoignent DAESH via internet car il n'y a plus rien à faire dans le quartier. Nos organisations ont déserté les quartiers il y a longtemps, se repliant sur l'entreprise. C'est oublier que le capitalisme est global, lui, et que la loi des patron-ne-s est omniprésente. En tant qu'organisation défendant les intérêts des travailleurs/ses, notre regard doit être tout aussi global. Un repli de notre part signifie une avancée pour nos adversaires.

Ce sont les 18-30 ans qui subissent de plein fouet les contrats précaires et le chômage. Intégrer et former syndicalement notre jeunesse dès le lycée, c'est se donner les moyens d'avoir des syndicalistes qui ne se laisseront pas marcher dessus au moment de rentrer dans la vie active. C'est se donner les moyens de renouveler nos équipes militantes qui peuvent s'épuiser. C'est aussi tenter de faire barrage à l’effondrement actuel des mouvements de jeunesse, en conciliant autonomie et intégration des jeunes dans une organisation interprofessionnelle et intergénérationnelle. Peut-être alors redresserons-nous la barre et la tête face au déluge de lois rétrogrades qui nous tombe dessus et qui est en train de détruire ce que nos prédécesseur-e-s ont mis tant de temps à construire avec tant de sacrifices. Syndiquer et former la jeunesse c'est tout simplement garantir l'avenir de notre confédération, et donc garantir les luttes et les résistances à venir.

La CGT doit analyser et tirer les leçons de la « génération CPE ». C'est toute cette génération de lycéen-ne-s et d'étudiant-e-s qui a connu à partir de 2005 les mouvements successifs contre la loi Fillon, le CPE/CNE, la LRU, la réforme des retraites, et qui aujourd'hui constitue les jeunes travailleurs/ses de 25-30 ans. Où est passée cette génération, ces dizaines de milliers de jeunes militant-e-s qui composaient les comités de lutte, les assemblées générales, les coordinations lycéennes et étudiantes, qui animaient les grèves, qui manifestaient aux côtés des organisations syndicales ? Comment expliquer que c'est cette génération qui aujourd'hui constitue le vote majoritaire pour le Front National (30 % chez les moins de 35 ans, soit 5 points de plus que la moyenne du score au niveau national) ? Nous ne posons même pas la question de combien, de cette génération, ont rejoint depuis la CGT, ou une toute autre organisation...

La CGT a peut-être raté la plus grosse occasion de ces derniers temps de pouvoir concrétiser ses résolutions sur la syndicalisation, et s'est tirée une balle dans le pied en ne prenant pas en compte le formidable potentiel qui était à sa portée. La raison : « les lycéen-n-s et étudiant-e-s ne sont pas des salarié-e-s », donc pas d'outils adéquats mis à disposition, pas de structures permettant d'intégrer, de syndiquer et de former ces milliers de jeunes qui étaient pourtant demandeurs.

CONCLUSION :

Considérant que le statut d’étudiant-e de l’enseignement supérieur est un statut précaire ne permettant pas l’épanouissement et l’indépendance de celui/celle-ci dans le cadre de ses études ;

Considérant, de plus, que ce statut contraint la majorité des étudiant-e-s à se salarier en parallèle de leurs études au détriment de celles-ci dans un cadre de vulnérabilité accrue ;

Considérant que l’intérêt des étudiant-e-s, travailleurs/ses en formation, et celui de l’ensemble des salarié-e-s concorde ;

Considérant enfin la population lycéenne en filières professionnelles, techniques ou générales comme liée dans l’immédiat ou dans un avenir proche aux problématiques de la formation et de l’emploi,

Le collectif « Jeunes CGT » ne suffit pas. Nous proposons la création d'une Fédération CGT propre aux étudiant-e-s et aux lycéen-ne-s, quelle que soit la filière et l'orientation. Cette Fédération aura le rôle actuel de la « CGT Jeunes » c'est à dire une base de réflexions et d'actions autour de la spécificité de la jeunesse, permettant l'espace et l'autonomie adéquats dont celle-ci a besoin, en accord avec les principes fédéralistes de la CGT ; mais aura en plus un rôle éminemment syndical et professionnel, en accord avec les valeurs de la Confédération. La possibilité d'adhérer à cette Fédération commencera dès la seconde et durera le temps de la période pré-professionnelle (études/apprentissages secondaires, études et formations supérieures). Les jeunes de cette Fédération seront en contact direct avec les syndicats locaux et fédérations qui représentent les orientations et formations professionnelles de chacun-e. Par exemple : un étudiant-e d'enseignement supérieur qui fait ses études pour avoir des débouchés dans les secteurs de l'éducation, sera adhérent-e à la Fédération des Etudiant-e-s et Lycéen-ne-s, mais sera aussi en contact avec le syndicat de l'éducation (FERC) de son UL ; de même, un/une lycéen-ne qui apprend la menuiserie dans un lycée pro, sera adhérent-e à la Fédération des Etudiant-e-s et Lycéen-ne-s mais sera aussi en contact direct avec le syndicat local de la construction.

Nous proposons un amendement pour la création d'une Fédération CGT des Lycéen-ne-s et des Etudiant-e-s

Texte/appel de l'Union des Syndicats Etudiant-e-s et Lycéen-ne-s (USEL)

et de syndicalistes CGT.

SI TA STRUCTURE, TON SYNDICAT SOUTIENT LA DEMARCHE ENVOIE NOUS UN MAIL A fede.amendement.cgt@gmail.com
NOUS FERONS UNE LISTE, NOUS AVONS BESOIN DE SOUTIEN !

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13 février 2016 6 13 /02 /février /2016 11:53

Le comité général de l'UD des Hauts de Seine s'est réuni les 2 et 3 février derniers. Il a adopté une déclaration qui décortique les attaques conjointes du Medef et du gouvernement. En conclusion, la déclaration indique que la grève interprofessionnelle indispensable doit être au coeur des débats du prochain congrès confédéral :

"L'expérience a montré que le gouvernement ne déviera pas d’un pouce de ses projets à moins que la mobilisation ne le fasse reculer.
La CGT n'a rien à gagner dans les « groupes de travail » mis en place par le gouvernement pour réaliser ses projets. Les travailleurs en lutte pour la défense de leurs droits n'ont rien à en attendre.
Alors que les grèves se multiplient pour la défense des salaires, du droit du travail, contre les
licenciements, la CGT doit être à la hauteur des enjeux. La journée du 26 janvier dans la fonction publique constitue un élément de confiance important. Préparons tous ensemble une perspective d’action : la grève interprofessionnelle. C’est ce qui doit animer le 51ème congrès de la CGT."

Pas faux !!!

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11 février 2016 4 11 /02 /février /2016 19:01

Nous publions ici les réflexions de la direction de la fédération de la Chimie (FNIC) à l'occasion du 51° congrès. Rappelons que la FNIC à fait le choix d'adhérer à la FSM.

Nous soulignons avec intérêt l'insistance mise sur le fédéralisme, c'est à dire ce fonctionnement où la base (les syndicats) est censée contrôler les structures. De même pour la proposition de renforcer le rôle du CCN. De même nous partageons les inquiétudes sur la consécration des comités régionaux qui échapperont au contrôle des syndicats.

Nous partageons également la vigueur des critiques adressées à la CES et à la CSI. En revanche nous demeurons sceptiques sur la FSM à laquelle les mêmes critiques d'inerties et de complaisance peuvent être adressées. Cette FSM qui ne défend pas le droit de grève car il est interdit dans de nombreuses dictatures où oeuvrent des confédérations syndicales intégrées et soumises à leurs gouvernants. Voici le texte intégral :

RÉFLEXIONS SUR LES ÉVOLUTIONS STATUTAIRES SOUMISES AU CONGRÈS :
2 modifications statutaires sont proposées :
1) Sur la place des retraités avec évolution pour le 1 % de cotisation syndicale (au lieu de 0,5 %) et droit de vote égal à celui des actifs, soit 1 voix pour 10 cotisations (au lieu de 1 / 20). Ce que
nous avons déjà acté dans les statuts de la FNIC, lors de notre 39ème congrès.
2) Sur l’intégration dans la CGT des organisations des Territoires et Départements d’outre-mer, permettant à la CGT de les comptabiliser dans sa représentativité et à ces organisations de pouvoir être représentatives donc négocier. Chaque thème comprend une résolution d’engagement des syndicats.


RÉFLEXIONS SUR LE RAPPORT D’ACTIVITÉ :
Peut-on valider, donner quitus à la direction sortante, après avoir subi une instrumentalisation
interne par médias interposés, sur des faits graves mettant en cause les valeurs, l’honnêteté de toute la CGT à cause de dysfonctionnements dans la Confédération ?


RÉFLEXIONS SUR LE DOCUMENT D’ORIENTATION :
Préambule :
Point 12 : doit-on laisser les repères revendicatifs se décider au CCN ou bien doivent-ils être décidés et débattus par le Congrès ? Les repères revendicatifs ne doivent-ils pas être justement issus et mis à jour suite aux congrès, mais pas la veille comme cela vient d’être fait ? La démocratie syndicale CGT a toujours été de débattre des enjeux, des propositions revendicatives avec les syndiqués dans le syndicat, avec les syndicats dans les instances : pourquoi inverser le processus au niveau Confédéral ?

(1) NOTRE DÉMARCHE SYNDICALE ET NOTRE RAPPORT AUX SALARIÉS

Tout d’abord, il est bon de constater qu’un des principes fondamentaux de la CGT, la lutte de classe, est réaffirmé au point 32. Dans ce thème, un nouveau rôle des comités régionaux
est mis en avant, en voulant que les professions concentrent leurs activités en région, et participent à la confédéralisation de l’activité (point 41, 43).
Le fédéralisme est une règle de vie statutaire conforme à notre vie démocratique interne. Le fédéralisme, mot concernant autant les UD que les Fédérations, pose comme principe que c’est « la base qui dirige le sommet » et non l’inverse. Il a été construit en établissant, dans nos statuts, que le syndicat est la base de la démocratie syndicale, le socle de la CGT. Les diverses instances territoriales ou professionnelles ne sont « que » l’émanation des syndicats CGT.
Le fédéralisme est mis en cause quand on dit dans la CGT, que la construction d’un congrès confédéral se base essentiellement sur le syndiqué et non sur le syndicat. Une approche qui ne saurait être réduite à une question de sémantique, ou à une « bourde ». C’est un changement
fondamental, une manière de dire que le syndicat n’est plus le socle de la démocratie syndicale, mais un simple outil de l’organisation « confédéralisée ».
Cette approche inverse la démocratie syndicale, au bénéfice de l’instance qui représente le plus de syndiqués, donc la Confédération, cette dernière devenant la « propriétaire» en quelque sorte, des syndiqués. Cette logique de fonctionnement, avec un « pouvoir de pyramide
descendante », existe dans d’autres organisations que la CGT. La confédéralisation n’est conforme, ni à notre histoire, ni à notre conception du syndicalisme, ni à nos
statuts, sauf à les modifier.

Le document propose une modification statutaire au 52ème congrès (point 44 et 107 de la résolution 1) pour asseoir les comités régionaux comme structures de la CGT : signer un chèque sans le remplir en entier ? NON !
Il n’est pas du rôle de la CGT d’accompagner la mise en place d’une instance de régionalisation pour négocier des accords, en instaurant des « supers » délégués, pour débattre, discuter d'accords avec des chefs d'entreprises en direct. Ce qui aurait aussi pour effet la mise en compétition des régions entre elles, favorisant la génération d’inégalités entre régions plus ou moins riches, plus ou moins industrielles. Les fédérations ont des enjeux nationaux
avec les Conventions collectives, elles sont un socle commun de droits, mais la régionalisation des professions amènerait, par la force des choses, à une remise en cause des Conventions collectives nationales et des disparités au sein même de ces Conventions.
Dans cette structuration de l’activité, quelle serait la place des UD ? Là aussi, d’autres organisations syndicales sont déjà structurées avec un fonctionnement pyramidal inversé au notre. Si notre objectif est d’être au plus près des syndicats, pour mieux prendre en compte les
réalités sur le devenir industriel, l’emploi et le renforcement de la CGT, il nous faut renforcer les structures de proximités que sont les UD et les UL.
L’efficacité du syndicalisme dépend du rassemblement du plus grand nombre de salariés. En ce sens, il est indispensable que les salariés s’emparent du syndicat pour lui donner un caractère de masse et inscrire le syndiqué au coeur de l’action syndicale, en tant qu’acteur et non
comme simple spectateur. La remise du timbre mensuel, est un des liens qui permet au militant d’avoir un minimum de contact avec le syndiqué. La mise en place du prélèvement automatique a, certes, permis de faciliter la comptabilité du syndicat, et contribue à la continuité syndicale. Mais, le fait d’aller une fois par mois récupérer la cotisation syndicale, donnait la possibilité au militant d’échanger avec les syndiqués, et de leur donner la place qui est la leur dans le syndicat. La proposition de la mise en place de la carte permanente (point 105 de la résolution 1), ne réglera pas le problème de la continuité syndicale et du renforcement, et aura pour conséquence de couper ce lien mensuel entre le syndicat et le syndiqué. Quel intérêt d’être syndiqué à la CGT s’’il n’existe plus le lien syndicat/syndiqué ?

(2) LA CONSTRUCTION DES LUTTES

Sur une grande partie de ce thème, nous ne pouvons qu’être d’accord. En effet, réaffirmer que l’intervention des salariés est indispensable pour s’opposer aux choix de gestion capitalistes
(point 109), que l’objectif est d’accroître le rapport de forces, que celui-ci doit être permanent, pour satisfaire aux besoins et aspirations du monde du travail (point 114), avec les syndiqués et les salariés, ne peut être qu’une bonne chose, et ça fait du bien de le voir réaffirmer dans le document d’orientation de la CGT.
Ceci étant, la place du syndiqué en tant qu’acteur et décideur est mis au second rang, et vient après les salariés qui eux participent à l’élaboration des revendications, la CGT les consulte, et après ce sont les salariés qui disposent des revendications (point 119).
Est-ce que cela veut dire que l’avis des salariés viendrait à prédominer sur l’avis des syndiqués ? La CGT devrait-elle revenir sur ses revendications si les salariés décidaient que la CGT signe un accord en opposition avec l’avis des syndiqués ? Cela ne reviendrait-il pas tout
simplement à faire des référendums ?
Ce n’est pas non plus la représentativité aux élections professionnelles (point 135) qui fait que les résultats des négociations dans l’entreprise sont à la hauteur de nos revendications, mais bien le rapport de forces mis en place par la CGT. Hormis le fait, que la représentativité
fait que le syndicat existe au sein de l’entreprise, de pouvoir signer ou au contraire de s’opposer à un accord, les résultats aux élections est un indicateur sur la progression possible en termes de syndicalisation.
Dans la résolution 2 (point 147), pour être cohérent, il serait bon de rappeler que conformément à nos statuts, chaque candidat aux élections professionnelles doit être syndiqué à la CGT.

(3) NOTRE RAPPORT AUX AUTRES ORGANISATIONS SYNDICALES,
LE POLITIQUE ET LE MONDE ASSOC
IATIF

Ce débat est déjà abordé dans les statuts de la CGT avec des décisions qui répondent bien aux problématiques posées, notamment sur l’indépendance sans neutralité vis-à-vis de toutes organisations politiques ou associatives, tout comme vis-à-vis de l’extrême droite.
Pour autant, il y a une réécriture de l’histoire de la CGT qui doit, à notre avis, être rectifiée :
Dans le point 173 l’histoire est mensongèrement révisée : Il y a eu division des salariés par la création d’autres organisations syndicales, et « des divisions syndicales ». Il est faux d’écrire que la CGT, avec la CFTC, seraient les « formations originelles » puisque la CGT a été créée en 1895 ; alors que c’est pour affaiblir la CGT que l’Etat et l’Eglise ont créé la CFTC en 1919.
Le point 175 tronque une fois encore les réalités : Si la CGT a adhéré à la CES, c’est en 1999, donc avant d’être membre de la CSI qu’elle a rejoint en 2006 et non l’inverse comme le dit le texte.
Les précédents congrès (point 186) ont engagé la CGT vers un « syndicalisme rassemblé », ou encore « l’unité syndicale » et /ou « intersyndicale ». Des conceptions qui visent à rassembler face au patronat et /ou Gouvernement, mais encore faut-il s’entendre sur quoi se rassembler,
et qui rassembler : rassembler les organisations syndicales dans une réunion ou rassembler les salariés pour l’action n’est pas la même chose ! Et même s’il s’agit de rassembler les salariés pour l’action, encore faut-il préciser sur quoi on les rassemble. Construire l’unité syndicale
sur le « plus petit dénominateur commun » entre organisations syndicales ne génère que confusion et illisibilité quant à nos revendications et orientations.
Rassembler contre un projet patronal ou gouvernemental est une chose, mais rassembler pour un projet commun demande un partage d’analyses, de valeurs et de conceptions du monde des travailleurs qui dépasse le constat pour aller vers les alternatives d’avenir. L’austérité salariale
que nous combattons est démentie par exemple par le secrétaire général de la CFDT, donnant ainsi une image des différences d’analyses qui engagent sur l’activité syndicale des uns et des autres de manière différente, voire opposée.
L’affiche qui illustre le coup de poignard dans le code du travail, faisant état de la trahison des syndicats réformistes signataires de l’ANI de 2013 sur les accords de compétitivité emploi, représente un contenu fort de positions, de divergences, marquant l’empreinte de notre syndicalisme, juste, loyal, transparent, et exigeant vers les salariés : Faut-il le taire au nom du « syndicalisme rassemblé ?? »
Il en est de même pour l’appel national du 9 avril 2015 : pour être dans l’esprit du syndicalisme rassemblé, la CGT n’a pas porté la revendication la défense de L’AGIRC/ARRCO à cause des divergences fortes avec FO qui en 2013 a validé le gel des pensions. Exemples, qui viennent
en contradiction avec le point 189, et la première partie de la résolution 3.
N’est-ce pas aux syndiqués et au syndicat de travailler à construire l’unité des salariés autour des revendications qui répondent à leurs besoins ? Le chemin est certes plus difficile mais aussi ô combien plus « honnête », plus transparent.

(4) NOTRE PLACE DANS LE SYNDICALISME MONDIAL ET EUROPÉEN

Comme déjà développé dans le thème 3, les points 173 et 175, placés à tort dans le thème 3, déforment l’histoire du syndicalisme international.
Les constats exposés sur ce thème sont d’une myopie préoccupante : Ainsi, on apprend que la CES organiserait « régulièrement » des euros manifestations (point 252). Pourtant depuis 2008, la CES a fait le choix de ne fédérer aucune des nombreuses luttes nationales contre l’austérité européenne. Et si le point 295 considère que durant le dernier congrès de la CES a été exprimée « l’exigence d’un syndicalisme en opposition aux politiques austéritaires », derrière ces déclarations verbales, rien de concret n’a été engagé, ni obtenu par la CES.
Question : depuis l’adhésion en 1999 de la CGT à la CES, laquelle de ces deux organisations a le plus évolué, et dans quel sens ? Ne faut-il pas débattre du maintien ou non de la CGT au sein de la CES, et de la construction d’une véritable organisation syndicale européenne de luttes ? N’est-il pas besoin de faire un bilan « impartial » de l’activité de la CES, ce qu’elle apporte ou a permis d’obtenir en termes de progrès pour les travailleurs d’Europe.
Même analyse concernant la CSI, présentée comme la seule organisation qui « incarne le mouvement syndical mondial ». C’est oublier ce pourquoi la CSI, alors nommée CISL, a été créée par le bloc atlantiste, contre la CGT, et la FSM que notre organisation a contribué à fonder
en 1945, porteur d’un syndicalisme révolutionnaire, de classe et de masse, qu’elle a quitté en 1995 sur décision de la CE confédérale.

Dans cette réécriture de l’Histoire,la FSM et ses 90 millions de membres n’existent pas ! Ecrire, d’autre part, que la CSI a gagné en « combativité sur les dernières années » (point 300), qu’elle a engagé une « guerre des tranchées contre la patronat » (point 301), est au mieux naïf, au pire mensonger.
Et dire que les affiliés de la CSI sont « respectueux de la démocratie » (point 265), c’est, par
exemple, considérer comme tel, le syndicat Histadrut israélien qui soutient l’Etat fasciste d’Israël et l’occupation de la Palestine !
La collaboration de classe de la CSI perdure malgré les centaines de millions de chômeurs de par le monde, et les inégalités qui s’aggravent. L’affiliation internationale de la CGT à la CSI doit être remise en question, l’adhésion de la CGT à la FSM doit être discutée. Là aussi, n’y a-t-il
pas nécessité à avoir un bilan quantifiable et mesurable de l’activité de la CSI ?
La résolution n°4 ne remet en cause ni la CES, ni la CSI. Elle ne contient aucune proposition revendicative d’application concrète contre la concurrence mondialisée entre salariés, comme par exemple le bouclier antidumping social international, adopté à notre dernier congrès FNIC.
Question d’aujourd’hui au regard de l’austérité mondialisée qui met à bas toutes les garanties sociales et droits arrachés de haute lutte dans la plupart des pays : de quel syndicalisme avons-nous besoin ? Syndicalisme d’accompagnement, institutionnel, technocrate, (réformiste) ou de lutte ? N’est-il pas temps de s’interroger sur notre place à la CES et/ou à la CSI qui négocient l’austérité, refusant de la combattre ailleurs que dans les salons ?

(5) LA DÉMOCRATIE DANS LA CGT

Ce thème a le mérite de rappeler les droits et devoirs de toute de la CGT. Que celle-ci doit être le syndicalisme de toutes et tous, de reposer la question du fonctionnement, du respect des règles de vie, des syndicats, UL, UD, FD, et de ce qui doit être la démocratie dans la CGT.
Mais à aucun moment le rôle et le fonctionnement de la confédération n’y est discuté ! Ce qui pose un problème, lorsque l’on réclame plus de démocratie ! Il est anormal que sur ce thème, l’articulation entre congrès/CCN/CEC/Bureau confédéral ne soit pas mise en débat.
Le CCN est l’instance décisionnaire entre 2 congrès : le congrès des syndicats transfère ses prérogatives décisionnelles entre les congrès à cette instance souveraine, représentative des syndicats.
Pour que le CCN puisse assumer, décider, il doit être réuni régulièrement, et à chaque fois que nécessaire. Or, ces dernières années, le CCN n’a été réuni que sur le minimum statutaire, soit 3 fois / an. Pas suffisamment pour décider, jouer son rôle politique, les 3 réunions comprenant
à chaque fois des ordres du jour surchargés qui n’autorisent pas un réel débat par manque de temps. Réunir le CCN 5 à 6 fois par an, est un minimum vital et démocratique au vu de l’intense actualité sociale aux enjeux lourds.
La C.E. Confédérale a la responsabilité de la mise en oeuvre des décisions et orientations, sous le contrôle du CCN. Le bureau confédéral, qui est une émanation de la C.E.C doit respecter les décisions de celle-ci, donc du CCN, et impulser et animer leurs mises en oeuvre, et non
décider, seul, d’annuler une initiative déterminée en CCN, sous prétexte d’unité syndicale, ou d’orientation sur un sujet, sans en avoir communiqué avec les instances confédérales.
Les épisodes récents de factures d’aménagement de bureau, d’indemnités de rupture conventionnelle, de fuites d’informations dans la presse, pendant le CCN ou la CE
confédérale, doivent servir à remettre à plat les règles de vie, le respect de la démocratie, au sein de la confédération, et à définir une organisation qui prenne en considération que l’argent de la CGT vient de la cotisation de chaque syndiqué.
Si des réponses ont été apportées sur les dimensions financières, il n’y en a pas sur ceux qui ont mis en danger la CGT en utilisant la presse extérieure pour régler les comptes.
Nous pouvons aussi nous poser la question de la légitimité des conseillers confédéraux, dans les prises de décisions de la confédération. Est-ce que leurs rôles est de « proposer », ou alors de fixer la feuille de route des négociations avec le patronat et ou le gouvernement ?
Enfin, il ne faut perdre de vue, que le Fédéralisme est la base de notre organisation CGT. Celui-ci pose comme principe que c’est la base (le syndicat), qui dirige le sommet, et non l’inverse. Ceci démontre l’importance de l’implication des syndicats dans les structures, afin que la démocratie soit respectée.

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5 février 2016 5 05 /02 /février /2016 02:04

Nul n'ignore que la CGT-Goodyear a mené le combat contre la fermeture du site d'Amiens-Nord sans le soutien clair de sa fédération, pas plus de la confédération. Une coordination des entreprises en lutte s'était organisée alors, additionnant aux camarades d'Amiens une douzaine d'entreprises en lutte dont les Ford, les Sanofi, PSA-Aulnay, Presstalis... coordination qui réussit plusieurs rendez-vous importants, toujours sans le soutien de la confédération.

Ce jeudi 4 février place de la Nation, le discours de Mickael Wamen, appelant à un vaste mouvement social a été applaudit avec ferveur par les milliers de militants rassemblés. Disons le tout net : nous préférons le discours de Mickael aux lénifiants documents préparatoires du 51° congrès.

Place de la Nation ce jeudi une CGT, lutte de classe, affirmait ses objectifs. Ce sont ces objectifs de lutte qu'il faut rendre majoritaires dans les débats et les votes du 51° congrès.

La défense des camarades de Goodyear passe aussi par l'élargissement unitaire avec les structures syndicales combatives, notamment de Solidaires, dont plusieurs militants, en particulier à La Poste, ont été ou sont menacés de licenciement.

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3 février 2016 3 03 /02 /février /2016 15:21

Nous publions ci-dessous une contribution de l'UD de Paris aux débats du 51° Congrès qui pose des questions intéressantes mais qui parfois n'y répond que de façon bien évasive. Voici donc quelques remarques pour nous inscrire dans le débat :

Le document démontre l'échec du "syndicalisme rassemblé" et propose de travailler à construire l'unité dans les luttes avec les syndicats qui partagent nos valeurs et nos combats. Très bien ! On nous propose même de réfléchir aux possibilités de réunifications possibles. Encore très bien. Mais il manque un état de lieux concret des syndicats auxquels la CGT devrait s'adresser. Surtout quand par deux fois il est écrit que c'est d'organiser la lutte qui différencie la CGT de tous les autres syndicats...

Le document appelle à ne pas avoir peur d'affirmer que nous portons un projet politique, celui d'une société débarrassée de l'exploitation capitaliste, sans pour autant devenir la courroie de transmission d'un parti politique". Très bien ! Et il propose de "débattre et agir avec des personnalités politiques ou des partis partageant nos valeurs". Pourquoi pas. A condition de se mettre d'accord sur "les valeurs". Il nous semblerait plus prudent d'évoquer un accord sur des "objectifs" car les "valeurs" des partis sont bien souvent aussi solides que leurs "promesses" !

Sur l'internationalisme, le document se limite aux cadres actuels : CES et CSI. Il nous semble qu'une CGT recentrée sur la lutte des classes devrait se positionner pour faire le pont entre la CES/CSI et ceux des syndicats de combat qui se retrouvent soit dans la FSM, soit dans les réseaux du syndicalisme alternatif.

Sur la démocratie enfin le document pose de vraies questions mais là encore n'offre guère de piste concrète pour remettre de la démocratie directe dans nos fonctionnements.

Voilà en tout cas un texte pour engager les discussions et élaborer (rapidement ?) des propositions concrètes :

Que les bouches s’ouvrent pour le congrès et que les sourires reviennent dans la CGT
51e Congrès de la CGT
Dans le cadre de la préparation du 51e congrès de la CGT, l’Union départementale des syndicats parisiens a voulu créer, pour ce qui la concerne, les conditions d’une préparation la plus démocratique, large et transparente possible. Elle a été très attentive aux mandatements par les syndicats des délégué-e-s au congrès. Elle a participé aux réunions où elle a été
invitée par les syndicats, les unions syndicales, les fédérations, l’Union régionale d’Ile-de-France.
Elle a élargi cinq réunions de sa commission exécutive, et convoqué plusieurs assemblées d’adhérents et de syndicats sur le sujet. La Commission exécutive a décidé de proposer aux syndicats parisiens et aux syndiqué-e-s un texte issu de ses réflexions pour favoriser la discussion préparatoire.
Ce texte court est sans doute incomplet, ce n’est pas un document du congrès.
Le débat qu’il pourra susciter servira également à préparer les textes du prochain congrès de l’UD.

Le rassemblement des salariés et les luttes… notre objectif.
Le rassemblement des salariés et des luttes doit être l’objectif de notre syndicalisme de classe et de masse, internationaliste et démocratique. Nombreuses sont les luttes et les raisons qui les
justifient.
Les femmes de chambres dans la sous-traitance des hôtels, le personnel du Royal Monceau, celui de Carrefour, Monoprix, Lidl, les travailleurs sans papiers et les manucures et les coiffeuses du 57 bd de Strasbourg, les agents de sécurité de la tour Eiffel, les agents de propreté de la ville de Paris, ceux de l’APHP, les luttes chez Vinci, OMS, de la PIZZA MAMA, celles des précaires… Nous ne les nommerons pas toutes.
Pour de nombreux salariés se battre est une nécessité et cela en vaut la peine. Ils ne pensent pas que ce système soit trop fort pour eux, même si ce sont plus que jamais les patrons qui écrivent les lois, maintenant dispensées du processus démocratique le plus élémentaire par l’usage du 49.3.
Les luttes remettent en question toutes les prétendues vérités économiques et financières. Celles qui privilégient le profit au détriment des salaires et du partage. Celles qui nous dictent pour seule règle la concurrence entre peuples et entre salariés. Celles qui voudraient nous faire renoncer à nos libertés et à la démocratie.
Les organisations de la Cgt sont très souvent présentes dans ces luttes ou elles font plus que les soutenir ; elles les organisent, voire les dirigent. C’est l’une des caractéristiques des organisations de la Cgt, leurs différences avec les autres organisations syndicales. Les expressions et analyses de la Cgt sont souvent très justes et pertinentes. Les propositions d’actions sont souvent reprises par les militants ; pas un jour sans une initiative Cgt à Paris. Cette visibilité et cette présence contribuent à l’image d’une organisation combative même si elle peut parfois être la seule, son combat n’en sera pas moins légitime. Les autres organisations n’ont pas cette capacité à mobiliser rapidement. Elles n’ont pas autant d’audace et de détermination. La Cgt est une organisation syndicale qui organise la lutte. C’est ce qui la caractérise et la différencie des autres.
Mais les luttes sont encore trop isolées. Il y a un besoin urgent de rassemblement et de coordination ; « le tous ensemble ! » que nous scandons à l’occasion de nos nombreux rassemblements. L’unité syndicale est une condition essentielle pour gagner une lutte, pour faire
reculer le patronat et le gouvernement. Les salariés le savent et souhaitent vivement
que les syndicats soient unis. Il est indéniable que de profondes divergences d’appréciation entre organisations syndicales existent, sur le prétendu « coût du travail », la compétitivité des entreprises, la place et la conception de la négociation. Il est incontestable que ces divergences persistantes handicapent les capacités syndicales à faire face aux offensives patronales. Notre démarche syndicale, dans ce contexte ne mérite t-elle pas d’aller au débat avec les syndiqués et les salariés ?
Il faut susciter et encourager la confrontation des idées, la considérer comme un mode normal des relations entre organisations, faire de l’unité sur la base des revendications claires des salarié-e-s un bien commun. La recherche de l’unité des salarié-e-s et de leurs syndicats doit être permanente. C’est vital non seulement pour nous, mais aussi pour les salarié-e-s.
Pouvons-nous malgré des divergences d’appréciation qui ne disparaîtront pas du jour au lendemain, mener des démarches unitaires sur des revendications communes ? Cela est possible. Nous le constatons dans des entreprises ou des branches professionnelles.
Il est néanmoins indispensable d’éclaircir le débat avec les organisations syndicales qui ne sont pas dans une orientation de rupture mais d’aménagement avec les politiques économiques et sociales menées par les gouvernements et le patronat depuis des années. Le syndicalisme va dans les prochaines années connaître de profondes mutations suite à la mise en oeuvre de nouvelles règles de représentativité et de validation des accords. L’orientation de « syndicalisme rassemblé », orientation de la CGT depuis plus de quinze ans, se propose de faire échec à l’éclatement et à la division du syndicalisme en tentant de réunir des organisations syndicales très, trop différentes.
Elle n'a su ou n'a pu organiser une mobilisation large et durable, ni modifier en profondeur la division syndicale. Il faut lui en substituer une autre : celle de l'unité la plus large possible dans les entreprises, les branches, les territoires, pour et dans la lutte revendicative. L’histoire du syndicalisme français est pleine de divisions, synonymes d’affaiblissement. Il est peut-être temps de réfléchir à la réunification syndicale avec les confédérations qui partagent nos valeurs et nos combats.

Notre syndicalisme de classe…
Les gouvernements se suivent et se ressemblent. Chacun allant plus loin que le précédent dans la destruction des garanties collectives et des droits sociaux. Celui d’aujourd’hui façonne ses lois pour les patrons et les plus riches et mène une politique de régression sociale, basée sur la rigueur, l’austérité, la continuité dans la casse des services publics. Une telle politique nous fait perdre certains repères et parfois des raisonnements simplistes naissent dans les consciences.
La question du rapport de la CGT doit être abordée franchement. En réalité, les organisations de la Cgt font de la politique. Pas seulement parce qu’elles interpellent régulièrement les élus, pour faire connaître ses positions sur différents sujets comme les projets de loi ou les amener à soutenir les travailleurs en lutte et leurs propositions. Pas seulement parce qu’elles défendent les intérêts des fonctionnaires de l’Etat, des collectivités territoriales, de la santé, de l’enseignement…
Dans les entreprises, les arrondissements et localités, les départements et régions, les structures Cgt dans leur activité quotidienne aux côtés des salariés participent à la vie collective, à la vie en société. Lorsqu’elle défend l’emploi, les salaires, les conditions de travail, les droits des femmes, le droit à la santé, aux loisirs, au logement, aux transports, la Cgt intervient sur des terrains politiques. Ce n’est pas de la politique politicienne, mais c’est de la politique tout court, au sens le plus noble, celui de la vie de la cité, du pays, du monde.
La Cgt explique aux salariés le rôle néfaste, nuisible du Front National, de son programme antisocial et de son idéologie raciste. Elle est attentive à ce qu’un adhérent qui partagerait ses orientations ne puisse s’y maintenir. Car la vraie politique du FN, c’est la division des travailleurs, c’est le libéralisme et la fin des droits du travail, ainsi que la disparition des syndicats remplacés par des associations patrons –salariés par professions. Le FN, c’est un parti de secours pour le
patronat, lorsque ceux qui se sont succédé pour gérer ses intérêts depuis quarante ans seront en bout de course. En aucun cas le FN ne peut représenter une quelconque alternative politique pour représenter les intérêts du monde du travail.
Cette alternative est à construire.
La Cgt doit-elle y participer en ayant la vision, l’objectif, d’une société où les salariés
ne seraient plus exploités par des patrons tout en veillant ferment conformément à la Charte d’Amiens à ce qu’elle garde son indépendance et ne devienne la courroie de transmission d'un parti politique ?
Nous avons, dans notre pratique quotidienne d’organisation syndicale la connaissance, d’une part, des dégâts du système capitaliste et, d’autre part, des propositions alternatives à lui apporter. Tout au long de son histoire la Cgt a eu une perspective politique de dépassement
du système existant. Alors, disons les choses franchement, oui nous pensons que la Cgt doit proposer un projet de société. C’est la meilleure façon de n’être à la remorque de personne,
de rester nous même, une organisation syndicale de masse et de classe, en revendiquant
un projet de transformation sociale.
Personne ne peut mieux parler du monde du travail et défendre les intérêts des salariés que les salariés eux-mêmes.
La Cgt doit-elle continuer à débattre et à agir avec des personnalités politiques ou des partis partageant nos valeurs ? Oui, en menant toujours un large débat avec nos syndiqués, mais aussi et surtout avec les salariés.
Plus largement, nationalement et localement, la Cgt avec des associations, mène des initiatives sur des thèmes qui incluent ses valeurs, les travailleurs sans papiers, le droit au logement, la santé, la paix, la solidarité internationale, l’environnement… mais là, aussi, nous devons construire des convergences sur des revendications communes sans y perdre notre fonction d’organisation syndicale.
L’ampleur de la bataille valide encore une fois la volonté de la Cgt d’oeuvrer au rassemblement au-delà du mouvement syndical : il nous faut penser et consolider l’articulation avec le monde associatif, ce qui correspond aussi aux aspirations de nombreux salariés.
Le monde du travail que représente pour une part la Cgt doit participer aux mouvements
progressistes pour l’émancipation humaine.

Internationaliste…

Dans la démarche syndicale de la Cgt, l’internationalisme et la solidarité internationale sont fermement ancrés, ils font partie des éléments constitutifs de la Cgt. Localement et sur tout le territoire, nous pouvons faire la démonstration de nos capacités à combattre les politiques gouvernementales d’austérité imposées par l’Europe. Par nos actions en France, la Cgt pourra être entendue sur la scène syndicale européenne et mondiale.
Dans nos sections, syndicats, Uls, Ud, fédérations, nous devons débattre des questions du syndicalisme européen et mondial, même si cela peut paraître éloigné. Que doit être la place de la CGT à ce niveau ? Quel syndicalisme international voulons- nous ? Comment y parvenir ?
Que mettre derrière l’internationalisme et la solidarité internationale ? Quelle Europe voulons-nous ?
Pour beaucoup encore, la solidarité internationale se « cantonne » à un communiqué de presse suite à un événement significatif (répression syndicale, catastrophe naturelle, lutte armée…), un appel à la solidarité financière, mais qu’en est-il des coopérations internationales ? De système de jumelage, de parrainage ?
La mondialisation a avancé à grands pas et pose de nouveaux défis aux syndicalistes
de la Cgt, celui de l’action à développer pour répondre aux besoins des travailleurs aujourd’hui, de la solidarité entre les peuples et avec les populations déplacées, combattre pour un autre ordre mondial et contre l'Europe actuelle, marchande et financière.
Chaque syndicat national et le syndicalisme international dans son ensemble sont confrontés à des enjeux nouveaux qui viennent s’ajouter aux problématiques plus anciennes que le capitalisme triomphant porte toujours avec lui. C’est le cas des travailleurs migrants, du réchauffement climatique, de l’accès à l’eau potable, à l’éducation, qui rejoignent la lutte pour la paix et la sécurité, le combat contre la pauvreté. Sur l’ensemble de ces questions reconnaissons que nous ne sommes pas au niveau de l’adversaire.
Il faut repenser le fonctionnement du mouvement syndical européen et mondial, renforcer son efficacité. Nous devons construire un mouvement syndical inclusif et participatif, qui réponde aux problèmes des travailleurs. Ceci implique aussi de démocratiser et de décentraliser le fonctionnement du syndicalisme international en permettant à tous les secteurs professionnels et à tous les niveaux de représentation de s’exprimer dans le respect du pluralisme syndical.
Sur la scène internationale, nous devrions pouvoir nous appuyer sur la CSI (Confédération
syndicale internationale) dont la Cgt est membre fondateur depuis 2006. La CSI promeut et défend les droits et les intérêts des travailleurs/euses au travers de la coopération internationale entre les syndicats, de campagnes mondiales et d’actions militantes au sein des principales institutions internationales. La CSI adhère aux principes de la démocratie et de l’indépendance syndicale. Dans sa déclaration de fin des travaux du 3e congrès mondial de mai 2014, la CSI est déterminée à renforcer le pouvoir des travailleurs-euses pour façonner des sociétés et
des économies socialement équitables.
Mais il y a loin entre les déclarations généreuses et leur mise en oeuvre sur le terrain. Au niveau européen également, il faut construire un syndicalisme qui ne se contente pas d’espérer de tous ses voeux mais qui pèse réellement sur et contre les décisions ultra libérales.
Le 13e congrès de la CES s’est tenu du 29 septembre au 2 octobre 2015 à Paris sous le thème « Une société juste, des emplois de qualité et les droits des travailleurs ». La Cgt a participé activement au congrès par des motions ou des interventions, en amenant le débat sur la manière dont la CES doit évoluer pour peser réellement contre les politiques d’austérité imposées par les institutions européennes. Il est nécessaire de faire connaître dans toute la Cgt ce que formule et décide la CES pour en avoir une vision la plus juste possible, sans concessions, ni caricatures.
Pour cela, il est important de lire les orientations et résolutions adoptées à ce 13e Congrès de la CES pour mesurer les axes offensifs. C’est en particulier le cas sur le contenu de la notion « emplois de qualité », de lutte contre le dumping social, du besoin d’augmenter partout les salaires, de conforter et développer les services publics….
Le congrès de la CES a réaffirmé le besoin d’une CES plus revendicative, plus combative.
La réalisation de ces évolutions dépendra de la forte implication des militants Cgt au sein de toutes les structures interprofessionnelles et professionnelles.

L’Organisation Internationale du Travail a été mise en place après la Seconde
guerre mondiale, dans un élan de défense et de protection du monde du travail.
Il est écrit dans la constitution de l’OIT « qu’une paix juste et durable ne peut être
fondée que sur la base de la justice sociale ». L’OIT, depuis 2009 plus particulièrement, est la cible d’attaques très violentes du patronat principalement sur le droit de grève. Il y a nécessité pour la Cgt et le syndicalisme mondial de défendre cette institution qui définit des normes sociales mondiales.

Démocratique.
Les crises successives dans les fédérations, au même titre que les récentes connues à la confédération, sont avant tout le résultat d’un déficit démocratique. Des syndicats, des unions syndicales ou des structures territoriales ne sont pas toujours irréprochables de ce point de vue. C'est dans toute la Cgt que doivent être mis en oeuvre les textes qui organisent notre vie démocatique.
Trop peu de syndiqués sont impliqués dans les débats à propos des évolutions nécessaires de la Cgt, de sa stratégie, de son fonctionnement. De nombreuses crises internes et autres contentieux sont laissés en l’état par manque de vrais débats et de prises de décisions de direction.
Aucun bilan n’a été fait concernant les résolutions sur nos modes de structuration pris à l’occasion du 49e congrès. Pourtant si nous ne nous structurons pas en fonction de nos besoins, des enjeux sur les territoires en y consacrant les moyens nécessaires, il sera difficile de contrer les stratégies patronales dans des entreprises avec leurs périmètres nationaux, et mondiaux. Parviendrons-nous un jour à nous parler ? A nous coordonner ? A mettre au point une stratégie cohérente ?
Les récents événements que nous avons traversés ont montré que même au plus haut niveau de notre organisation nous avons eu du mal à débattre de nos désaccords de manière sereine et respectueuse. Pourtant, le débat franc et fraternel, n’est-ce pas la base d’une pratique syndicale démocratique ?
Cette conception est-elle vraiment mise en place partout, à tous les niveaux de la Cgt, du syndicat à la confédération ? Que se passe-t-il si ce n'est pas le cas ? L'adhérent-e a-t-il des moyens de recours si on lui « confisque » son pouvoir de décision ? Ne devons-nous pas réfléchir à garantir véritablement la démocratie au sein de notre organisation ?
Devons-nous, pour assurer le respect de la démocratie, à tous les niveaux de la Cgt, mettre en place des règles de fonctionnement, des mesures spécifiques, garantissant la libre expression de l’adhérent-e et ses droits au contrôle, au recours?
Pour élire la direction confédérale, il est indispensable de redéfinir quelques règles et principes. Certains camarades proposent de retenir une limitation de l’exercice des mandats de premier dirigeant à trois mandats. La question est posée. Il doit être également rappelé cette évidence que c’est bien la direction élue par le congrès qui doit diriger la confédération et non les conseillers confédéraux.
La Cgt doit remettre en place une commission de promotion des cadres syndicaux confédéraux pour promouvoir à sa direction des camarades issus de toutes catégories et de toutes origines et notamment de celles qui, dans cette société, sont les plus exploitées. Il semble normal que, dans le respect de la mixité, chaque catégorie, chaque classe sociale soit représentée à la CEC dans les proportions de ce qu’elle représente dans le salariat. La CE confédérale souffre notamment d’un manque d’ouvriers.
La question de l’institutionnalisation des pratiques syndicales se pose depuis trop longtemps sans être tranchée. Elle est relancée notamment en ce moment avec la constitution des Comités Economiques et Sociaux Régionaux. Que va faire la Cgt dans ces instances ?
Cette question est évidemment valable pour d’autres institutions, qui prennent beaucoup de temps et donc de moyens syndicaux, sans faire avancer d’un iota les intérêts des salariés.
Echanger ensemble pour améliorer et faire vivre la démocratie syndicale en notre sein pour que la CGT soit toujours mieux en phase avec les revendications des salariés. Voilà le défi que nous devons relever aujourd’hui !

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3 janvier 2016 7 03 /01 /janvier /2016 18:19

Nous publions ici des extraits d'un article du Figaro (22 décembre 2015 par Cécile Crouzelle) qui résume les enjeux du 51° Congrès. Quand le journal de la bourgeoisie donne un conseil, il n'est pas compliqué de comprendre qu'il faut faire l'inverse... :

"Cette ligne dure s'est manifestée également par le boycott de la conférence sociale de l'automne organisée par François Hollande, en protestation contre les gardes à vue de salariés
d'Air France. Et enfin par la condamnation de l'état d'urgence."

"Toute la question est de savoir si Philippe Martinez adopte cette ligne très contestataire uniquement en vue du congrès, afin de rassembler son organisation sur de plus petits dénominateurs communs, quitte à prendre davantage de risques en relançant des
projets une fois l'échéance passée ; ou si cette opposition peu constructive est une stratégie durable."

"Mais le fait que, depuis son arrivée à la tête du syndicat, au niveau local, des dirigeants les plus à gauche aient été désignés, semble indiquer un durcissement de long terme."

"Cette voie du durcissement serait à coup sûr désastreuse pour la CGT, alors que les salariés français sont plus ouverts aux réformes, comme en témoignent les accords de compétitivité
signés dans l'automobile et surtout la progression des votes pour les syndicats réformistes, CFDT en tête."

"Reste que cet affaiblissement du plus ancien syndicat français ne serait pas une bonne nouvelle pour le climat social. Car la CGT est une organisation fiable, capable de canaliser les
mécontentements."

"Sans son appui, le risque est de voir se multiplier les mouvements anarchiques."

No comment !!!

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11 novembre 2015 3 11 /11 /novembre /2015 12:42

Dans la lutte des classes Michel Noblecourt (journaliste au Monde) est un ami du camp patronal. Néanmoins certains de ses articles ont le mérite d'être "bien informés". C'est pourquoi nous publions ici des extraits de son dernier article issu de son blog :

Toujours en butte à l'hostilité ou aux réticences de plusieurs fédérations, Philippe Martinez, dont la gouvernance est jugée en interne autoritaire, peine encore à s'imposer. La décision de ne pas participer à la conférence sociale du 19 octobre a été entérinée au dernier moment par la commission exécutive - qui, avant les incidents à Air France, s'était prononcée en faveur de la présence - à une seule voix de majorité. Et des révolutions de palais viennent de se produire dans deux des plus grosses UD, "les préfètes", de la CGT. Fin octobre, le secrétaire général de l'UD des Boûches-du-Rhône, réputée pour être sur une ligne dure, Thierry Pettavino, a été démis de ses fonctions par sa commission exécutive. Certains contestataires reprochaient au patron de l'UD 13, celle qui va héberger le congrès confédéral en avril, d'être "trop proche de la confédération". D'autres jugeaient Thierry Pettavino, membre de la CE confédérale, "trop mou". Un collectif transitoire a été mis en place pour diriger l'UD, en attendant l'élection d'un nouveau secrétaire général. D'aucuns craignent que le (ou la) prochain(e) titulaire appartienne à la mouvance trotskiste lambertiste qui s'est déjà emparée de l'UD de Seine-Maritime.

Une autre changement est en train de se produire dans l'UD du Nord. Son secrétaire général, Vincent Delebarre, n'a pas démissionné mais il a annoncé qu'il ne se représenterait pas pour un nouveau mandat. C'est la conséquence du vote pour l'élection de Philippe Martinez. Vincent Delebarre était mandaté pour voter contre et il avait voté pour. La fédération de la santé avait elle aussi pas respecté son mandat - votant pour au lieu de contre - et dans les deux cas la sanction est la même, un changement de secrétaire général. Là aussi, un collectif transitoire a été mis en place mais c'est, à l'évidence, un nouveau coup dur pour le dirigeant de la CGT.

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16 octobre 2015 5 16 /10 /octobre /2015 23:20

Nous publions ici la déclaration du secrétaire général de la Filpac au dernier CCN. La critique est forte et pertinente aussi bien du fond (positions confédérales contestables) que de la forme (absence de démocratie sur les mandats des négociateurs) :

Déclaration de Marc Peyrade, secrétaire général de la Filpac Cgt, au CCN du 24 septembre 2015
Le CCN du 24 septembre 2015, instance statutaire de la CGT, doit mettre un terme
à la pratique de délégations confédérales agissant sans mandat des organisations de la CGT, alors qu’elles les impliquent dans des négociations, des commissions, des échanges par des prises de position publiques, souvent contradictoires avec les statuts, les orientations de la CGT adoptées en congrès et celles de chacune de ses organisations confédérées.

S’agissant du rapport Mettling intitulé « le numérique et la vie au travail », confectionné pour justifier la future loi Macron 2 annoncée par le gouvernement, une déclaration publiée sur le site confédéral applaudit à ce texte qui désarme nombre de fédérations et d’UD et qui vise l’existence dans les 5 ans à venir d’au bas mot 3 millions d’emplois dans toutes les filières professionnelles.
Aucun mandat à notre connaissance n’a été délivré par le CCN ni pour l’approuver publiquement ni même pour en fournir une estimation publique. Faute de ce mandat impératif, les organisations de la CGT n’ont d’autre recours que de constater a posteriori qu’elles sont impliquées dans l’approbation publique d’un rapport centré sur le remplacement du salariat par d’autres formes contournant le contrat, le lieu, le temps et la mesure de la charge de travail.


S’agissant de la loi Rebsamen, pendant le cours des débats du projet impliquant une délégation CGT, la création d’une commission régionale patronat-syndicats en lieu et place du droit syndical dans les entreprises de moins de 11 salariés a été présentée comme un acquis et soutenue publiquement sans que nul mandat explicite du CCN ne soit émis.

S’agissant du rapport Combrexelle, une délégation engage l’existence de la notion
même de conventions collectives sous le prétexte en usage par le gouvernement
de simplifier le droit social. Si bien que des conventions collectives, celles de
notre champ de compétence en particulier, sont déclarées obsolètes dans
l’ignorance parfaite des adhérents concernés et de leur organisation syndicale.
Cela est d’autant préjudiciable que ce rapport Combrexelle prend position pour un
syndicalisme rompant avec le conflit et appelant à la collaboration permanente
avec la direction patronale.


Le CCN n’a pas été dissout, il n’est pas une instance négligeable et contournable à
l’envi, d’autant qu’il est le seul à représenter les FD et les UD. Et pourtant, il l’est.
Comme si la vaste offensive contre le droit social en cours ne méritait ni débat, ni
mandat, ni combat. Le trouble suscité par cette manière de faire porte atteinte gravement à la
crédibilité de notre confédération, au caractère souverain de son congrès et aux
fonctions du CCN.


La loi Macron est passée sans coup férir, alors qu’elle neutralise le Code du travail
par le ravalement des conflits du Travail au rang de simples conflits passibles du
Code civil. Cette défaite répand le trouble dans nos organisations, où de multiples
interrogations s’expriment, interrogeant la raison réelle et sérieuse au nom de
laquelle le Code du travail n’a pas été défendu.


C’est pourquoi nous demandons que le mandat impératif des délégations confédérales CGT, délivré par le CCN sur les sujets de fond évoqués et à venir, soit rétabli et respecté au plus vite.

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16 octobre 2015 5 16 /10 /octobre /2015 09:14

C'est par un vote à une seule voix de majorité et dans une Commission Exécutive Confédérale réduite à 35 présents que la décision de boycotter la conférence sociale d'Hollande a été prise, à rebours de la décision de la CE début octobre.

Nous nous réjouissons bien sûr de cette inflexion défendue par Martinez. Non seulement parce qu'elle est juste et qu'elle correspond à la demande exprimée par de nombreuses structures. Mais aussi parce qu'elle marque une défaite politique pour l'aile "droite" de la direction confédérale qui voulait absolument aller se coucher aux pieds du président de la République.

Il semble que Martinez choisi d'aller chercher sa confirmation au 51° Congrès sur la base d'une CGT plus combative. Tant mieux. Le congrès devra être l'occasion de confirmer cette réorientation stratégique et aussi d'élire une direction collective qui maintienne une orientation lutte de classe au delà des discours et des résolutions.

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18 septembre 2015 5 18 /09 /septembre /2015 11:41

La "contribution" de la confédération rédigée pour le rapport Mettling vient d'être mise en circulation dans la CGT. Une semaine après la parution du rapport Mettling (!), rapport commandé par le gouvernement et que nous commenterons très prochainement. Mettling complète les propositions Combrexelle en s'appuyant sur la "révolution numérique" et propose d'étendre le modèle du travailleur indépendant. La note de la CGT reprend les éléments habituels du nouveau statut du travail salarié (NSTS), bric à brac dont certaines notions sont intéressantes mais totalement déconnectées du rapport des forces pour les imposer. Mais le pire c'est que ces propositions sont placées sous l'angle de l'accompagnement de la précarité :

  1. Il est rare qu'une personne ait envie de faire le même travail pendant 40 ans avec le même engagement, il est donc essentiel de pouvoir en changer régulièrement.

Loin de nous l'idée de refuser au salarié de pouvoir changer d'entreprise ou de profession. Mais nous savons que si les salariés sont contraints de changer c'est le plus souvent pour cause de statu précaire ou de licenciement. Et pas par fantaisie ! Ce qui serait "essentiel" pour la grande majorité des salariés c'est de garder son travail...

Il est du reste pas inutile de rappeler aux plus jeunes que les fumeuses élaborations autour de la Sécurité Sociale Professionnelle ont été inventées pour contrer la revendication de l'interdiction des licenciements qui prenait de l'ampleur depuis la seconde moitié des années 90.

Syndicalisme d'accompagnement ou de lutte : encore un débat pour le 51° congrès !

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9 septembre 2015 3 09 /09 /septembre /2015 00:04

Nous publions ci-joint la contribution de l'UD de Seine Maritime. Nous avons soulignés en gras les passages qui nous semblaient les plus pertinents : Migrants, CES, mouvement social de grève prolongée... Plus discutable le bilan tiré des journées de mobilisation appelées par le Front de Gauche qui n'étaient pas plus dans la durée que les journées inter-syndicales isolées...

Contribution en vue du 51ème congrès confédéral
Note introductive :
Dans le cadre des décisions du CCN, l’Union Départementale CGT de Seine Maritime a
commencé l’organisation des visites de syndicats en vue de la préparation de notre 51ème congrès confédéral.
Lors de la Commission Exécutive de l’UD CGT de Seine Maritime du 01 juin 2015, il a été acté la
mise en place d’un groupe de travail en vue de préparer une contribution de l’UD CGT 76
permettant d’être un support à la discussion lors des visites de syndicats.
La présente contribution, basée sur le texte d’orientation votée au congrès de l’UD d’avril 2015 a
été adoptée après débat à la commission exécutive du 7 septembre 2015.

1. Face aux attaques du patronat et du gouvernement
1.1 Le Contexte général
La CGT au niveau national et en Seine-Maritime, est la première organisation syndicale par l'influence qu'elle a auprès des salarié(e)s et par sa participation aux luttes sociales. Cela lui confère des responsabilités particulières comme syndicat de lutte de classe et de masse dont les salarié(e)s ont tant besoin aujourd'hui pour construire des rapports de force plus favorables au monde du travail.
La crise systémique du capitalisme bouleverse la vie de millions de personnes dans le monde, exacerbe les oppositions de classes, modifie les équilibres territoriaux et géopolitiques. Le capital financier prend le pas sur l'investissement productif. Dérégulation, déréglementation, financiarisation de l'économie, décisions des gouvernements de limiter les moyens d'intervention des états au profit des multinationales marquent cette période. Ce mouvement général répond à un seul objectif : accroître la rémunération du capital au détriment de celle du travail.
La responsabilité du président Hollande et de ses gouvernements successifs (PS, EELV, puis PS et PRG) dans la dégradation des conditions de vie et de travail de l’ensemble des salariés, des privés d’emploi et des retraités est totale. La politique pratiquée depuis 2012 n’a pas seulement été dans la continuité de celle de la droite, elle l’a aggravée sur bien des plans (de l’ANI aux lois Macron et Rebsamen) en soumission totale aux exigences du patronat, de la finance au détriment des acquis sociaux.
On assiste à la mise en concurrence des salarié(e)s, les restructurations et délocalisations entraînant l'explosion du chômage. Pour cela, la loi dite « sécurisation de l’emploi » de juin 2013, constitue un élément supplémentaire de la casse des protections des salarié(e)s.
La multiplication des emplois précaires, des CDD, des temps partiels, des auto-entrepreneurs contribue à masquer la réalité du chômage et rend plus difficile la syndicalisation.
Les services publics sont soumis aux politiques de rigueur voulues et mises en oeuvre par le patronat, les gouvernements nationaux et la troïka (Fonds Monétaire International, Banque Centrale Européenne et Commission européenne). Cela se traduit par une aggravation des conditions de travail, l’intensification du travail, et de nouveaux cadeaux aux entreprises par de nouvelles aides publiques.
Le budget 2015 et la loi de financement de la sécurité sociale confirment les choix du gouvernement d’une politique d’austérité à travers notamment le Pacte de responsabilité qui se traduit par 50 milliards d’euros de cadeaux au patronat. Certaines organisations syndicales, dont la CFDT, soutiennent le pacte alors que nous nous battons pour son retrait.
La défense de la Sécurité Sociale, au vu de toutes les attaques dont elle fait l'objet, reste une priorité pour la CGT. Nous défendons le principe d’une sécurité sociale financée par les cotisations devant permettre une couverture de l’ensemble des aléas de l’existence en garantissant des droits identiques pour tous, tout au long de la vie. Au-delà de la reconquête à mener pour revenir aux idéaux du Conseil National de la
Résistance, la Cgt doit combattre le désengagement actuel de la Sécurité Sociale concernant des pans entiers de la santé avec un reste à charge reposant uniquement sur les assurés sociaux.
La pension de retraite est un élément du salaire socialisé, directement conditionné au montant de celui-ci. La pension de retraite et de réversion doit répondre aux besoins de celui ou celle qui a quitté la vie active. Elle doit représenter au moins 75% du salaire et à minima 1700 €.
Les régimes spéciaux, vecteurs historiques de droits nouveaux pour l’ensemble des systèmes de retraites doivent être pérennisés. Cette exigence doit également être mise en avant pour la défense des régimes complémentaires AGIRC-ARRCO, la fusion de ces deux régimes conduirait notamment à une réduction importante des droits acquis.
Face à la crise et à la politique sécuritaire des gouvernements qui nourrissent la montée du racisme, de la
xénophobie et qui opposent les peuples entre eux, la CGT doit porter des propositions de changement de société, pour un vrai partage des richesses, pour la libre circulation des travailleurs(euses) et des peuples et s’opposer aux thèses de l’extrême droite.
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Contexte européen :
Il est de plus en plus fréquent que des salarié(e)s et donc des militant(e)s soient confrontés à des choix, des décisions, des négociations qui ont pour point de départ une directive européenne ou un accord européen (Traité de Maastricht, Traité de Lisbonne, Traité transatlantique…).
Notre CGT doit donc se donner les moyens de mieux promouvoir et de s’investir dans les luttes à l’échelle européenne. Pour cela, la CGT doit aider à faire percevoir partout où se situent les responsabilités tant patronales que gouvernementales, des politiques européennes mises en oeuvre. C’est indispensable si nous voulons continuer à tisser des liens de solidarité entre les salarié(e)s, quelles que soient leur origine et leur nationalité, en France et dans toute l’Europe.
En effet, dans de nombreux pays d’Europe, les travailleurs(euses) mettent en accusation les politiques d’austérité imposées par la commission de Bruxelles. Pour contribuer à la construction du rapport de force nécessaire, la CGT a besoin d’un nouveau positionnement dans le syndicalisme européen et mondial. On ne peut plus ignorer que la Confédération Européenne des Syndicats (CES) se conduit trop souvent comme un instrument d’accompagnement des politiques de l’Union Européenne. « Combattre le dumping social » est un objectif important mais il ne peut constituer à lui seul notre activité au sein du syndicalisme international. On ne peut pas s’empêcher de s’interroger sur la passivité de la CES face à la crise grecque.
La CGT doit favoriser le développement et la coordination des luttes au niveau européen à partir des secteurs professionnels en lutte ou ceux qui sont menacés par une décision européenne. La CGT doit militer pour le retrait du traité transatlantique (TAFTA
).
1.2 De nouvelles attaques en 2015
Des lois néfastes menacent particulièrement l’ensemble des salarié(e)s. La lutte pour leur abrogation pure et simple doit constituer un objectif prioritaire. La loi dite « MACRON » de régression sociale absolue, dictée point par point par le MEDEF se traduit par un recul sans
précédent du droit du travail.
En plein mois de juillet, le gouvernement a fait adopter la loi REBSAMEN dite de dialogue social. Cette loi a pour conséquence une baisse drastique du nombre de représentants du personnel
dans les entreprises de moins de 300 salarié(e)s via la mise en place de la délégation unique du personnel et tend vers la disparition des CHSCT en tant qu’organe spécifique visant à protéger la santé physique et mentale des travailleurs(euses). Cette loi vise à s’opposer à l’existence d’un syndicalisme de masse reposant sur des équipes militantes tout en valorisant un syndicalisme d’accompagnement reposant sur des « syndicalistes » cumulant les mandats, tournés d’abord vers la signature d’accords avec l’employeur.
Force est de constater que le positionnement de notre confédération, qui soulignait dans ces communiqués les soit-disant « aspects positifs » du projet de loi, n’a pas aidé à construire la mobilisation nécessaire.
La mise en place des commissions paritaires régionales pour les entreprises de moins de 11 salarié(e)s, ne constitue pas une avancée pour les travailleurs(euses) mais une mesure en trompe l’oeil. Avec 5 heures de délégation par mois, soit 6 secondes par an et par salarié(e), les membres salariés de cette commission ne pourront pas exercer correctement leurs mandats.
Dans cette situation, notre confédération CGT doit revendiquer :
L’abrogation des lois Macron et Rebsamen.
Le retour à des élections, tous les 2 ans, distinctes pour le CE et les DP, ainsi qu’une extension de leurs prérogatives notamment en termes de droit de véto.
 L’abrogation de la loi dite de sécurisation de l’emploi de 2013 faisant suite à l’ANI.
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Il en va de même de la nouvelle réforme territoriale. Les métropoles, en lien avec l’acte III de la
décentralisation et la MAP (nouveau nom de la RGPP devenue Modernisation de l’Action Publique), impacteront les missions des services publics et accentueront la casse des statuts des agents à qui on imposera la mutualisation et la mobilité. La fusion des Régions au 1er janvier 2016, ainsi que celle de nombreuses entités administratives correspondantes, vont se faire dans un contexte de suppression de postes.
Sur ce point, notre confédération CGT doit revendiquer :
 Le retrait du pacte de responsabilité.
 L’abrogation des lois de décentralisation et le retour des missions externalisées ainsi que du personnel.
 Le maintien de tous les postes, ainsi que des embauches massives pour les services publics
correspondant aux besoins de la population.
2. Pour une CGT qui résiste, qui propose et qui gagne.
2.1 Notre démarche revendicative
Face aux attaques visant la destruction d’acquis essentiels, il est indispensable de construire la riposte interprofessionnelle, le « Tous Ensemble » d’un mouvement social de grève prolongée à l’échelle de tout le pays qui seul peut inverser le rapport de force nécessaire pour les salarié(e)s.
Ce « Tous Ensemble » ne se décrète pas et il se construit d’abord bien sûr à l’entreprise en proximité avec les salarié(e)s grâce à l’action quotidienne de son Syndicat CGT ou de son Union locale. Il doit être affiché comme étant le projet de toute la CGT. Il doit être mis en oeuvre par les UL et coordonné par les UD et les Fédérations, mais il doit tout autant être impulsé par la Confédération qui doit jouer tout son rôle pour le proposer et tout faire pour en assurer la réussite. Il ne peut donc pas se résumer à une succession de journées d’action isolées sans lendemain, sans plan de lutte, sans revendications précises.
Pour réussir à donner un coup d’arrêt, à cette politique au service du patronat, et aux licenciements, ce mouvement social de grève prolongé doit se construire avec un véritable plan d’action nécessaire pour donner confiance dans la lutte à la majorité des salarié(e)s, des privés d’emploi et des jeunes qui en ont ras-le-bol de la situation mais sont très peu organisés.
La journée de grève et de manifestations du 9 avril 2015 a démontré que des forces militantes étaient disponibles pour la construction d’une mobilisation d’ampleur contre les projets du gouvernement et du patronat. Hélas, la direction de notre confédération a décidé de ne pas donner une suite rapide en excluant même la mobilisation du 1er mai comme un prolongement sur le même contenu revendicatif. Dans notre département, la combativité a de nouveau été au rendez-vous à l’occasion de la manifestation unitaire du 25 juin qui a réuni près de 3000 manifestant(e)s à Rouen à l’occasion du congrès de l’Association des Régions de France.
En cette rentrée de septembre 2015, nous avons à coeur de réussir la mobilisation du 8 octobre à l’appel de la CGT, de la FSU et de Solidaires. Cependant, nous ne pouvons que regretter que cette journée apparaisse comme une journée d’action sans lendemain alors que la CGT devrait d’ores et déjà envisager l’organisation d’une manifestation nationale à l’occasion du boycott de la conférence sociale des 19 et 20 octobre. Cela pourrait permettre de travailler la construction d’un mouvement social prolongé afin de bloquer l’économie du pays jusqu’à satisfaction de nos revendications.
Cette construction du « Tous Ensemble » passe aussi par la recherche de l’unité syndicale et de l’unité d’action, chaque fois que possible, avec tous(tes) ceux qui partagent nos objectifs revendicatifs et nos formes de luttes.
La confédération doit être à l’initiative et prendre toute sa place dans la construction de collectifs de mobilisation plus large, avec notamment des partis politiques et des associations, sur la base de nos orientations, à l’exemple de ce qui a été fait autour du collectif contre l’austérité (manifestations du 12 avril et du 15 novembre 2014). Ces initiatives visant à renforcer le rapport de force sur le terrain de classe, et en assurant l’expression indépendante de la CGT, doivent faire l’objet de discussions et de votes de la CEC et du CCN.
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Le rapport de force, pour être favorable aux salarié(e)s, a besoin d’être travaillé de manière
interprofessionnelle. Ces dernières années, les victoires les plus marquantes dans les entreprises ont été remportées suite à des arrêts de production.
C’est bien pour cette raison que les responsables politiques et le patronat ne cessent de s’attaquer au droit de grève, aux libertés individuelles, aux instances représentatives du personnel et aux droits syndicaux et plus généralement au droit du travail.
La colère contre le système et tous ses représentants est profonde. Elle peut être récupérée sur le plan politique par les forces réactionnaires profondément hostiles au mouvement ouvrier, mais elle peut aussi se traduire par des mouvements sociaux de grande ampleur que la CGT doit impulser.
C’est pour cela qu’il est nécessaire d’affirmer clairement la nécessité d’un syndicalisme de lutte de classe partant des besoins du salariat, d’un syndicalisme indépendant et refusant toute neutralité face aux enjeuxde société menaçant notre classe sociale. Un syndicalisme attaché à la défense des salariés, conscientdes intérêts incompatibles, opposant le capital au travail.
La CGT doit oeuvrer à la convergence des luttes notamment sur les questions d’emploi et de salaire autour de revendications unifiantes comme :
L’interdiction des licenciements et des fermetures de sites.
 L’augmentation générale et immédiate des salaires, pensions et des minimas sociaux de 300€ ainsi
que le smic dans la même proportion soit à 1700 €.
 La défense du système de retraite par répartition et l'abrogation de toutes les mesures antisociales
s'attaquant aux droits des travailleurs depuis les lois Balladur de 1993.
 Réduction du temps de travail à 32h hebdomadaires, sans perte de salaire, avec embauches
correspondantes.
 L’adoption de mesures contraignantes pour l’application de l’égalité professionnelle homme / femme.
2.2 La défense des services publics, c’est l’affaire de TOUS.
Trop souvent, il est considéré que les luttes pour la défense de l’hôpital public, de l’Education Nationale ou du transport ferroviaire sont de la seule responsabilité des syndicats de ces secteurs. Le service public est un bien commun que nous devons défendre « Tous Ensemble ».
Dans les secteurs de l’action sociale, de la santé publique, du ferroviaire, de l’énergie, mais aussi dans l’Education Nationale, les services déconcentrés de l’Etat et les collectivités locales, les mêmes mécanismes sont partout à l’oeuvre : sous couvert de contraintes budgétaires et du bon usage de l’argent public, les décideurs politiques mènent fusions et concentrations des services. Elles aboutissent toutes à l’augmentation des tarifs, aux inégalités de traitement, à la fermeture de services et à la suppression de postes avec le risque pur et simple de la fin du service public. Pour garantir à chaque habitant(e) ses droits fondamentaux (logement, eau, électricité, chauffage, santé, éducation, transport…), la CGT doit militer pour l’unité des salarié(e)s sur des revendications précises :
La socialisation sous contrôle des travailleurs(euses), sans rachat ni indemnités, des entreprises privées exerçant des missions de service public (hôpitaux privés, autoroute, infrastructures de transport, enseignement privé, télécommunication, énergie…).
 La création des postes statutaires à la hauteur des besoins et la titularisation des précaires.
 Le retrait de la réforme territoriale et de la loi NOTRe avec la fusion des Régions.
 Le refus de la loi Santé (Touraine) qui organise à marche forcée la mutualisation et fusion des
hôpitaux.
 L’abrogation de la loi sur la transition énergétique.
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2.3 Nos responsabilités syndicales
Pour la CGT, la revalorisation du travail et une autre répartition des richesses créées au profit des travailleurs et travailleuses sont indispensables pour sortir de la crise. Nous devons donc continuer à initier et développer des luttes à partir de nos valeurs et des revendications des salarié(e)s. Nous pourrons le faire avec un syndicalisme utile, qui lutte, qui propose, négocie et gagne.
Face au patronat et au gouvernement, nous avons besoin de faire bloc, de mobiliser les travailleurs(euses) avec ou sans emploi, les retraité(e)s et de chercher l’unité avec tous ceux qui partagent nos objectifs de lutte.
Mais le « syndicalisme rassemblé » s’oppose à cela et se dresse contre l’unité. Le « syndicalisme rassemblé » paralyse l’action de classe, c’est l’accord recherché avec la CFDT qui est régulièrement sur des positions patronales et gouvernementales (Retraites, ANI, destruction des Prud’hommes, Pacte de responsabilité incluant le gel des salaires). Ce « syndicalisme rassemblé » acceptant le rôle de régulateur social, n’a pour finalité que l’accompagnement des reculs sociaux, désarme le monde du travail et ne sert que le patronat.
La signature par la CGT, en juin dernier, sans décision préalable du CCN, du texte commun intitulé « Après le 11 JANVIER 2015 : VIVRE ENSEMBLE, TRAVAILLER ENSEMBLE… » avec notamment la CFDT et l’UNSA, interroge de nombreux camarades de nos organisations sur ce texte qui semble être un « programme commun » très éloigné de notre plateforme revendicative
. Sans tourner le dos à l’idée d’une
intersyndicale large sur ce sujet, l’absence de revendications essentielles comme la régularisation des travailleurs(euses) sans papiers, l’abrogation des lois s’attaquant au droit des travailleurs(euses) ainsi que la condamnation de la politique d’austérité gouvernementale amène à croire qu’il existe des orientations fondamentales communes entre la CGT et la CFDT alors qu’en pratique, nos organisations s’éloignent de plus en plus entre un syndicalisme réformiste accompagnant l’ensemble des réformes régressives et un syndicalisme de lutte et de transformation sociale.
Pour redonner confiance dans les luttes, pour donner une perspective à la profonde colère sociale qui reste encore étouffée, notre syndicalisme doit clairement apparaître à tous les niveaux comme un syndicalisme révolutionnaire offensif, alliant contestations et propositions. Notre participation à toutes les instances de représentation doit être offensive et doit s’appuyer sur les luttes plutôt que sur les discours. Nous ne devons cautionner aucune manoeuvre de fausse concertation, comme les « conférences sociales » qui ne visent qu’à enrober de « dialogue social » des mesures déjà décidées par nos adversaires.
Le rôle de la CGT est de tout mettre en oeuvre pour permettre aux salarié(e)s, privé(e)s d’emploi et retraité(e)s de faire aboutir leurs revendications par des luttes convergentes, à partir des propositions CGT, de défendre leurs intérêts immédiats et de participer à la transformation de la société. Cela passe par l’affrontement capital / travail et par l’impulsion, la construction et l’organisation d'un grand « Tous Ensemble » capable de renverser le rapport de force en faveur des intérêts des salarié(e)s.
L’objectif de la CGT doit être le développement d’un syndicalisme d’adhérent(e)s, de masse, reposant sur le déploiement de la syndicalisation, d’une vie syndicale active et démocratique permettant à chaque syndiqué(e) d’être pleinement impliqué(e) dans l’organisation et les décisions.
La faiblesse de la syndicalisation est un handicap pour permettre de progresser socialement et d’avoir le rapport de force. Chaque militant(e), voire chaque syndiqué(e) doit avoir comme première préoccupation le renforcement de la CGT.
3. Quelle CGT après le 51ème congrès ?
La situation de crise qui frappe le monde du travail nécessite de construire des luttes convergentes interprofessionnelles de nature à imposer nos revendications. Renforcer notre CGT, implique de mieux travailler ensemble.
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Crise du monde du travail, crise du syndicalisme au niveau européen mais
aussi crise de l’appareil de notre confédération à son plus haut niveau. Derrière les réels problèmes d’opacité, de dérives dans la gestion financière et de
conflits de pouvoirs, se cachent d’autres problèmes au moins aussi graves, concernant l’orientation de notre confédération. L’adoption de mesures technico-financières ainsi que le
renouvellement complet du Bureau Confédéral, ne sont pas des mesures suffisantes pour résoudre la crise qui trouve ses racines profondes dans l’expression de plus en plus fortes
des divergences d’orientation entre une ligne que certains qualifient de « réformiste » et celle plus de « luttes de classe ».
Sortir de cette crise impose que l’ensemble des syndicats soient réellement décideurs de l’orientation qui doit être celle de la CGT. Le 51ème congrès doit être l’occasion d’unifier toute la CGT autour de ses valeurs originelles résolument lutte de classe.
3.1 Rôle de la CEC et du CCN
Le rôle de la confédération est d’appuyer et de coordonner les actions des UD et des Fédérations. Elle impulse l’activité interprofessionnelle de la CGT au niveau national. Toutes les responsabilités, toutes les candidatures, tous les mandats nationaux, doivent être validés préalablement par la commission exécutive confédérale.
A l’heure où l’humeur des salarié(e)s, des privé(e)s d’emploi est à la défiance de tout ce qui représente des formes de pouvoir par l’argent, où les UD, les UL connaissent des difficultés budgétaires dues aux désengagements des collectivités, à la baisse de la syndicalisation, les cotisations qui représentent l’engagement des syndiqué(e)s, les subventions publiques financées par les contribuables doivent faire l’objet d’une dépense transparente et judicieuse.
Plus que jamais après les épisodes de l’an passé, il faut que les militant(e)s puissent fièrement justifiés de l’utilisation des fonds de la CGT auprès des adhérent(e)s. Cela doit même être un argument dans la démarche de syndicalisation.
Pour ce faire, les Commissions Financières de Contrôle (CFC) ne peuvent pas être de simples instruments de contrôle de la comptabilité a posteriori. Elles doivent être le lieu où se vérifie, en amont, la cohérence des budgets ainsi que l’instance qui autorise les dépenses proposées.
3.2 Renforcer les UL, une priorité
Les UL sont une nécessité incontournable pour l’activité interprofessionnelle de toute la CGT. Chaque jour, que l’on soit salarié(e), sans emploi, retraité(e), jeune, cadre, technicien(ienne), ouvrier(ère), travailleur(euses) sans papier…quand on a un problème c’est, en règle générale, à la porte des UL CGT que l’on vient frapper.
De plus, les UL aident à la création de nouvelles bases, travaillent à l’élaboration des revendications et sont un élément déterminant dans les luttes. La place des UL est essentielle, car au plus près pour donner aux syndicats, aux syndiqué(e)s et aux salarié(e)s, les moyens d’agir efficacement. L’activité syndicale des UL exige des moyens immédiats humains et financiers pour informer largement, valoriser les succès, structurer les organisations durablement en dispensant les formations syndicales nécessaires. De ce point de vue, les UL sont au coeur des problèmes quotidiens. Elles sont bien « l’organisation de terrain », incontournable pour l’activité de la CGT. La confédération CGT en lien avec les UD et les Fédérations doit travailler à trouver les moyens nécessaires, tant sur les plans des locaux que des moyens en temps militant afin que chaque UL puisse être ouverte tous les jours.
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3.3 Liens avec toutes les structures CGT.
La Confédération ne peut se substituer aux décisions qui sont prises démocratiquement dans les congrès et CE des UD, UL, Fédérations ou syndicats. La nécessité de travailler ensemble ne doit pas entrainer la confusion sur le lieu où doivent être prises les décisions pour respecter le fédéralisme. Au-delà des accords interprofessionnels nationaux, la confédération doit prendre l’avis des organisations du CCN notamment lorsqu’il s’agit de porter un avis sur un projet de loi ou sur les suites à donner aux mobilisations interprofessionnelles.
4. En guise de conclusion.
A l’heure où la CGT fête son 120ème anniversaire, les choix qui doivent guider l’ensemble de nos militant(e)s dans la préparation du 51ème congrès sont primordiaux. Débattre de l’orientation et confronter les points de vue ne constitue pas une faiblesse mais un moment indispensable dans la vie de notre organisation pour unifier tous ses membres sur des objectifs communs.
La situation internationale est de plus en plus tendue dans un contexte inédit d’alliance entre les
capitalistes, les institutions internationales et les gouvernements des pays les plus riches pour
faire payer la crise aux travailleurs(euses). Ce qui se passe en Grèce doit nous faire réfléchir sur la posture syndicale qu’il convient d’adopter pour remplir notre mission de défense des intérêts
matériels et moraux des travailleurs(euses). Face à l’intransigeance du monde financier, nous
devons opposer l’intransigeance d’un syndicalisme qui ne peut accepter les plans d’austérité.
Nous ne serons pas un syndicat qui cède au chantage pour signer des accords remettant en cause les droits des travailleurs(euses) acquis de haute lutte. Nous ne serons pas un syndicat qui considère que l’assouplissement du CDI ou des règles de licenciement constitue une nécessité pour relancer l’emploi et la croissance. Nous ne serons pas un syndicat d’accompagnement de plus.
Nous revendiquons être un syndicat d’opposition mais aussi un syndicat qui garde à coeur la
nécessité d’une véritable transformation sociale, pour en finir avec un système économique qui
n’engendre que l’extension de la misère.
La tâche qui nous incombe est immense mais nous croyons plus que jamais à la nécessité d’un
syndicalisme unitaire de classe et de masse. Voilà ce qui nous semble être au coeur de la
préparation de notre 51ème congrès. Vive la CGT !

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25 juin 2015 4 25 /06 /juin /2015 22:52

La pétition confédérale sur les salaires devait occuper les militants combatifs après le 9 avril en attendant...une manif en octobre ! 100 000... Pauvre résultat qui démontre que les travailleurs ne veulent pas de ce type de leurre. Certes c'est pas facile de les entrainer vers une grève générale mais avec des actions qui les détournent de cet objectif, la direction tente d'user les militants. Le 51° Congrès permettra de savoir si la tactique marche !!!

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8 juin 2015 1 08 /06 /juin /2015 01:43

Quelques réflexions de nos camarades de la FILPAC, tiré de leur journal "7 jours FILPAC n°48".

"...Ouvrons le débat, il est urgent, il se dirige vers la préparation du congrès confédéral de Marseille en avril 2016. Que les bouches s’ouvrent, que la parole circule, seul remède à la mélancolie..."

 

oo0O0oo

 

2 juin, vote final de la loi Rebsamen qui amoindrit la représentation syndicale et fait reculer l'égalité homme-femme.

16 juin, retour final de la loi Macron à l'Assemblée contre le Code du Travail et les Prud'hommes.

21 juin, négociation finale dans le bunker du Medef contre les caisses complémentaires Agirc Arrco pour amener la retraite à 67 ans.

Dommage que le CCN n'envisage aucune suite au 9 avril, et appelle... au départ en vacances, d’autant le FN, lui, profite de la vacance du mouvement social.

Pourquoi la direction confédérale déclare forfait malgré les efforts intenses des militants CGT ?

Tout le débat est là : «  la CGT vieillit plus vite que moi ! »

Le comité confédéral national (FD, UD, commission exécutive nationale) vient de se réunir les 27 et 28 mai. Malgré une offensive libérale tout azimut, ne sort de cette instance suprême qu’un vœu de bonnes vacances adressé à celles et ceux qui l’écoutent encore. Une CGT banale, ravagée en son sommet par des luttes de pouvoir, telle est l’image qui en résulte.

L’heure est à analyser et comprendre ce qu’est devenue notre Confédération, car on ne la reconnaît plus, et l’inaction qui tient lieu d’orientation pèse lourd sur l’intervention au quotidien  des délégués.

Une offensive libérale majeure contre le droit social

En effet, la loi Macron, adoptée à coups de 49/3 et qui reviendra le 16 juin à l’Assemblée, permet au patron de contourner le Code du Travail et de passer avec le salarié isolé un accord « de gré à gré » sur tous les sujets de l’exercice du contrat de travail. Elle étend à tous les objets de conflits ce qu’avait initié la loi de 2008 sur la rupture conventionnelle, qui enterrait le licenciement économique et collectif au profit de la convention à l’amiable, en l’occurrence le pouvoir du patron d’imposer la rupture du contrat de travail quand il le veut. On appelle ça plan de départ volontaire… Le syndicalisme au quotidien en souffre tous les jours.

Ce même 27 mai, l’Assemblée commençait l’examen de la loi Rebsamen, qui donne à l’employeur la possibilité de rassembler DP, CE et CHSCT en une « délégation unifiée du personnel ». Dans la foulée le patronat obtient de Rebsamen l’interdiction d’accès des syndicats aux TPE (-11 salariés), la représentation syndicale étant remplacée par une « commission régionale paritaire », sur 13 régions, composée de patrons et de syndicats.

Un comble, cette loi Rebsamen ! La souffrance au travail se répand à mesure que montent le chômage et la précarité. C’est ce moment qui est choisi pour affaiblir le CHSCT, faute de le détruire en raison du refus global des syndicats. C’était moins une, et partie remise.

Dans la logique de contournement du Code du travail et de campagne contre le coût du Travail, le patronat a obtenu du gouvernement qu’il légifère par ordonnances pour mettre fin à cette institution dédiée au droit du Travail, les Prud’hommes. Est déjà actée la fin de l’élection des conseillers, la loi Macron prévoit leur professionnalisation et limite les indemnités de licenciement par un plafond très bas. Ces décrets et ordonnances vont être pris dès cet été.

Rien que cette description de l’entreprise libérale de destruction du droit social devrait faire hurler la Confédération. C’est un « concerto pour carpe » qui lui répond…

À l’ouest de la réalité sociale

La Confédération ne s’est pas sortie du piège monté par Sarkozy et Hollande, qui est bien mal nommé « démocratie sociale ». De quoi s’agit-il ? L’Etat tire les ficelles, le Medef écrit tous les textes, s’appuie sur la CFDT.  Et quand la pseudo négociation n’aboutit pas, l’ultimatum du gouvernement tombe et transforme l’accord Medef-ministère-CFDT en lois.

Cette méthode de la Conférence sociale, taillée aux mesures de cette manœuvre, fonctionna fort bien pour les ANI flexisécurité et formation professionnelle, qui ont amoindri les moyens des syndicats et des salariés. Il grippe en ce moment moins par l’agitation sociale qui le compromet que par le niveau de violentes exigences avancées par le Medef, qui met en porte à faux une CFDT pourtant servile. C’est ce qui vient d’arriver avec le « dialogue social », dont la loi Rebsamen prend le relai d’une négociation truquée dont Gattaz et Berger ont le secret mais qui a capoté du fait des appétits démesurés du patronat.

Pendant ce temps, la précarité s’étend à tout le pays, tous les secteurs, le chômage atteint des records sans qu’aucune mesure ne soit prise contre lui, la souffrance au travail traduit les dégâts et les méfaits du management libéral qui intensifie l’exploitation et dénie l’augmentation des rémunérations, tout en procédant en permanence à des restructurations et des licenciements.

Les collectifs de travail sont soumis à l’organisation de la compétition de tous contre tous, l’externalisation se pratique à outrance, la précarité des contrats fait triompher le CDD d’un mois et liquide le CDI. Un salariat éclaté, atomisé laisse des travailleurs isolés, contraints d’accepter des salaires qui n’en sont pas, quand ils ne sont pas tenus de travailleurs pour plusieurs employeurs pour y arriver.

C’est ce moment que la CGT à son sommet choisit sans le dire la voie de l’institutionnalisation.

Il n’y a pas place pour deux CFDT

Quand s’installe une situation qu’on appelle « crise », la CFDT prend l’option de répondre par l’entrée dans l’Union sacrée de la course à la compétitivité. Du recentrage de Nicole Notat à l’accord programmatique de juin 2011 MEDEF CGPME UPA CFDT CFTC CGC, une seule logique : la CFDT veut ringardiser tous les autres syndicats en signifiant que ce qui est moderne, c’et la collaboration avec le capital national dans le concert de la concurrence internationale. Ce faisant, la CFDT rompt avec le syndicalisme de revendications et de mobilisation pour siéger sans interruption à toutes les tables, officielles ou non, de rencontres sur les bases du seul patronat.

Sa stratégie de signer tout tout de suite à n’importe quel prix, si elle n’empêche pas une syndicalisation au fort turn over, est en rupture avec le « réformisme » puisqu’elle ne porte nulle réforme mais simplement des petits pas vers la reddition permanente. Le pari est qu’un jour se constituera un espace social de négociations institutionnelles qui prendra la place du conflit social.

La CGT, il n’y a guère, oscillait entre luttes majeures et présence permanente à la table, au nom du fameux « on ne fait pas la politique de la chaise vide ». De 1995 à 2010, un long moment de conflits l’a portée, par 2003, 2006, 2009. La Cgt semblait avancer au rythme du mouvement social. Puis vint la rupture de 2010, par l’échec du mouvement contre la loi Fillon, qui se termina en queue de poisson.

Depuis, la Confédération retentit des bruits publics des luttes intestines, pendant que des groupes de négociateurs engagent son nom sur des compromis inouïs mais cachés aux adhérents. La surface de contact avec les ministères est bien supérieure à celle avec les adhérents. D’ailleurs, les outils de communication sont mis en coupe réglée et ramenés à des bulletins confédéraux au contenu autojustificatif.

La conservation de la bureaucratie, l’objet unique de la Confédération ?

Ce qui s’applique en guise d’orientation peut se résumer ainsi : le chaos libéral  est tel qu’il n’y a pas d’alternative, la seule option consiste à mettre à l’abri de l’appareil d’Etat les forces de la structure centrale de la CGT.

Une transformation interne à la confédération est en voie d’achèvement. En lieu et place d’un cursus honorum qui conduisait le militant ayant pratiqué tous les mandats vers des responsabilités supérieures, a été recruté un personnel passé par des grandes écoles qui manage l’appareil en fonction de sa propre trajectoire, à savoir accumuler de l’expérience pour la faire valoir auprès des directions d’entreprises après un passage de quelques années à Montreuil.

Puisque la Confédération doit d’abord protéger l’existence de son appareil, et s’il y a lieu contre des mouvements sociaux qui mènent au conflit majeur. Il lui faut professionnaliser l’appareil et le tourner vers l’incrustation dans les ministères, pour collaborer.

Le risque immédiat est moins la disparition de la CGT, mais sa banalisation, sa marginalisation sur fond de délitement, d’effondrement du nombre de ses salariés, de destruction de sa réserve de militants bénévoles et dévoués.

Les jeunes en galère sur tous les sujets sociaux, les travailleurs tombés dans les pièges à précarité, les sans-emploi condamnés au chômage à vie, deviennent des étrangers pour la Confédération. Ce danger est d’autant plus aigu que c’est le Front national qui propose aux laissés pour compte du libéralisme un lieu d’accueil sur la base duquel il manipule vers le racisme anti immigrés.

http://www.filpac-cgt.fr

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16 janvier 2015 5 16 /01 /janvier /2015 15:55

CGT

Révolution de palais ou révolution culturelle ?

La crise de direction et d’orientation de la confédération ouvre des chances de redressement de la vieille maison qui fête ses 120 ans. Un replatrage de façade avec un discours plus combatif serait mieux que rien mais n’y suffira pas. Un congrès des syndicats, sans le filtrage et le dosage habituel des délégués, est une des conditions du sursaut. Dans tous les cas le 51° congrès ne sera pas un congrès comme les autres !

 

A l’heure où ces lignes sont écrites, juste après le CCN de janvier, il est parfaitement impossible de prévoir ce qui se décidera, ou pas, au CCN de février. Néanmoins il est possible de tirer quelques leçons des semaines écoulées.

La dérive depuis vingt ans, l’alignement progressif de la CGT sur la CFDT et un syndicalisme d’accompagnement était de plus en plus contesté en interne. Y compris dans l’actualité immédiate comme les propositions défendues avec la CFDT dans la négociation sur « le dialogue social ». La « révélation » visant Thierry Lepaon et partant de l’intérieur de la direction confédérale aura été la goutte qui fit déborder le vase. Nombre de structures y compris parmi les plus importantes ont pris des positions fortes et radicales contestant aussi bien les méthodes démocratiques que les orientations confédérales. Au point de contraindre la direction confédérale à trouver des réponses, ou au moins un pare-feu.

Incapable de mesurer la colère des militants et des cadres syndicaux intermédiaires Thierry Lepaon a d’abord cherché à s’accrocher jusqu’à finir par présenter une solution où il se gardait une place à la Commission Exécutive Confédérale (CEC) et composait un Bureau (et un secrétaire général) à sa main. Le CCN du 13 janvier a repoussé cette issue en forme de farce qui resserait la direction autour de cadres « fidèles ». La mise à l’écart des représentants de l’aile la plus réformiste devait suffire à calmer la colère militante sans pour autant ouvrir les portes aux responsables syndicaux identifiés à une orientation syndicale plus combative. Une nouvelle fois le CCN désavouait la direction confédérale, sans compter la manipulation incroyable des mandats de la fédération de la  santé qui était mandatée pour voter contre et qui se retrouve à voter pour (manipulation dont l’explication relève sordidement de la vie privée de secrétaires généraux !).

Nombre de fédérations et d’Unions Départementales, exprimant l’attente de leurs bases, refusent par ailleurs de se contenter d’une révolution de palais. Les propositions de congrès extraordinaires, de congrès de réo-orientation, de direction collégiale provisoire ont un large écho positif. Tant il est vrai que les problèmes de la CGT ne se limitent pas aux méthodes et aux orientations du Bureau confédéral. Hélas, l’autoritarisme, le centralisme,  la complaisance, la prévarication, le déclin des positions de classe touchent tous les étages de la maison.

Il n’y aura pas de redressement sans une reprise en main des syndicats par les syndiqués : contrôle des délégués, élaborations collectives des revendications et des modalités de la lutte, rotation des mandats, contrôle des instances « supérieures » par les syndicats de base… rien de tout cela ne se décrète. Mais nécessite juste que les syndiqués se décident à faire vivre une démocratie syndicale dont les principes sont anciens, connus et validés mais trop souvent oubliés.

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8 janvier 2015 4 08 /01 /janvier /2015 18:55

Un extrait de l'article paru mercredi 7 janvier dans "Les Echos",  le grand quotidien patronal qui soutien depuis un mois les membres socialistes du bureau confédéral :

 

"il ressort de cette longue séquence, entamée
en fait depuis le dernier mandat
de Bernard Thibault, le sentiment
d'un grand gâchis. La CGT avait
beaucoup d'atouts en main, elle ne
s'en est pas servie. Avec la CFDT, elle
a obtenu en 2008 une réforme de la
représentativité visant à simplifier
un paysage syndical morcelé. En
clair : renforcer le duopole CGTCFDT.
Le recul progressif de FO, à
l'appareil vieillissant, était aussi porteur.
Sans oublier une réforme des
régimes spéciaux de retraite négociée
sur mesure avec Nicolas Sarkozy (ou
plutôt son conseiller Raymond Soubie),
afin d'éviter une déstabilisation
de la CGT. Bernard Thibault avait par
ailleurs su dénouer les liens historiques
entre la centrale et le Parti
communiste. Mais il a laissé la révolution
inachevée. Il a échoué à réformer
des structures inadaptées, à revoir
des modes d'action devenus inefficaces,
et surtout à favoriser la
mue idéologique de son syndicat."

 

En effet l'enjeu pour nos syndicats est de bloquer la "mue idéologique" de la direction confédérale et de revenir à un syndicalisme de combat pour défendre les acquis sociaux et avancer vers une société autogestionnaire, débarrassée de l'exploitation capitaliste. Curieusement "Les Echos" n'avancent jamais cette hypothèse !!!

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