Citant la récente étude de la DARES (disponible sur leur site) un article du journal patronal "Les Echos" s'inquiète de notre santé au travail ! C'est mignon... N'empêche que la revue Alternative Economique de juillet publie une étude sur l'invalidité qui frappe 150 000 travailleurs chaque année. Nous publions ici l'article des Echos :
L'intensification du travail avait stoppé sa progression en France entre 1998 et 2005. Cela n'a été qu'une « parenthèse dans une trajectoire ascendante entamée à la fin des années 1980 », note le ministère du Travail dans une étude mise en ligne hier qui porte sur la période 2005-2013. Cette enquête sur les conditions de travail, réalisée tous les sept ans auprès de 34.000 salariés, montre que le mouvement a repris.
La direction de l'animation de la recherche (Dares) du ministère l'explique par la conjonction de deux phénomènes : un « rythme accru des changements organisationnels et […] la plus grande insécurité de l'emploi ressentie par les salariés ». Et la réforme de l'Etat, serait-on tenté de rajouter, car la fonction publique a été particulièrement touchée par
l'intensification.
L'exemple cité par Yves Roquelaure, professeur de médecine du travail, dans le numéro de « Santé & Travail » publié aujourd'hui est éclairant : « Le nombre de pathologies liées aux troubles musculo-squelettiques s'est considérablement accru dans des secteurs inattendus comme le ministère de la Justice. »
Que ce soit dans le public ou dans le privé, les contraintes physiques ont augmenté depuis 2005. Un salarié sur
trois a déclaré, l'an dernier, être exposé à au moins trois types de nuisances physiques (bruit intense, fumées
ou poussières, produits dangereux…) contre 32,7 % en 2005 et 12,1 % en 1984. L'évolution interroge sur
les efforts de prévention des entreprises, que la réforme des retraites de 2013 a prévu d'intensifier.
Autre élément marquant : l'an dernier, un tiers des salariés ont déclaré subir au moins trois contraintes sur leur
rythme de travail. Contre 31,6 % en 2005 et 5,8 % en 1984.
Entraide des salariés
Plus de 35 % des salariés déclarent être « soumis à un contrôle ou un suivi informatisé », soit 11 points de
plus qu'en 2005. Ceci n'est évidemment pas sans lien avec les évolutions technologiques. Plus généralement,
l'usage de l'informatique a progressé « à un rythme rapide », depuis 2005, y compris maintenant dans des secteurs comme le commerce.
L'une des tendances marquantes est d'ailleurs que l'intensification du travail n'épargne plus personne, même si les plus précaires et ceux qui subissent des réorganisations sont le plus touchés.
De l'étude de la Dares émergent aussi des points positifs : elle constate une progression des coopérations entre
salariés qui « explique pour une large part qu'en dépit de l'augmentation des contraintes de rythme de travail,
moins de salariés se déclarent souvent obligés de se dépêcher. » ■