Nous publions ci-dessous la déclaration des camarades qui se sont regroupés derrière l'appel "Défendons la CGT" :
Après le CCN des 3 et 4 février 2015
LA PREPARATION DU 51ème CONGRES DE LA CGT DOIT PARTIR DES ATTENTES DES SYNDIQUES
Cela fait un mois que le CCN de février a élu le nouveau bureau confédéral, choisi, puisque les propositions de direction transitoire ou même d’élargissement de la CEC ont été refusées, parmi une CEC qui a été désavouée par le CCN.
Si on continue à penser que la méthode n’est pas la bonne, force est de constater, que le CCN a choisi de remplacer le BC y compris dans ces conditions contestables, sans doute mû par l’idée qu’il ne fallait pas que se prolonge une situation inédite pour la CGT, celle de ne plus avoir de bureau confédéral, de secrétaire général et d’administrateur.
Le brouillard sur les orientations n’étant pas dissipé, il n’est pas étonnant que la première décision prise suite à l’élection de ce BC, soit de mettre fin à l’autonomie du Comité National des chômeurs puisque le choix de sa direction sera impérativement soumis à validation par le BC et le CCN…Décision qui est a contrario de nos statuts et prise, faut-il le rappeler, par 41 voix pour sur 130 voix possibles, ce qui donc ne rassemble pas, loin s’en faut, la CGT.
Celles et ceux qui ont poussé dans ce sens en refusant le débat contradictoire dans le CCN ont pris une sacrée responsabilité qui pourra être reposée ultérieurement pour l’UGICT et l’UCR
S’il y a selon nous, une leçon à tirer de ce CCN dans son entier, c’est que les questions soulevées par notre texte rédigé le 9 décembre 2014 restent d’actualité et sont même devant nous.
Les débats soulevés par notre contribution ont pesé bien au-delà de la liste des seuls signataires qui ont soutenus les idées que nous avons soumises au débat et on a pu vérifier en lisant les contributions de nombre d’UD et de fédés que la nécessité de débattre de ces questions est largement partagée. Des questions qui ont déjà été posées mais écartées des débats aux précédents congrès demeurent posées.
Quelle stratégie revendicative offensive de la Cgt dans le processus de construction des luttes ? Quelle convergence des luttes pour gagner ? Quel rapport au politique ? Quelle solidarité internationale ? Quelle position par rapport aux institutions tant nationales qu’internationales ? Quel positionnement autonome de la Cgt dans le syndicalisme européen et international ? - Va-t-on continuer à fermer les yeux sur les activités d'une CES rouage mineur des institutions Bruxelloises dont l’objectif d’intégration du syndicalisme à la construction capitaliste de l’UE et la confiscation de la souveraineté des peuples se révèle jour après jour ?
Va t'on poursuivre en France dans la voie des errements du syndicalisme rassemblé? Cette conception controversée n'est en rien une formule que l'on pourrait modifier, il faut en faire le bilan critique et montrer en quoi elle a contribué au désarmement et à la division des travailleurs dans un moment où le monde du travail a besoin que la CGT réaffirme son identité.
Un mouvement se développe dans de nombreux pays en Grèce, en Espagne, en Italie, en Belgique, au Portugal, en Allemagne, en Grande Bretagne ou les travailleurs mettent en accusation les politiques d'austérité imposées par la Commission de Bruxelles. Que faisons-nous? Qu’attendons-nous? Comment contribuons-nous au rapport des forces sociales dont nous avons besoin en France, en Europe, dans le monde.
De plus il faut qu’on fasse le clair sur le fonctionnement confédéral. Il faut rendre compte du travail entrepris par la Commission de contrôle financier de la Confédération sur les pratiques de la direction de la CGT, s'opposer à un style de vie totalement étranger à celui des travailleurs et cela quelques soit les activités de chacun ou chacune. Les rémunérations et avantages de ceux qui assument des responsabilités doivent être connus des syndiqués. Pas d'opacité mais de la transparence à tous les niveaux de la CGT.
Dans une organisation qui rémunère à plein temps quatre fois plus de dirigeants non élus que de dirigeants élus, un sommet dans l’histoire la CGT, il faut revoir complètement nos méthodes et moyens de direction. De même toutes les leçons ont elles été tirées "des affaires" et de cette crise sans précédent qui a porté un préjudice à toute la CGT? Va-t-on creuser les raisons du comment en est-on arrivé là ou au contraire va-t-on faire le choix d'un « lâche soulagement »?
La CGT et les salarié-e-s ont besoin d’une direction confédérale animatrice des luttes, pas d’une équipe expliquant pédagogiquement l’évolution « inéluctable » de la société.
En fait tout se résume à une idée: va t'on avoir le courage et la lucidité de changer vraiment le cap?
Ces questions doivent être selon nous au centre des débats du prochain congrès confédéral.
Si la perspective d’une journée interprofessionnelle d’actions avec grèves et manifestations le 9 avril 2015 peut constituer un tremplin pour dynamiser le combat syndical pour l’augmentation des salaires et retraites, l’embauches de salariés en situations stables dans le secteur privé comme dans les trois fonctions Publiques, l’obtention de nouveaux droits pour les salariés dans les entreprises elle renvoie à la question du processus d’élargissement et d’enracinement des luttes dans les entreprises qui se pose dès maintenant pour l’après 9 avril. Et pourquoi avoir attendu que la loi Macron soit votée pour l’impulser ?
L’expérience des mobilisations interprofessionnelles de 2003 puis de 2009, 2010 et depuis 2012 le comportement de ce gouvernement aux ordres du Medef et des multinationales, nous montrent que pour faire reculer la politique austéritaire dictée par l’UE avec la complicité des gouvernements Français depuis plus de trente ans, il faut à la fois allier détermination de la Cgt a appeler à de grandes mobilisations générales avec volonté de bloquer la mécanique financière pour les faire céder.
Une préparation extraordinaire c’est quoi ?
Nous nous félicitons du fait que Philippe Martinez ait repris à son compte une expression pointée dans les débats du CCN par plusieurs structures dont l’UD de Paris « faire une préparation extraordinaire d’un congrès ordinaire » eh bien allons-y !
Dans ce cadre, le nouveau bureau a annoncé son intention de rencontrer 2000 syndicats : c’est un premier passage obligé mais évidemment (et personne ne le prétend) cela ne peut suffire. Ces rencontres doivent être avant tout des rencontres dédiées à l’écoute et non des moments de diffusion d’une bonne parole qui viendrait d’en haut.
Si on veut une préparation extraordinaire, il faut s’en donner les moyens et donc faire beaucoup plus.
Par le passé, sous l’impulsion notamment d’Henri Krasucki, dans une période où la CGT se posait la question de sa stratégie, une méthode fut adoptée :
Edition d’un quatre pages questionnant un an avant le congrès, mise en place d’un plan de travail national pour qu’un maximum de bases donne ses propres réponses aux questions posées dans le 4 pages et allant du cahier revendicatif à la démarche CGT, puis, à partir des milliers de compte-rendu de débats mais aussi de la tribune de discussion, rédaction d’un document d’orientation nourri par cette somme de réflexions : ne pourrait-on pas, à l’heure d’Internet et de ses forums, reprendre en la modernisant cette méthode ?
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…C’est donner la parole aux syndiqués !
Pour leurs parts celles et ceux qui ont pris l'initiative des appels, réflexions, propositions de "défendons la CGT" n'ont pas voulu se substituer à quiconque mais enrichir le débat de fond. Ils réfutent l'idée de tendance ou de courant quand ce qui compte avant tout c'est l'unité et la cohésion de toute la CGT. L’Unité ne peut exister sur l’absence de débat argument contre argument pour permettre l’élévation des connaissances, l’enrichissement de chacun et de tous par la diversité des approches, des opinions et points de vue. Il est indispensable que cet effort se poursuive, se multiplie et permette aux militants, aux syndiqués, aux travailleurs d'assumer leurs responsabilités. "On ne choisit pas la période dans laquelle on vit, il faut se montrer à la hauteur de ce qu'elle exige".
Les signataires.....
Le 6 mars 2015