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  • : Communistes Libertaires de la CGT
  • : Les communistes libertaires sont un des courants fondateurs de la Cgt, sur une base anticapitaliste et révolutionnaire. Nous entendons renouveler ce combat, en intégrant les évolutions de la société d'aujourd'hui.
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QUI SOMMES NOUS ?

Ce blog est l’outil d’expression de communistes libertaires qui militent à la CGT, où ils défendent une perspective de renouveau du syndicalisme révolutionnaire, mouvement fondateur de notre confédération, et l’unification d’un syndicalisme de lutte et de transformation sociale. 

Nous combattons l'orientation confédérale actuelle de la CGT et agissons pour qu'une alternative à cette orientation émerge. Nous ne nous revendiquons d’aucune tendance ou fraction formalisée au sein du mouvement syndical. 

Pour autant, le tournant pris par notre confédération ces dernières années vers un syndicalisme d’accompagnement, voire de cogestion, nous incite à constituer un front syndical commun avec tous et toutes celles qui se réclament et pratiquent la lutte de classe, professionnelle et interprofessionnelle, autour des revendications et la lutte pour les faire aboutir. 

Attachés à la démocratie syndicale et au fédéralisme qui restent de mise au sein de la Cgt, respectueux du mandat donné par les adhérents et adhérentes des structures auxquelles ils et elles participent, les communistes libertaires relèvent d’un courant fondateur et constituant de la Cgt. 

Les syndicats, forme première d’organisation d’une résistance ouvrière, ont un caractère double et contradictoire. 

Organisations de masse ayant vocation à regrouper tous les exploités autour de leurs revendications immédiates, elles restent soumises à la domination politique d’un patronat qui les pousse à une plus grande intégration à l’appareil d’Etat. 

Dans cette bataille qui n’est pas qu’idéologique, nous ne partageons pas l’idée qu’il y aurait de mauvaises directions corrompues face à une base adhérente dont la « pureté » n’égalerait que la volonté d’en découdre. 

Bien au contraire, il existe à tous les niveaux de nos organisations une contradiction entre un syndicalisme de classe dont l’objectif est de mettre fin à l’exploitation capitaliste et un syndicalisme d’accompagnement dont la finalité réside dans l’adaptation du monde ouvrier qui produit les richesses à l’économie de marché globalisée qu’on voudrait faire paraître indépassable. 

C'est pourquoi nous n'entendons pas oeuvrer en simple opposition à nos directions actuelles mais en alternative à celles-ci, pour l'unité du mouvement social. 

Pour tout contact avec les communistes libertaires de la CGT : 

          communisteslibertairescgt@gmail.com

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Liens De Nos Amis

6 janvier 2015 2 06 /01 /janvier /2015 01:48

Nous vous invitons à suivre le lien ci-dessous vers le site des camarades de VP-Partisan. Si nous ne partageons pas les conceptions post-maoïstes de ces camarades, l'article sur la crise et diverses appréciations sont justes.

L'appréciation sur le CCN est néanmoins un peu courte. Car il n'y aura ni démission ni congrès si le CCN, sous la pression des syndicats, ne le décide pas.

Enfin cette habitude héritée du stalinisme de se croire toujours "les seuls à détenir la vérité" est un peu agaçante alors que nous avions écrit la même chose avant les vacances de Noël : "Nous le répétons, et nous constatons que nous sommes bien seuls à oser aborder frontalement la question : il y a des centaines de Thierry Lepaon à débarquer à la CGT". 

 

 


http://ouvalacgt.over-blog.com/2015/01/cgt-crise-d-orientation-derriere-la-crise-de-direction.html

 



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23 décembre 2014 2 23 /12 /décembre /2014 11:08

Nous reproduisons ci-dessous une contribution parue sur le site du Front Syndical de Classe.

 

Un CCN totalement souverain :
pour l'unité de la CGT, en finir avec les manœuvres, tourner la page.

La crise que traverse la CGT est inédite.
Elle est grave, car elle affecte en profondeur son unité.
L'ampleur de l'émotion, de l'inquiétude et de la colère qui émanent des profondeurs de la CGT est également sans précédent.
Il est porté atteinte à l'intégrité et au crédit de la CGT auprès de l'opinion et des travailleurs.
Ce qui est percuté, c'est non seulement le travail et le dévouement de milliers de militants du présent, mais aussi le legs historique de générations de militants qui ont bâti par leur sacrifice, par leur abnégation et leur désintéressement, le prestige et l'autorité de la CGT.
Certes, il y a une offensive relayée par les médias contre la CGT qui s'est déployée au moment d'importantes élections dans la fonction publique. Mais le malaise qui en a résulté ne saurait être ramené à cette opération, parce que la distance entre les bases militantes et la direction, engluée dans les compromis et les compromissions, ne date pas d'hier.
Et la question ne saurait être ramenée à un complot extérieur.
Que s'est-il donc passé en interne ces derniers jours en relation avec ces événements ?

L'enchaînement des faits : gagner du temps, contourner les instances
L'ampleur de la protestation interne dans la CGT, qui exigeait la réunion d'un CCN extraordinaire dès le mois décembre, avait contraint la CE confédérale du 9 décembre à prendre en compte cette demande et à convoquer un CCN extraordinaire pour le 13 janvier 2015.
En même temps, il s'agissait pour les responsables confédéraux de gagner du temps et de prendre le pouls du CCN tout en évitant de le convoquer en urgence. C'est ainsi que fut organisée la réunion du 15 décembre, invitant les mêmes responsables à une réunion informelle sans disposer des pouvoirs et des compétences d'un CCN statutaire… et ne pouvant donc prendre de décision.
Au cours de cette réunion informelle du 15/12, de très nombreux militants et responsables d'UD et de fédérations présents se sont prononcés en faveur du départ du secrétaire général et l'organisation d'un congrès extraordinaire afin de faire revenir la CGT à ses fondamentaux.
Alors, pour la direction confédérale, il fallait contourner cette volonté et neutraliser cette puissante contestation, reflet des exigences des bases de la CGT !
En effet, la réunion de la Commission exécutive nationale (CEN) qui a suivi (mardi 16/12), loin de prendre en compte ces réalités incontournables, se livre avec le secrétaire général à des manœuvres visant à contourner le rôle et les prérogatives du Comité confédéral national (CCN)).
Qu'on en juge :
L'exigence d'un renouveau fondamental dans la CGT et d'un débat de fond sur les orientations de lutte et stratégiques est renvoyée à un complot extérieur à l'organisation.
Des dysfonctionnements sont reconnus mais minimisés.
L'ordre du jour, retenu pour le CCN du 13 janvier, est cantonné à la définition de nouvelles règles financières et à l'évolution des responsabilités au sein du Bureau confédéral.
Et ce sont les compétences du CCN qui sont mises en cause, puisque la CE « a considéré qu'il fallait laisser du temps au processus de consultation et d'autre part, que des décisions aussi importantes et inédites ne pouvaient se prendre avec les instances de la CGT sous pression externe ».
Ainsi, le rôle statutaire comme organe souverain entre deux congrès est directement mis en cause, alors que l'article 28 des statuts précise que le CCN « fixe à la majorité simple en début de chaque session, ses méthodes de travail ».
Il y a au contraire urgence :
Plus la situation s'éternise et plus cette situation affaiblit la CGT et son influence.
Pourtant, les faits et leurs conséquences sont indubitables.
Outre l'animation du travail collectif de la direction, le rôle du secrétaire général est d'incarner l'unité de l'organisation, afin qu'elle puisse intervenir dans les entreprises, sur les territoires et sur le terrain de manière efficace et dynamique.
Ce rôle est essentiel au moment d'une offensive d'une gravité sans précédent du MEDEF, du gouvernement et de l'Union européenne, soutenue par la CES et le syndicalisme d'accompagnement contre toutes les conquêtes et les droits sociaux.
Mais lorsque, comme c'est le cas actuellement, des dizaines de structures de la CGT (dont les plus importantes) et des centaines de militants demandent le départ du secrétaire général, alors cette fonction ne peut plus être assurée sans un changement de responsable.
Ce n'est pas une question de personne. Nous ne sommes pas animés de vindicte et nous n'avons que mépris pour une presse avide de révélations croustillantes, complice de toutes les diversions  et qui reste silencieuse sur le rôle joué par les « caisses noires » du patronat. !.
C'est de l'unité, du crédit et du rôle de la CGT dont il est question et dont nous avons la certitude qu'elle est au plan syndical le seul bouclier qui demeure au service des travailleurs, à condition qu'elle retrouve les principes d'action qui ont permis les grandes victoires populaires dans notre pays.
C'est pourquoi la déclaration de Thierry Lepaon, s'exprimant en conclusion de la réunion du 15 décembre des 33 fédérations et des 96 unions départementales selon laquelle " Si ma présence est un frein pour l'organisation, j'en tirerai toutes les conséquences ", doit être prise au mot.
Il est encore temps de faire preuve de responsabilité et de permettre à la CGT de tourner la page de cette très mauvaise passe.
Mais le temps presse !
Il est de la responsabilité du CCN de prendre les décisions qui s'imposent et de ne pas se laisser départir des compétences et du rôle que les statuts lui accordent et qui en particulier stipulent que le CCN est l'instance de « contrôle de l'activité confédérale ».
Le corps militant de la CGT est dans l'attente du renouveau indispensable et urgent de l'organisation !

______________________________
__
Roger SILVAIN CGT Renault Billancourt
Ludovic BOUVIER Secrétaire de la Région Métallurgie CGT Nord/Pas de Calais
Danielle GAUTIER Conseil national UFR CGT Metallurgie, Collectif femmes Metallurgie, Bureau de l'UL de Riom (63), USTM (63)°
Gérard BERTRAND Secrétaire du syndicat  Retraités Métaux Riom  (63)
Georges DUCASSE Représentant CGT au CE de l'usine d'alluminium de Pechiney Noguères de 1973 à 1992
Vincent DUSE CGT PSA Mulhouse
Jean GAGNAIRE Syndicat métaux C.G.T. Riom
Yann GAUTIER délégué syndical C.G.T.à Delpharm Bayard 74 (Hte Savoie)
Ludovic GOTIAUX Délégué Syndical C.G.T.  délégué du Personnel CHSCT à Tabacco Riom
Bernard GIUSTI secrétaire général adjoint section syndicale CGT Hôpital Cochin Paris
Jo HERNANDEZ ex secrétaire UD CGT du Tarn, ex secrétaire syndicat CGT centrale thermique EDF Albi
Michel HUET syndicat métaux C.G.T. Riom
Martine LAMONNIER Conseil National de l’ UFR C.G.T. Métallurgie,  USR (91)
Claude MALTER délégué CGT Veolia Walter information Systems animateur du site www. Les-eaux-troubles.net <http://Les-eaux-troubles.net>
Claudine MOREL Conseil National de l’UFR C.G.T. Métallurgie, Collectif femmes
Bernard Parquet CGT EDF Val de Marne
Alain RODRIGUEZ Syndicat CGT des retraités cheminots de Clermont-Ferrand
Gilbert RODRIGUEZ CGT Nanterre
Eliane TRAINI Conseil National UFR C.G.T., métallurgie. Collectif femmes C.G.T.Métallurgie

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18 décembre 2014 4 18 /12 /décembre /2014 09:21

ob_4c157b_lutter-plus-pour-jpg.jpegNous reproduisions ci-dessous une contribution des camarades de Tribune Syndicaliste Libertaire sur la crise actuelle de la CGT. Nous sommes globalement d'accord avec ce que disent les camarades. A ceci près, que les meilleurs statuts ne garantissent pas de dérives bureaucratiques. c'est bien l'action consciente des travailleurs dans leurs organisations qui est souvent en définitive l'élément central. Mais pour qu'il y ait action consciente, encore faut -il que les orientations et la stratégie syndicales répondent aux aspirations des travailleurs organisés et aux enjeux de la période.

C'est pourquoi nous pensons qu'il y a nécessité de faire une analyse critique du système bureaucratique qui a généré "l'affaire" Lepaon mais aussi de mener la bataille sur les rapports de nos instances avec les pouvoirs publics et le patronat depuis au moins 2 ans et demi. Et que de ce point de vue, c'est à un bilan critique de certaines orientations revendicatives et stratégiques qu'il faut s'atteler (VOIR ICI).

 

 

La situation de crise que connaît la CGT actuellement révèle plusieurs lignes de fractures au sein de l'organisation : fractures idéologiques, éthiques, stratégiques et de conception organisationnelles.

 

Les révélations successives concernant les dépenses confédérales effectuées autour de Thierry le Paon ont suscité, à juste titre, de très fortes réactions dans les syndicats CGT, au sein des équipes militantes qui mènent au quotidien l'action syndicale dans des conditions difficiles.

Comment comprendre et accepter de telles dépenses, alors que des organisations CGT peinent à assumer financièrement l'activité syndicale quotidienne, que des militantEs sont confrontéEs à la répression patronale, que l'engagement sur le terrain de beaucoup de militantEs CGT peut se faire parfois jusqu'au détriment de leur santé, que les militantEs de terrain prennent sur leurs sous personnels pour se déplacer aux instances syndicales, pour aller diffuser des tracts aux heures d'embauches, qu'ils et elles sont la cibles de sanctions financières, de procédures ciblées de licenciements ?

Les dépenses confédérales révèlent un train de vie de cadre, de patron, bien éloigné de celui de l'immense majorité des salariéEs. Les réponses apportées aux questionnements relèvent d'un mépris de classe évident, et d'une insulte à l'intelligence des militantEs et des syndiquéEs. De qui se moque t'on, quand on prétend que « de province, on ne voit guère la différence entre Vincenne, Aubervilliers et Clichy » ?

 

Au delà de la question financière, c'est tout le glissement du bureau confédéral vers un mépris ouvert des mandats donnés dans les instances, qui légitimement suscite la colère des militantes et des militants. Quand un Le Paon va expliquer dans un journal bourgeois qu'il n'y a pas d'opposition entre capital et travail, quand des positions publique sont tenues en contradiction avec les orientations de congrès...

 

La CGT à la croisée des chemins

 

Aujourd'hui, de plus en plus de syndiquéEs, militantEs et organisations CGT exigent la démission du secrétaire général ou sa révocation.

Cette dynamique montre un sain réveil démocratique, qui réaffirme un des mécanisme fondateur du fédéralisme et du confédéralisme syndical : le contrôle des mandats, et ce qu'il comporte de refus de la hiérarchisation du syndicalisme.

Plus globalement, ce sont deux conceptions qui s'affrontent, d'un point de vue organisationnel :

L'une, qui emprunte à la tradition syndicaliste révolutionnaire et la tradition syndicaliste libertaire, qui insiste sur le caractère collectif des organisations, sur le fait que les exécutifs ne sont pas des « directions » des syndicats mais des exécutants des orientations et stratégies définies en congrès. C'est la tradition fédéraliste, celle de la CGT des origines qui fait du syndicat et des syndiquéEs la base du fonctionnement syndical, le lieu d'impulsion de la vie syndicale, et qui lui donne un caractère d'organisation de masse et de classe.

L'autre, qui emprunte au fonctionnement hiérarchique des partis politiques, des organisations patronales, de l'organisation capitaliste de la société, la séparation dirigeants/exécutants, et qui ne voit dans les syndiquéEs qu'une « masse à maneouvrer » et à diriger. C'est la conception centraliste.

C'est cette dernière qui est à la source d'une dérive bureaucratique dans laquelle certains et certaines voient le syndicats un faire valoir pour leurs intérêts personnels (ou de ceux de leur clique, de leeur clientèle, de leur parti), plutôt qu'un outil collectif au service de la classe laborieuse. Pour cela, ils et elles utilisent les moyens syndicaux, qui devraient servir à aider à coordonner, renforcer, faire converger les luttes dans chaque industrie et sur le plan interprofessionnel, pour manoeuvrer, intriguer, et préserver leurs postes. Ils n'hésitent pas à piétiner les mandats collectifs pour servir leurs intérêts, ce qui accroît l'infléchissement de la confédération vers une ligne réformiste, de collaboration de classe.

Ils et elles profitent du fait que les militantEs qui font vivre la CGT au quotidien dans les services et les entreprises, n'ont pas de temps suffisant pour faire face à ces intrigues, peinent déjà à faire face au rouleau compresseur patronal.

Pourtant, un sursaut des syndiquéEs et militantEs syndicalistes honnêtes, attachés au caractère de classe et au caractère confédéral de la CGT est nécessaire. Car la CGT est à la croisée des chemins.

Dans cette période de crise capitaliste et de progression du fascisme, le maintien de Le Paon et de ces soutiens fédéraux et confédéraux représenterait une victoire définitive de la tendance centraliste, et l'évolution vers un centralisme réformiste de type cédétiste. Avec pour conséquence d'ouvrir plus encore un boulevard aux fascistes dans leur stratégie de conquète du pouvoir.

A l'inverse, la révocation de le Paon et ses soutiens confédéraux, si elle ne règlerait pas la totalité des problèmes de structure, de fonctionnement ou d'orientation, enverrait un signal clair de reconquète de l'organisation syndicale par les syndiquéEs.

Elle permettrait d'ouvrir un réel débat sur les structures, sur la démocratie, le fédéralisme et le confédéralisme syndical. Sur la réaffirmation du primat du mandat avec ses comptes à rendre au collectif, ou l'exécutif est au service du collectif syndical, en opposition à l'élection de type politicienne ou l'élu se comporte en souverain sur les syndicats et les syndiquéEs.

Un primat qui passe notamment par le refus des « filtres » imposés, notamment l'obligation de validation des mandatés syndicaux aux congrès confédéraux par les unions départementales, procédure utilisées pour organiser des majorités de complaisance en écartant des militantEs trop revendicatifs pourtant mandatés par les syndicats.

Un primat qui passe par la lutte pour la vie démocratique des syndicats, et le refus des pratiques visant à contourner les règles démocratiques de fonctionnement des syndicats (non prise en compte de vote)

 

Dans ce débat, c'est la vigueur du contrôle collectif,la rupture avec une attitude d'attentisme délégataire, qui permettra de remettre la pratique de classe au cœur de l'activité syndicale.

C'est également le renforcement des espaces interpro, notamment les UL, par les militantEs de base, qui donnera l'impulsion à un renforcement du caractère de classe de la CGT.

C'est ce qui permettra de donner une orientation concrète à des orientation de classe, qui ne se résumera pas à changer un discours réformiste par un discours de classe, mais y ajoutera un changement de la pratique et de la stratégie syndicale collective qui donnera du contenu concret à ce discours de classe.

Des syndicalistes libertaires CGT

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11 avril 2014 5 11 /04 /avril /2014 18:26

ob_16ad26_adherer-a-la-cgt.jpgNous reproduisons ci-dessous l'analyse des camarades du Front Syndical de Classe (FSC) sur les débats qui traversent la Cgt et notamment les leçons à tirer des élections municipales et des orientations de plus en plus contradictoires qui se font jour au sein de la CGT, plus seulement à la base, mais aussi et c'est indispensable parmis les militants et militantes en responsabilité dans les UD et les fédérations.

 

Une situation nouvelle

Incontestablement quelque chose de fort s'est produit à l'occasion des dernières municipales dans l'opinion ancrée réellement à gauche et parmi ses militants et les militants syndicaux en particulier.

Et une nouvelle situation en a résulté.

D'abord en raison des résultats marqués par notamment la perte de municipalités historiquement ancrées dans le camp progressiste, la remontée de la droite et la percée de l'extrême droite, comme par le niveau record de l'abstention signe de la désespérance et la colère des couches populaires.

Mais il y a plus : certes nombreux étaient ceux qui n'avaient aucune illusion sur Hollande et sa politique, mais constater que face à l'ampleur du désaveu populaire Hollande persiste et signe et s'apprête en fait à aggraver cette politique contre les travailleurs, les sans emploi, les précaires et les retraités a constitué un véritable choc, conformément aux plans européens de casse des droits et de financements publics des profits capitalistes.

Et des réactions diverses et contradictoires.

Par exemple, comment qualifier les réactions de Thierry Lepaon à la manifestation du 12 avril intitulée "Maintenant ça suffit ! Marchons contre l'austérité, pour l'égalité et le partage des richesses ?" à l'appel de 200 personnalités, Syndicalistes , animateurs de mouvements associatifs, acteurs très divers du monde de la culture, universitaires, responsable et élus de formations politiques de gauche ?

Cette manifestation se voulant une réplique immédiate à la volonté proclamée du pouvoir prétendument socialiste de poursuivre ses méfaits.

Une question majeure est posée dans la CGT

Eh bien, au cours de la dernière commission exécutive de la confédération le mardi 1er avril, Thierry Lepaon, a estimé qu'il fallait prendre "un peu de temps et de recul" pour tirer les enseignements des élections municipales et de la nomination de Manuel Valls à Matignon. "Ne brûlons pas l'étape de l'analyse" a-t- il précisé.

Et d'ajouter, s'inquiétant de la "montée des positionnements individuels, au détriment d'un positionnement collectif", ... "les organisations ont besoin d'autonomie, de réflexion, d'action, de positionnement mais on a besoin aussi de responsabilité et de cohérence"... "Je me mets à la place des gens qui vont regarder la télévision le soir du 12 avril, qui vont voir des banderoles et des drapeaux CGT dans le cortège et qui auront entendu Thierry Lepaon sur RTL ou vu sur France 2 dire : "la CGT n'appelle pas à la manifestation'. Je pense qu'on ajoute à la confusion et que des camarades se réfugient derrière le syndicat, la CGT, pour ne pas s'engager politiquement."

C'est que plus de 30 militants et dirigeants de la CGT sont signataires de l'appel à la marche du 12 avril.

T. Lepaon se livre donc à un rappel à l'ordre, à la cohésion, à la cohérence, c'est-à-dire en fait exige l'alignement sur ses propres positions.

Mais qui menace en réalité la cohérence, le positionnement collectif, le respect des orientations décidées en commun au cours des congrès ?

La question s'est déjà posée en plusieurs circonstances récemment comme à propos de la rencontre avec le CRIF où le débat sur "le nouveau visage du syndicalisme" organisé avec le MEDEF et Laurent Berger entre autre au Conseil économique et social ou ses propos au "Nouvel économiste".

Au point que de nombreuses organisations et militants ont interpellé T. Lepaon et qu'à l'unanimité, l'UD de Paris a estimé que "ces déclarations [au Nouvel Economiste où Lepaon en vient à nier l’existence même de la lutte des classes, et donc à renier toute l’histoire des succès de la CGT] remettent en cause les fondements mêmes de la CGT", s'interrogeant sur "sa conception du mandat de secrétaire général confédéral" et ajoutant "ce type de démarche peut-il perdurer ?".

C'est donc une question récurrente et grave.

La contestation de ces positionnements du secrétaire général s'étendant à de plus en plus de militants et de structures de la CGT comme le montre l'appel rendu public le 4 avril dernier dans l'Humanité signé par

Jean-Marc Canon, Secrétaire Général de l'UGFF-CGT

Mireille Chessa, ancienne secrétaire de l'UD des Bouches du Rhône

Christophe Couderc, ancien secrétaire de l'UD de l'Ariège appelé à d’importantes fonctions au niveau national au sein de la fédération CGT des services publics

Christophe Courtaude, responsable CGT des finances publiques

Lina Desanti, secrétaire Union Départementale des Syndicats CGT de Tarn-et-Garonne

Pascal Joly, secrétaire général de l'URIF

Denis Lalys, le secrétaire général de la CGT des Organismes sociaux

Valérie Lesage, membre du bureau confédéral

Camille Montuelle, Secrétaire Générale de l'Union Départementale CGT 94

Daniel Sanchez, membre de la Commission Exécutive confédérale

Baptiste Talbot, secrétaire général de la Fédération CGT des Services Publics

Céline Verzeletti, Secrétaire Générale de la CGT Pénitentiaire

Gisèle Vidallet, Secrétaire général UD Haute-Garonne

Ce texte ci-après est important et témoigne de l'ampleur de ce qui bouge dans la CGT dans le sens d'une affirmation sans ambiguité du caractère de classe et de masse de l'organisation.

Il aborde les questions de la caractérisation de la crise du système capitaliste, de la régression d'ampleur historique qui marque la politique du gouvernement socialiste, de la nécessité pour le monde du travail de passer à l'offensive, de la responsabilité particulière et historique du mouvement syndical, de l'entreprise considérée comme le cœur de la confrontation de classe et de l'affrontement des intérêts antagonistes du patronat et des travailleurs, de la stratégie unitaire du syndicalisme devant être fondée sur la volonté de retrouver la voie des conquêtes sociales, sur la défense farouche du fruit des luttes et donc sur le refus de négocier les conditions des reculs sociaux etc.

Toutes choses avec lesquelles nous sommes profondément d'accord et que nous mettons en avant depuis des années.

Toutes choses qui entrent en contradiction avec les orientations mises en avant par Thierry Lepaon.

Par exemple encore en matière de recherche de l'unité le refus catégorique de négocier les reculs sociaux impliqués dans l'ANI ou le pacte Hollande-Gattaz (dit de responsabilité) est incompatible avec la poursuite de l'alliance privilégiée avec les dirigeants de la CFDT qui eux sont partisans de ce pacte.

Alors pourquoi proposer de manifester coude à coude avec eux le premier mai prochain ?

Rajoutons qu'à notre sens, il est temps que la CGT prenne ses distances avec la CES qui par l'entremise de la CFDT notamment tente d'imposer en France ce qu'elle pratique en Europe : l'accompagnement de la politique du capital et de sa crise. Il s'agit parallèlement de renforcer les liens avec les forces offensives au plan international à l'instar de la fédération de la chimie qui selon nos informations devait décider lors de son congrès, ces derniers jours d'adhérer à la FSM.

On le voit bien , nous sommes effectivement à un tournant dans la CGT.

Le débat d'orientation doit non seulement se poursuivre, les tendances à le refuser et à multiplier les mesures répressives contre ceux qui sont porteurs de réflexions critiques et de la volonté d'affirmer le caractère et les orientations de classe de la CGT doivent être condamnées.

Plus que jamais l'expression, le rassemblement des militant-e-s resté-e-s fidèles aux orientations qui plongent dans la riche et exaltante histoire de la CGT est à l'ordre du jour.

En conclusion de l'article récent du Monde consacré à ce qui se passe dans la CGT et parlant de trouble, se conclue sur la remarque : "Il y a en effet fort à craindre que ce trouble fragilise encore la CGT pendant quelque temps".

A l'exact inverse, nous pensons que ces interrogations, réflexions, échanges confortent la CGT et la prépare à affronter les enjeux majeurs auxquels elle est confrontée, comme l'ensemble des travailleurs.

Le Front Syndical de Classe

6 avril 2014

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Contre l'austérité, pour l'égalité et le partage des richesses

Depuis plusieurs années, le contexte est dominé par la violente crise du système capitaliste. Elle trouve son origine dans l'accélération de la financiarisation de l'économie et la nécessité pour le capital de continuer de faire croître sa rémunération, au détriment du travail.

Elle engendre mise en concurrence des salarié-e-s, explosion du chômage et de la précarité, restructurations, délocalisations, casse du droit du travail, des services publics, de l'industrie, de la protection sociale, aggravation des conditions de travail.

Alors que la situation nécessiterait en France comme en Europe un projet ambitieux mettant en œuvre des politiques de rupture, nous vivons depuis mai 2012 une régression d'ampleur historique : une majorité se réclamant de la gauche prend le pouvoir et tourne immédiatement le dos à l'ambition du progrès social.

Non seulement l'alternance ne s'est pas traduite par des avancées sociales mais le président de la République et le gouvernement s'inscrivent dans la continuité des politiques d'austérité initiées par la droite, au profit du patronat et des possédants. Cela engendre colère, désillusion et défiance à l'égard du politique.

Comme le démontrent les municipales, ce climat délétère conduit en particulier à une montée de la droite la plus réactionnaire, de l'extrême droite raciste et xénophobe. Ces forces se nourrissent de la désespérance sociale et des renoncements de la majorité gouvernementale.

Elles comptent bien remettre en cause toute les conquêtes sociales des salariés et menacer la démocratie. Face à cette situation, les forces de progrès doivent passer à l'offensive. Dans ce cadre, les responsabilités du mouvement syndical sont particulièrement importantes. Le syndicalisme doit alimenter le débat au sein du monde du travail sur l'urgence et la possibilité d'opérer d'autres choix en matière économique, sociale et environnementale.

La manne des plus de 230 milliards d'euros de fonds publics dont bénéficient les entreprises constitue de ce point de vue un gisement considérable de moyens mobilisables pour une autre politique.

Il doit rassembler les salariés, retraités, jeunes et privés d'emploi pour construire les luttes et développer le rapport de forces indispensable pour en finir avec l'austérité. Cette construction doit s'opérer en premier lieu dans l'entreprise, au cœur de la confrontation de classe et de l'affrontement des intérêts antagonistes du patronat et des travailleurs.

Elle doit s'ancrer autour du travail et des enjeux dont il est porteur en termes de création et de partage des richesses, de conditions de vie des salariés, d'émancipation. Il y a urgence à rompre avec les logiques capitalistes qui nous ont conduits à la crise actuelle ! Militantes et militants de la CGT, nous sommes déterminé-e-s à œuvrer en ce sens.

C'est au nom des urgences sociales et économiques que dans plusieurs pays d'Europe, des forces de progrès s'unissent pour frayer une voie rassemblée face aux situations extrêmes vécues par les peuples. Cela nous conforte dans la recherche en France de ces voies de rassemblement. Ce n'est certes pas le chemin le plus facile mais renoncer serait laisser grande ouverte la voie aux stratégies d'accompagnement, au bénéfice du capital et de l'extrême droite, qui progresse partout sur le continent.

Nous estimons également indispensable de poursuivre la construction d'un syndicalisme de lutte et de transformation sociale progressiste, y compris en créant les conditions d'un rassemblement des organisations qui agissent dans ce sens.

Nous pensons que la stratégie unitaire du syndicalisme doit être fondée sur la volonté de retrouver la voie des conquêtes sociales, sur la défense farouche du fruit des luttes et donc sur le refus de négocier les conditions des reculs sociaux.

La bataille contre le pacte de responsabilité est de ce fait une priorité de la période et, en ce sens, nous réitérons notre attachement à la Sécurité sociale basée sur le salaire socialisé et la solidarité intergénérationnelle. Nous revendiquons l'indépendance du syndicalisme. Dans le respect du rôle et des prérogatives de chacun, nous jugeons incontournable de contribuer à la construction de réponses politiques à la hauteur des enjeux.

La situation historique dans laquelle nous sommes appelle la mise en mouvement convergente de tous ceux qui veulent agir pour trouver une issue à la crise. Dans cette perspective, il y a urgence à développer le dialogue et les convergences entre le syndicalisme et les forces de gauche portant l'ambition de transformer la société.

Un tel dialogue et de telles convergences, arrimés au développement des luttes sociales et politiques, ont été la condition des grandes phases d'avancées sociales de notre histoire récente (conquêtes du Front populaire ; mise en œuvre du programme du Conseil national de la Résistance à la Libération ; avancées sociales du début des années 1980).

C'est à partir de cette vision des enjeux de la période que nous nous engageons dans l'appel à manifester le 12 avril sous le mot d'ordre "Maintenant ça suffit ! Marchons contre l'austérité, pour l'égalité et le partage des richesses"

Cet appel rassemblant personnalités et forces du mouvement social, associatif, politique et syndical est à nos yeux une étape importante pour rouvrir le champ des possibles et faire grandir l'ambition collective de la transformation sociale.

Appel collectif de syndicalistes (1). Pourquoi les salariés doivent-ils manifester le 12 avril ?

(1) Les signataires : Jean-Marc Canon ; Mireille Chessa ; Christophe Couderc ; Christophe Delecourt ; Lina Desanti ; Pascal Joly ; Denis Lalys ; Valérie Lesage ; Daniel Sanchez ; Baptiste Talbot ; Céline Verzeletti ; Gisèle Vidallet.

 

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3 mars 2012 6 03 /03 /mars /2012 09:21

header_article_tmpphpG698Ll.jpgNous reproduisons ci-dessous une analyse d'un camarade cgt syndicaliste libertaire de Lyon sur l'organisation des chômeurs et précaires dans les syndicats. Nous rejoignons la plupart de ses analyses (voir nos articles sur le sujet). Cependant, il faut souligner que l'action de terrain permet souvent de décoincer des discussions qui tournent en rond (comme le prouvent les luttes des travailleurs er des privés d'emploi en général). Nous pensons aussi que le combat pour la défense et l'organisation syndicale des travailleurs précaires et privés d'emploi doit se mener avant tout en initiant le débat syndical sur l'arme du chômage et de la précarité pour faire baisser les conditions de vie et de travail des travailleurs "protégés", briser et diviser une unité des travailleurs qu'il nous reste à construire, etc... Bref, pour le dire autrement, nous pensons qu'avant de se poser la question des moyens syndicaux, il y a la question de l'orientation syndicale : d'abord le débat sur les orientations de fond de notre syndicat, ensuite les moyens que l'on se donne. En effet, nous savons d'expérience, les uns et les autres, que ce n'est pas l'invocation du combat interprofessionnel et de l'outil interprofessionnel qui fait participer le plus grand nombre de nos camarades Cgt à ce genre d'actions et de mobilisations des plus précaires mais bien la révolte et la pleine conscience politique d'éradiquer le chômage et toutes les formes de précarité comme étant la partie d'un même combat pour la defense et l'amélioration des conditions de travail et de vie des travailleurs-euses "protégés".

[Analyse] L’occupation de pôle emploi et la question du chômage et de la précarité dans les organisations syndicales.

Le mardi 17 janvier, une journée nationale d’action était organisé à l’appel de la CGT PEP (Précaire et privé d’emplois) et de collectifs autonomes de « chômeurEUSEs » était organisée.

A Lyon, cette journée s’est traduite par l’occupation de la direction territoriale de Pôle emploi par quelques dizaines de personnes, pour la plupart des travailleuses ou travailleurs sans emploi et/ou précaires.

Après un premier rassemblement au Pôle emploi de Charpennes, nous avons semé les policiers de la DCRI chargés de notre surveillance et avons occupé le siège territorial de Pôle emploi situé à Gorges de Loup. Celui-ci n’accueille pas de public mais hébergeait la commission paritaire chargé des recours. L’occupation a été l’occasion de mettre en lumière les enjeux que soulèvent la question du chômage et de la précarité au sein du mouvement syndical, qui prennent une importance encore plus particulière en cette période de crise et de chômage de masse.

En effet, l’occupation a interrompu la réunion paritaire, et une camarade de la CGT PEP a pris la parole pour énoncer les revendications d’ordre collectif (fin des radiations, non remboursement des trop perçus, prime de fin d’année de 500 euros, contre les ORE –« offres raisonnables d’emploi » (sic) que les travailleurEUSEs sans emploi sont obligé d’accepter sous peine de radiations au bout de trois refus….).

C’est alors que le commissaire paritaire CGT a pris la parole pour dire qu’il n’avait pas été prévenu de l’occupation, et qu’il considérait celle-ci comme malvenue et illégitime, alors même que les représentants patronaux étaient encore présent-e-s ! Une telle réaction a suscité une indignation légitime des « chômeurEUSES » et précaires en lutte.

Dans la confusion de la discussion, les représentants patronaux ont pris la tangente…

Cette situation met en lumière plusieurs choses :

- La question du chômage et de la précarité au sein des organisations syndicales, fait l’objet d’approches différentes et parfois contradictoires : une approche gestionnaire, à travers le paritarisme, qui peut facilement glisser de la défense des travailleurs et travailleuses sans emploi à leur gestion comme « usagers » de Pôle emploi, gestion qui intègre la logique patronale du « bon » et du « mauvais » «chômeur ».

- L’absence de prise en charge réellement intrepro de la question, ou au moins son insuffisance. Cela aboutit à ce que les travailleuses et travailleurs précaires ou sans emploi soient cantonnés « à part », la CGT PEP, qui a le mérite de défendre leurs intérêts spécifiques (souvent minorés dans un certains nombre de syndicats de branches), mais qui les isole des syndicats d’industrie, et des structures interpro. Une action comme celle du 17 aurait dû susciter une mobilisation de l’ensemble des syndicats CGT. Pour cela il faut que chaque syndicat prenne en charge de manière claire et déterminée la lutte contre la précarité, et que les structures interpro se fassent le relais de ces initiatives et organisent la coordination de l'action syndicale sur ce terrain.

 

Cette situation est accrue par l’approche idéologique dominante de la question du chômage, tant dans les organisations syndicales, que dans les organisations de chômeurs.

Les « chômeuses et chômeurs » sont des travailleuses et des travailleurs sans emploi. Rappeler cette évidence c'est casser la logique de division patronale, qui vise à diviser les travailleuses et travailleurs selon qu'ils aient un emploi ou non. Il ne s'agit pas ici de fétichiser le travail, ou de faire du travail l’élément de mesure dus tatut social mais de reconnaître que tous les chômeurs et chômeuses travaillent à un moment ou à un autre ou ont travaillé.

Le terme « chômeur », comme le terme salarié, renvoie à une connotation passive. Son utilisation permet d’alimenter le discours de « l’assistanat ». Alors que les travailleuses et travailleurs sans emploi ou précaires produisent des richesses (qu’elles soient valorisées ou non dans le système capitaliste), participent à la vie sociale, la rhétorique patronale les isole du reste du prolétariat.

La situation n'est pas la même dans tous les pays :

En témoigne la situation de l'Argentine, le terme « trabajojes desoccupado » désigne les travailleurs et travailleuses sans emploi. Les MTD (mouvement de travailleurs et travailleuses sans emploi) sont l’équivalent des « mouvements de chômeurs » en France. Ils mènent des actions directes (coupages de route, « piquets »…) en lien avec les autres « organisations de base », dont des organisations syndicales de base. Leur autonomie est articulée dans une vision lutte de classe.

En France, le développement des organisations autonomes de chômeurs est lié historiquement aux carences de la plupart des organisations syndicales quant aux problématiques spécifiques des travailleuses et travailleurs sans emploi, ainsi qu’à l’insuffisance prise en compte de la question de la précarité par les structures de branches et les structures interpro.

En cela les « organisations autonomes de chômeurs » ont représenté une réponse salutaire à cette carence. Mais malheureusement, leur développement a entériné le statut quo et a renforcé l’isolement des travailleurs et travailleuses précaires et sans emploi par rapport au reste du prolétariat. Il ne s'agit pas d'en faire porter la responsabilité sur ces organisations où les personnes qui s'y retrouvent mais de souligner les problèmes que posent la logique idéologique qui l'a accompagnée.

Le meilleur moyen de lutter contre cet isolement c'est de lutter dans les syndicats pour que celles et ceux-ci organisent l'ensemble du prolétariat sur la base de ses intérêts, et non principalement les salariés statutaires ou en CDI. C'est aussi de penser l'articulation entre des espaces d'organisation spécifiques (coordination sur les questions chômage/précarité au sein des syndicat) et les structures de branche ou interpro.

C'est enfin de développer une approche de classe de la question du chômage et de la précarité, qui ne voit pas les travailleuses et travailleurs sans emploi comme responsable de leur situation, qui ne vise pas à les « gérer », mais réaffirme que les allocations chômage sont un dû car elles sont partie intégrante du salaire, en tant que salaire différé. Que le salaire n'est pas une obole que nous fait le patron sur ses richesses mais que c'est la part qu'il nous laisse après s'être approprié notre travail sous la forme de la plus value.

Que dès lors la lutte pour le versement des allocations, leur augmentation, le non remboursement des trop perçus, les primes, la fin des radiations, sont un des aspects de la lutte générale du mouvement ouvrier et syndical pour l'augmentation des salaires, l'un des axes de la lutte des classes. Qu'elle s'articule avec la lutte contre les exonérations de cotisations, qui s'articulent avec la casse de la sécu (dont l'assurance chômage) et donc la politique de traque des chômeurs.

Un militant syndicaliste libertaire CGT

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25 février 2012 6 25 /02 /février /2012 21:26

homepagefrokbis.jpgNous reproduisons ci-dessous la déclaration du Front Syndical de Classe (FSC) en vue de la journée d'action européenne du 29 février, appelée par la Confédération Européenne des Syndicats (CES). Voir aussi l'appel du CCN de la Cgt des 1er et 2 février derniers ici. Nous partageons bon nombre de remarques du FSC concernant les illusions entretenues d'une Europe sociale possible dans le cadre des traités fondateurs qui ont abouti à l'Union Européenne d'aujourd'hui, déclinaison institutionnelle continentale de la mondialisation de l'exploitation et de la domination des capitalistes. Ou le rappel des luttes et de l'action directe des travailleurs et travailleuses comme force déterminante dans l'obtention de protections et droits sociaux.

Pour autant, la CES organise l'essentiel du mouvement syndical européen. Cela signifie que la CES est, dans ses syndicats nationaux, traversée aussi par des contradictions, des débats et des divergences d'appréciation sur la conception de la lutte syndicale à mener à l'échelle nationale et européenne. Mais ces divergences n'apparaissent pas au niveau des structures de la CES, véritable bureaucratie stipendiée par l'UE, dont le siège à Bruxelles (une grande tour d'ivoire...) fait face à l'UNICE, le patronat européen.

Toutes les dates de mobilisations intersyndicales nationale et/ou européenne ne sont ce qu'en font les syndicats Cgt, dans les fédérations, les UD et les Unions locales. Certes, nous savons qu'une direction confédérale axée sur une logique d'affrontement avec le patronat et les institutions étatiques, dont l'énergie principale serait dépensée à impulser, coordonner et unifier les mouvements revendicatifs locaux et/ou sectoriels, cela changerait bien des choses. Mais on ne peut réduire les défaites enregistrées ces 30 dernières années à la seule responsabilité des directions syndicales. Elles sont quoiqu'on le veuille, le reflet pour partie des syndiqués, de leur niveau de conscience. En cela, nous avons une appréciation quelque peu différente des camarades du FSC. 

Nous le savons, nous le voyons autour de nous, les collègues de travail, les collègues syndiqués, a fortiori de la Cgt ne sont pas imperméables à l'idéologie dominante et au There is no alternative de Tatcher and Co dans les années 1980. 

Nous avons les uns et les autres à reprendre le chemin de la lutte et du débat idéologique, c'est-à-dire du projet de société alternatif à opposer au capitalisme et à sa techno-bureaucratie qui tient lieu de représentation "démocratique" de nos jours. Sans tomber dans l'excès de discussions politiques qui ne seraient plus comprises par nos collègues de travail et dans nos syndicats. En revanche, c'est bien dans les luttes, dans les mobilisations, dans toutes les micro résistances du quotidien au travail que nous avons la responsabilité (et c'est souvent le plus difficile) de mettre en lumière les responsables de nos malheurs, l'organisation du travail aliénante, la philosophie politique qui est derrière tout cela et essaimer des orientations de rupture avec le système capitaliste (contrôle des travailleurs sur l'économie vers la socialisation complète, que nous nommons pour notre part une économie autogestionnaire planifiée par les conseils de travailleurs et la population).

Ne pas mener ce combat là aussi, c'est désarmer les travailleurs et travailleuses, ne leur offrir comme repères "politiques" que ceux de l'extrême droite ou des libéraux conservateurs. Ou pire, les conduire à l'impuissance  malgré une révolte de fond, comme en Grèce, où aucun front syndical, social et politique unitaire ne se dégage et n'est en capacité d'incarner à une échelle de masse une alternative.

Pour revenir aux manifestations du 29 février prochains, nous en serons certes. Comme pour les manifestations et les grèves du 11 octobre dernier. A cette époque, nous évoquions déjà un gauchissement de bon nombre de syndicats et structures territoriales Cgt (UL et UD) qui s'emparaient en le retravaillant à leur sauce l'appel intersyndical au sommet, voire les propres tracts confédéraux. 

Mais, le gauchissement d'une partie de la Cgt ne veut pas dire automatiquement une conscientatisation accrue sur les orientations majeures de notre confédération, orientations souvent mal "digérées" et qui passent au dessus de la tête de la plupart de nos collègues syndiqués (voir ici notre analyse des 10 propositions de la Cgt pour sortir de la crise). Or, nous ne pourrons pas avancer sans une implication plus importante et conséquente des secteurs gauche de la Cgt, quelqu'ils soient, dans leurs fédérations respectives, dans leurs unions départementales et locales. 

Les partisans d'un syndicalisme réformiste et/ou d'accompagnement au sein de notre confédération trustent la plupart des mandats confédéraux, pros et interpros. Ils sont pour partie repérsentatifs d'un courant de syndiqués au sein de notre confédération comme ils et elles occupent ces postes à responsabilité par consumérisme de la majorité de nos collègues syndiqués ET aussi parce que la majorité des syndicats qui font partie de ce que l'on pourrait nommer  "la gauche Cgt", restent dans leur précarré et ne prennent pas de responsabilités sur la base d'orientations alternatives clairement exprimées dans les organes statutaires que sont nos congrès syndicaux.

Alors, oui dans la rue le 29 février (voir carte des manifestations ici) pour exprimer notre refus de tous les plans d'austérité MAIS aussi pour refuser de payer la dette, contrairement à ce que défend la CES et l'appel intersyndical national qui en découle. Ni effort partagé entre actionnaires et salariés, ni audit d'une dette qui serait légitime et une autre illégitime. Nous n'avons pas à payer, à être responsables d'une politique libérale délibérée depuis le milieu des années 1970, de nos gouvernements qui nous ont endettés en toute cosncience auprès de créanciers privés qui n'en demandaient pas tant ! Et c'est bien normal, car la classe politique actuellle comme les milieux du capitalisme financier ne font qu'un.

Des syndicats, des unions territoriales Cgt ont pris et prennent position, après de vrais débats avec les syndiqués pour dénoncer la légitimité de payer la dette. il faut poursuivre dans cette voie là car l'explication de l'illégitimité de la dette soulève de fait une nécessaire analyse de l'évolution du capitalisme de ces 30 dernières années et donc des politiques menées. Le refus de payer la dette ne peut qu'amener à nous reposer avec force et nécessité dans la Cgt et au delà, la question du pouvoir des travailleurs et travailleuses sur l'économie et l'organisation politique de la société. et par voie de conséquence de la nature, des moyens et des buts de l'organisation syndicale à construire.

 

 

 

 

 

logo-FSCDéclaration du Front syndical de classe

Toujours le mirage de l’Europe sociale

Le texte intersyndical d'appel à la journée du 29 février indique : "Pour une Europe sociale fondée sur la solidarité, la justice et la cohésion sociale, les organisations syndicales CGT, FSU, Solidaires, UNSA s’engagent dans cette mobilisation en y impliquant largement tous les salariés, partout dans les entreprises et les administrations. Elles appellent à faire du 29 février une puissante journée d’actions passant notamment par des rassemblements et des manifestations interprofessionnelles. "

La CFDT quant à elle, « refusant une mobilisation à caractère politique sur les enjeux nationaux, n’appelle pas, au niveau national, à des arrêts de travail (...) préférant mener des initiatives dans les régions en s’adressant massivement aux salariés sur les problématiques européennes ».

Pas d'appel donc à la grève de l'intersyndicale et un positionnement des uns et des autres finalement peu mobilisateur. Et toujours la révérence affirmée envers la Confédération Européenne des Syndicats et « l'Europe sociale ». Faut-il rappeler que l'UE depuis son origine est construite par et pour les grands groupes capitalistes ? Que la CES a soutenu le projet de constitution européenne en 2005, puis le traité de Lisbonne et qu'elle est pour le moins ambiguë sur le gravissime projet de Mécanisme Européen de Stabilité (MES), appelant seulement comme d'habitude à y joindre un « volet social » ? Et que l’accompagnement syndical des régressions au nom de la négociation du moindre mal débouche toujours sur le pire pour les peuples comme la situation en Grèce et bientôt dans toute l'Europe le démontre une fois de plus ?

Mais la violence des politiques anti-sociales est telle que malgré tout, de nombreuses structures de base de nombreux militants de la CGT, contournant le mièvre appel intersyndical national, ont fait état de leur volonté de s’adresser directement aux salariés et aux adhérents de base des autres organisations à partir d’appels fermes à la grève et que cela a trouvé un reflet dans les structures de direction de la CGT (CCN et Union régionale d’Ile de France par exemple). Il s’agit là d’une toute autre démarche que celle du "syndicalisme rassemblé" au sommet facteur de paralysie et d’inaction, d’alignement sur les dirigeants CFDT et de la CES. La CGT animée par ses militants et structures de base renoue ainsi avec son indépendance d’expression et sa capacité de mobilisation et d’entraînement !

Il reste d’ailleurs à tirer les enseignements de l’échec de la stratégie actée depuis plus de 10 ans et à changer durablement d’orientation !

 

Le peuple grec et nous

Tandis que la CES remarque sans rire que « les conditions économiquement insupportables et socialement insoutenables imposées à la Grèce soulèvent également de graves questions quant au respect des principes et valeurs fondamentaux de l’UE », le peuple grec expérimente dans sa chair le contenu de « l'Europe sociale » !

Tandis que la misère et la catastrophe sociale s’installent après x plans d’austérité, ce n’est toujours pas assez, l’Union européenne, le président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, les ministres des finances de l’Union monétaire, mettent le pays sous tutelle directe des grandes banques et exigent encore plus de sacrifices, moins de salaires (jusqu’à 50% de baisse !!!), moins d’hôpitaux, moins de retraites… !

Tandis que des enfants perdent connaissance en classe par inanition !

Et qu’un immense cinéaste meurt dans la rue parce que des ambulances sont successivement tombées en panne !

Courir après l’Europe sociale, c’est au pire camoufler, au mieux ne pas comprendre que les classes dirigeantes ont décidé de faire payer aux peuples la crise de leur système, des banques et des marchés financiers ! Elles ont décidé non seulement de revenir sur tous les acquis arrachés de longue lutte par les travailleurs mais d'achever l’œuvre des « pères de l'Europe » : construire un espace anti-démocratique au service du capital à l'abri des peuples et de leur souveraineté.

La Grèce est le terrain d’expérimentation de ce qu'ils peuvent faire subir à un peuple dont on détruit les conditions de vie et le pays.

En Grèce comme en France, toutes les jérémiades sur "l’Europe sociale" n’y feront rien : seule la lutte déterminée, coordonnée, rassemblée, unie du peuple dans toutes ses composantes peut mettre fin à cette spirale infernale et ouvrir la voie à une véritable politique sociale et à l’espoir d’une véritable politique alternative !

C’est de cette vérité là qu’il faut partir ! Ce à quoi il faut donc s’atteler, c’est à créer les conditions de ce "TOUS ENSEMBLE EN MEME TEMPS ! ". En en finissant avec les mensonges sur le "dialogue social", la "concertation", la comédie des "partenaires sociaux" et les impasses de l’unité syndicale de sommet privilégiant l’alliance avec les dirigeants de la CFDT qui n’a conduit qu’à des échecs.

Et c’est donc encore une fois, l’orientation réformiste prise dans le milieu des années 90 par la direction confédérale de la CGT qui est en cause. La crise du système et son aggravation rendant ces choix totalement obsolètes et tournant le dos aux exigences du moment comme à l’intérêt des travailleurs. Et oui, c’est bien d'orientation qu’il faut changer pour renouer avec la lutte de classe, base de l'unité et des victoires des travailleurs ! Comme l'expliquait Henri Krasucki, ancien secrétaire général de la CGT : « renoncer à mener la lutte de classe équivaudrait pour la classe ouvrière à se livrer pieds et mains liés à l’exploitation et à l’écrasement ! ».

Alors participons donc aux mobilisations, aux rassemblements, aux prises de parole, aux grèves de ce 29 février pour que se construisent effectivement les conditions du TOUS ENSEMBLE contre l'euro-dictature du capital financier, contre les banksters et les affameurs !

 

Dès qu'ils le peuvent, les banksters étranglent les peuples.

Aucune avancée sociale n’a été généreusement octroyée à la classe ouvrière et au peuple, c'est par le rapport de force qu'elles ont été arrachées ! En 36, en 45 ou en 68, ce sont les luttes, les grèves et les occupations d’usine qui ont permis de gagner congés payés, retraites, conventions collectives, nationalisations...

Le Front Syndical de Classe, 21 février 2012

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15 octobre 2011 6 15 /10 /octobre /2011 07:51

logo-FSC.jpgNous reproduisons ici le compte rendu des camarades du Front Syndical de classe sur la manifesttaion du 11 octobre à Amiens, appelée par la Cgt Goodyear.

Nous publierons dans les prochains jours notre bilan des manifs et grèves du 11 octobre, les questions qui se posent aujourd'hui au sein de la Cgt.

 

 

 

 

11 octobre rassemblement avec les Goodyear d’Amiens, manifestation à Rueil en novembre

 

 

 Pour l’action du 11 octobre les Goodyear d’Amiens avaient invité l’ensemble des salariés à manifester pour leurs propres revendications et exprimer en même temps leur solidarité avec leur propre lutte : pour le maintien du site Amiens nord et contre la répression syndicale qui concerne les 4 principaux dirigeants du syndicat CGT : Mickaël Wamen, secrétaire du syndicat, Franck Jurek, Sébastien Lupo et Reynald Jurek.

 

 

 

3 à 400 participants où se mêlaient représentants de la fédération de la chimie CGT, cheminots, enseignants de la FSU salariés de Dunlop, étudiants de l’UNEF mais aussi quelques militants de la CFDT et de l’UNSA. Sans oublier les représentants politiques, PCF, Parti de gauche, NPA comme les militants du journal local "Fakir" qui proclamait en plein déferlement des primaires socialistes en un clin d’œil à 1936 "Aussitôt élus… on les pousse au cul ! ".

 

Comme pour répondre d’avance au journal de France2 du jour et à la une du Courrier picard du même jour, commentant le mouvement revendicatif du 11 octobre, qui claironnaient tous deux oh hasard !, " Les salariés préfèrent les urnes à la rue" pour faire valoir leurs revendications.

 

Un souhait qui fleure bon.

 

 

 

De l’intervention des Goodyear, retenons les points saillants suivants :

 

(contenu de l’intervention exhaustive à l’adresse :

 

http://www.cgt-goodyear-nord.fr/?news/2011/10/12/962-declaration-de-la-cgt-goodyear-le-11-octobre-2011)

 

 

 

le point le plus marquant du rassemblement c’est la présence de salariés de l’usine Dunlop (100 salariés) dite Amiens sud qui jouxte l’usine d’Amiens Nord à qui a été imposé les 4X8, suite à une véritable trahison syndicale malgré leur vote contre très largement majoritaire avec de très lourdes conséquences pour la vie familiale des salariés, la montée de l’absentéisme, l’augmentation impressionnante des rebus de production (500 par jour) et au total un affaiblissement de la qualité de la production.

 

Les salariés et les militants sont dans l’attente du jugement de l’Inspection du travail relative à la mise à pied des 4 militants et à la procédure de licenciement.

 

L’objectif de la direction de la multinationale Goodyear c’est la fermeture ET du site d’Amiens Nord (1390 salariés) Et de Dunlop, la direction n’osant pas en faire l’annonce de peur que les ouvriers des deux sites ne finissent par mener la lutte TOUS ENSEMBLE.

 

 

 

De ce point de vue, c’est la résistance des Goodyear d’Amiens nord qui garantit pour l’heure la pérennité de l’emploi des Dunlop, mais seule la lutte commune pourra tenir en respect la multinationale et l’empêcher de mener à bien son projet de délocalisation.

 

Le TOUS ENSEMBLE c’est aussi ça !

 

 

 

demande de la mise en œuvre d’une journée interprofessionnelle avec un rassemblement devant le siège de Goodyear France à Rueil, prévue en novembre, la responsabilité de la direction confédérale de la cgt étant de ce point de vue concernée.

 

La CGT Goodyear Amiens a fait la preuve de la rentabilité de l’entreprise (l’activité farm dégageant plus de 500 millions d’euros de chiffre d’affaires), et que la reprise envisagée par le groupe Titan de cette activité, ne leur côuterait …. que moins de 2 millions d’euros !!!

 

Signe inconstestable que ledit groupe est en fait chargé de la liquidation pure et simple de cette division !

 

 

 

Seules la résistance et la lutte sont payantes !

 

 

 

Preuve est aussi faite que pour les multinationales, les entreprises du CAC 40, le critère ce n’est pas l’attitude des salariés. Pour augmenter leurs marges ils exercent le chantage : " si vous n’acceptez pas les 4X8, si vous n’acceptez pas des diminutions de salaires, si vous ne devenez pas flexibles … nous fermons, nous délocalisons".

 

Mais on a bien vu à maintes occasions que la soumission à ce chantage n’a pas empêché les fermetures d’entreprise.

 

Pour une raison fondamentale : leurs décisions de fermer ne correspond qu’à un seul critère : le profit, et le profit et encore le profit.

 

C’est pourquoi céder c’est la pire des solutions et la résistance solidaire la seule attitude efficace comme précisément le prouve la lutte des Goodyaer d’Amiens qui depuis 4 ans ont préservé leurs emplois en combinant lutte de masse et lutte juridique.

 

 

 

 

 

Au cours du rassemblement le Front Syndical de Classe a également pris la parole avec l’intervention suivante :

 

 

 

" En premier lieu nous voulons redire notre solidarité avec la lutte des Goodyear, le soutien à leurs militants menacés.

 

La preuve a été ici faite que c’est la lutte qui paie contre le chantage aux délocalisations,à la flexibilité sous toutes ses formes et contre la pédagogie du renoncement.

 

Dans le moment que nous traversons, ce moment de crise profonde où en guise de dialogue social et de négociations, ce que le patronat et le pouvoir politique, les banques et l’Union européenne ont à offrir ce sont les plans de rigueur, le recul des salaires, les fermetures d’entreprise et la démolition des services publics.

 

MAIS, ce serait une illusion mortelle d’attendre du résultat des prochaines présidentielles que le changement où des changements positifs adviennent !

 

Quelle qu’en soit l’issue !

 

Ce qui compte, et ce qui va compter, c’est notre intervention, ce sont nos luttes !

 

Maintenant, demain et immédiatement après mai 2012 !

 

Et souvenons nous que si la victoire de la gauche en 1936 a contenu et empêché le triomphe du fascisme de l’intérieur, ce sont les grèves et les occupations d’usine qui ont donné les congés payés.

 

 

 

Ne perdons jamais de vue cela !

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1 octobre 2011 6 01 /10 /octobre /2011 11:20

Photo0048Nous reproduisons ci-dessous un article des camarades Cgt qui animent le blog Où va la Cgt ? concernant les réactions Cgt à la suite du dernier Comité Central d'Entreprise de PSA.

Comme nous l'écrivions aussi en juillet dernier, la lutte est à l'ordre du jour mais sur quelles bases et avec quelles armes ? Sur la base des revendications des ouvriers de la maison mère et des sous-traitants, au niveau national et international, c'est-à-dire qu'il est contre-productif (c'est le cas de le dire!) de se mettre en mouvement pour qu'il y ait un autre véhicule de produit à Aulnay. La question n'est pas là (du moins, c'est aux patrons d'y répondre pas à la Cgt et aux travailleurs), l'objectif revendicatif pour les syndicats, et en particulier pour la CGT, devrait être celle du respect de la dignité des travailleurs face à cette économie capitaliste inhumaine. Ce qui veut dire concrètement se battre a minima sur : zéro licenciement (y compris des CDD et intérimaires), baisse des cadences, réduction du temps de travail sans diminution de salaires. Rentrer dans la logique compétitive de la direction de PSA, c'est déjà avoir perdu comme l'ont démontré à l'inverse les camarades Cgt de Goodyear Amiens Nord quand ils n'ont pas accepté les chantages à l'emploi que leur faisait la direction et qui auraient conduit au démantèlement progressif de Goodyear Amiens Nord.

Sur les "armes" dont les camarades disposent : ce sont celles du syndicalisme de luttes de classes et interprofessionnel, à savoir la coordination des entreprises du même secteur touchés par des plans de restructuration/licenciements, la lutte pour un soutien le plus large possible sur des objectifs atteignables de mobilisation dans les localités d'abord des entreprises concernées (via les unions locales et départementales Cgt) à l'image de ce que tentent de faire ceux de la Cgt de Goodyear Amiens pour le 11 octobre, l'élargissement de ce soutien à l'ensemble de la filière et de la branche concernéée (et là il  y a une vraie bataille à mener des syndicats Cgt d'enntreprise au sein de leurs fédérations Cgt de la Métallurgie et de la Chimie pour enclencher une dynamique de luttes).

 

 

 

PSA : une déclaration de guerre contre l'emploi

 

Nous reprenons aujourd’hui le titre des divers tracts diffusés par la CGT dans le groupe PSA, à l’issue du CCE extraordinaire qui s’est tenu la semaine dernière, autour de la GPEC, la Gestion Prévisionnelle de l’Emploi et des Compétences. La GPEC, vous savez, ce truc où on tente d’embarquer les syndicats dans la logique des réductions d’effectifs, des plans sociaux et des licenciements, au nom des contraintes du marché et de la concurrence.

 

Suite aux révélations de la CGT l’été dernier, on imaginait que le scandale allait mener la direction à un peu de prudence, en attendant les élections présidentielles, histoire de ne pas mettre de l’huile sur le feu pour ménager le gouvernement.

Depuis, il y a eu le plan social à PSA Madrid, annoncé début septembre et toujours en cours de négociation (jusqu’au 6 octobre) basé sur un sureffectif de 383 personnes, avec chômage technique, suspensions temporaires de contrats, mobilité et mutations… En Espagne, il n'y a pas les mêmes contraintes politiques qu'en France !

Mais voilà que la direction de PSA n’en reste pas là, et envisage carrément la diminution de l’effectif du groupe de 10% en France, par suppression des emplois intérimaires et autres mesures. D’ores et déjà, 300 suppressions d’intérimaires à Aulnay plus 115 suppressions d’emplois (en plus des 165 qui ont déjà eu lieu), 185 suppressions de postes à Melun avec licenciements secs si refus de mutation.

 

C’est la fébrilité dans le groupe et l’inquiétude parmi les salariés, on le serait à moins.

PSALaGarenne.jpg Les camarades de la CGT PSA La Garenne ont réagi en faisant le lien entre toutes les usines concernées, en particulier Aulnay, Sevelnord et Madrid (voir le tract ci-joint).

 

Par contre, on est plus que déçu du communiqué de la CGT du groupe :

« La direction vient d'annoncer 500 suppressions d'emplois de CDI et des centaines d'intérimaires sur 3 mois :

180 licenciements secs sur le site de Melun (usine de pièces détachées en cours de fermeture) si les salariés refusent les mutations forcées.

Sur Aulnay, 115 suppressions d'emplois de CDI, et 300 sur les 350 intérimaires. C'est une nouvelle étape de l'application du plan de fermeture de l'usine d'Aulnay qui confirme les propos de M. Varin affirmant qu'il n'y aura plus de production après 2014.

Pour la CGT, ces annonces sont un véritable scandale national. Après avoir bénéficié des milliards d'aide public qui ont permis à PSA de s'enrichir en traversant la crise, après avoir mis 11 milliards de côté, PSA demande encore de nouveaux sacrifices aux salariés. Il ne peut y avoir un double discours : d'un côté demander aux salariés de perdre leur travail et de l'autre claquer 200 millions € en rachat d'actions PSA.

Tout cet argent serait mieux utilisé socialement en maintenant les emplois plutôt que d'être mis dans la spéculation boursière.

Jean-Pierre Mercier DSC CGT PSA »

 

Pas un mot sur Madrid, alors qu’il s’agit du même plan de restructuration et que les camarades ont tous les détails du plan social sur l’usine espagnole (c’est nous-mêmes qui leur avons transmis la totalité des documents), et en plus cette référence à la spéculation boursière qui n’a aucun sens, dans la mesure où la restructuration du groupe PSA est évidemment lié à la guerre économique mondialisée, et pas à une quelconque « mauvaise gestion » spéculative…

Qui peut croire que PSA pourrait « mieux utiliser socialement l’argent pour maintenir les emplois » ?

 

De son côté, la CGT PSA Aulnay est tout aussi silencieuse sur le nouveau plan social à Madrid, alors qu'elle proteste à juste titre contre les nouvelles annonces du CCE et contre les attaques sur l'emploi contre Aulnay et Sevelnord... et qu'elle est également parfaitement informée de ce qui se passe en Espagne (voir les déclarations ICI, sur son blog, ou le tract ci-contre distribué à l'usine).

 

Scandale « national » ou scandale « international » ???

Comme le disent les camarades de La Garenne, l’heure est à la lutte commune, pour l’emploi, pour la réduction du temps de travail et des cadences. L’heure est à nous organiser ensemble, contre la barbarie de l’exploitation, pour un avenir meilleur. L’heure est à la solidarité internationale et pas au repli franco-français, et c’est pour cela que nous participerons au CITA en mai 2012, même si cela vient percuter la période des élections présidentielles et législatives où on va pouvoir vraiment discuter à fond de la société qu’il nous faut (sachant que ce ne sont pas ces élections qui vont changer grand'chose pour nous...).

 

 

 

Les suppressions d’emplois ouvriers à PSA entre 2002 et 2010:

 

Pour le CCE de jeudi dernier, la direction de PSA a transmis toute une série de documents statistiques indigestes, comme d’habitude, mais on peut en retirer par croisement quelques informations intéressantes…

 

Sans rentrer dans le détail, on remarque :

- Que sur l’ensemble des usines en France, il n’y a eu que 154 licenciements économiques d’ouvriers…

- Qu’il y a par contre eu 1900 départs dans le cadre de plans sociaux

- Qu’il y a eu 3855 départs à la retraite

- 4274 licenciements pour « autres causes » (inaptitude ? longue maladie ? disciplinaire ? etc.)

- 4749 démissions

- 950 décès

 

Formidable, non ? Pratiquement pas de licenciement économique… quelle direction extraordinaire, alors que l’effectif global ouvrier a diminué de 14 000 personnes en France et que chacun connaît la restructuration permanente qui sévit dans l'automobile.

 

Mais on trouve près de 9000 départs par démission ou licenciement « pour autre cause ». Nous on sait ce que c’est : la pression de la production, des petits chefs, le « nettoyage » des malades, les provocations qui se transforment en incidents, bref toutes ces méthodes bien rodées pour diminuer l’effectif officieusement sans faire de vagues…

 

Et puis il y a deux chiffres supplémentaires :

- 30 000 fins de CDD (oui, trente mille !!!)

- 5800 intérimaires de moins qu’en 2002

C’est l’illustration claire et nette de ce qu’on connaît bien dans ce secteur, la gestion de la crise par la précarité, la gestion des effectifs en flux tendus via l'intérim et les CDD, selon les variations de la conjoncture, l’ouvrier(e) n’étant qu’une variable d’ajustement structurelle, au mépris de sa nature d’être humain qui aspire à une vie normale pour lui ou sa famille.

 

 

Le capitalisme, c’est la barbarie. C’est ce que nous disons sur ce blog. Ça ne se réforme pas, ça se combat, et dans ce combat on s’organise pour une autre vie, où nous pourrons travailler à une production utile, où nous pourrons en finir avec la précarité, avec le travail à la chaîne, les horaires de cinglés qui nous détruisent le corps et le cerveau. C’est cela qui est à l'ordre du jour, à PSA comme ailleurs !

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21 juillet 2011 4 21 /07 /juillet /2011 20:47

manif-valenciennes.jpgNous reproduisons ci-dessous le compte-rendu réalisé par les camarades de Partisans du Blog Où va la Cgt ? et qui relate la manifestationn régionale appelée par l'UD Cgt du Nord et l'USTM (Union Syndicale des Travailleurs de la Métallurgie) Cgt Nord/Pas-de-calais Cgt le 7 juillet dernier à Valenciennes.

Nous partageons beaucoup des remarques de ces camarades (riposte coordonnée de tous les sites en France comme en Espagne, ne pas se placer sur le terrain gestionnaire des patrons et actionnaires mais poser les revendications à partir des intérêts immédiats et à long terme des travailleurs et travailleuses). Nous nous sommes déjà en partie exprimé là dessus (voir ici).

Enfin, la question soulevée par les camarades concernant le "produisons français" mérite effectivement que l'on s'y attarde. En effet, si l'on peut comprendre que le protectionnisme paraisse une solution immédiate face au dumping social et fiscal, on peut légitimement s'interroger sur la validité d'une telle orientation syndicale et politique. En effet, les capitalistes ne défendent pas un territoire, une région, leurs populations, ils défendent leurs profits et ce par tous les moyens. C'est leur pouvoir qu'il faut remettre en cause, et non les conditions inégales de production entre pays. Au fond, c'est comme si on revendiquait que les capitalistes soient les avocats des travailleurs et travailleuses, mais on ne vit pas dans le monde des bisousnours!

Cela étant dit, ce débat car il s'agit d'un débat de la plus haute importance au vu des réponses à la casse de l'outil industriel véhiculées de part et d'autre de l'échiquier politique, et où l'extrême droite est en embuscade à coups de slogans démagogiques, doit être mené sans sectarismes et anathèmes. Nous y reviendrons.

 

 

 

 

Valenciennes 7 juillet : préparer la bataille pour l'emploi

 

Les annonces de restructurations dans l’industrie automobile, en particulier chez PSA, a fait déborder le vase : dans une région déjà fortement sinistrée - forte précarité, chômage, salaires au rabais, absence d’avenir total en particulier pour les jeunes – les syndicats CGT Nord/Pas de Calais appelaient à la manifestation. Sortir de la crise pour le capitalisme, cela signifie à nouveau : concentration, disparition d’entreprise, externalisation, délocalisation.

L’ambiance de la manif à Valenciennes était combative et solidaire. Parmi les près de 1000 participants on retrouvait des délégations de travailleurs venus de PSA Mulhouse, de Renault Cléon, de MA-France (un sous-traitant de PSA), d’Alstom, de Bombardier, etc. Plus de quarante entreprises étaient représentées. Colère et inquiétude se faisaient sentir, mais on est déterminé Val 1à lutter contre tous les licenciements, pour le maintien de tous les emplois. Malheureusement pas de délégation de PSA Aulnay dans la manifestation, mais dans le même temps, un débrayage massif d’une heure regroupait sur place 600 ouvriers de l’équipe du matin, paralysant complètement la production.

Le tract des syndicats CGT de la région Nord/Pas de Calais était combatif. Il appelait à la grève et à la mobilisation, indiquant que l’enjeu c’était à nouveau la disparition de milliers d’emplois. Il s’opposait aux « discours et aux promesses » gouvernementaux et à regarder « la réalité en face ». C’est cette volonté de défendre l’emploi par une ample lutte qui s’exprimait dans les cortèges, sur les banderoles, dans les propos des uns et des autres.

Par ailleurs, la CGT du groupe PSA diffusait largement un tract de soutien à la lutte des camarades de Sevelnord et d'Aulnay - manque Madrid ???

 

La grande question c’est : Comment défendre l’emploi ?

Attendre les prochaines élections 2012, se fier aux politiciens bourgeois de droite comme de gauche ? Ou compter sur nos forces conscientes et organisées pour changer la donne, s’opposer à ce monde de crise, de misère et de souffrance ?

Une perspective se lisait ou s’entendait : il faudrait se mobiliser « pour imposer la fabrication d’un nouveau véhicule à PSA » ou « pour mener la bataille de l’automobile » (selon le tract d’appel). S’opposer aux restructurations capitalistes, défendre tous les emplois passent-ils par une collaboration à la gestion des entreprises capitalistes ? Peut-on imposer aux capitalistes d’autres choix dans une situation de crise de surproduction (notamment de véhicules) où les marchés européens sont en régression de 10 à 15% l’an ? Cette revendication, ne renferme-t-elle pas sur la région, sur la boîte ? Ne divise-t-elle pas le camp ouvrier ? Il faut des revendications sur une base de classe claire.

Les « Jeunes communistes » (liés au PCF) se souciaient de «l’économie française et de ses industries »... Une approche nationaliste et illusoire face à la production internationale d’un capitalisme mondialisé.

 

L’orientation de la bataille pour l’emploi doit s’opposer à la logique capitaliste et elle doit prendre l’initiative. La riposte doit être offensive et combative : zéro licenciement, maintien de tous les emplois, réduction du temps de travail ! Seul un rapport de force, sur des revendications unissant les travailleurs et leurs familles, mobilisant les régions et unifiant les secteurs en luttes et en révoltes contre la logique capitaliste a la chance de faire reculer capitalistes et politiciens bourgeois.

Un camarade de CGT PSA Mulhouse souhaitait retrouver l’esprit de la solidarité ouvrière dans les luttes à venir : « Nous sommes toutes et tous des ouvriers de PSA Aulnay et de Sevelnord ». Nous rajouterons « Nous sommes aussi toutes et tous des travailleurs de PSA Madrid Villaverde ! » C’est dans ce sens qu’était aussi diffusée dans la manifestation l’annonce du Conseil International des Travailleurs de l’Automobile (CITA) en Mai prochain à Munich, annonce qui a provoqué beaucoup d’intérêt parmi les manifestants.

 

Bien sûr, il faut aussi se poser la question : quelle est cette société qui brade les acquis ouvriers et l’avenir de la jeunesse ? Ne faut-il pas reconstruire une autre société ayant une autre logique et répartissant l’emploi, le temps de travail et les richesses tant au niveau local, que national et international ? Cela demande de rechercher ensemble des solutions politiques et une organisation politique …

Et c’est dans ce sens que les camarades qui animent ce blog diffusaient largement un tract dans la manifestation.

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14 avril 2011 4 14 /04 /avril /2011 12:35

 logo-antifa.jpgNous publions ci dessous le tract du CSR (Courant syndicaliste Révolutionnaire) de mars 2011.

Si nous souscrivons à la première partie concernant la pénétration de la thèse de la préférence nationale dans les rangs syndicaux et plus globalement chez les travailleurs-euses (voir ici les rapports entre proximité syndicale et proximité politique aux élections de mars), faute au passage d'avoir abandonnée en rase campagne toute velléité de coordination, d'unification et d'impulsion centrale des luttes contre les délocalisations et la casse de l'appareil de production en France, nous ne nous retrouvons pas en revanche dans la seconde partie qui avance que le syndicat est ou serait l'unique outil de réorganisation et de gestion d'une société de type communiste.

 

On ne peut en effet, réduire la question de l'alternative au capitalisme à celle d'un projet politique qui fait du syndicat le rôle dirigeant de tout processus de transformation sociale comme autrefois le Parti communiste dans sa version léniniste prétendait l'être.


Les composantes susceptibles de s'engager dans un processus de construction d'une alternative au capitalisme sont beaucoup plus larges que le syndicalisme, fut-il de classe. Ce dernier a certes un rôle à jouer, et un rôle capital parce qu'outil de résistance et de contre-offensive sur les lieux mêmes de l'exploitation capitaliste: l'entreprise. Mais nous ne pensons pas que les questions de délibération politique, de choix de société se circonscrivent  à une vue purement syndicale, partant des entreprises et du syndicat. C'est évacuer aussi le projet de société communiste lui-même, les bilans à tirer des expériences dramatiques du socialisme des pays de l'Est et de l'URSS, des phénomènes de bureaucratisation inhérents à tout type de processus révolutionnaire.


Pour autant, ces divergences ne nous interdisent pas de converger pour reconstruire un syndicalisme de lutte de classe, d'abord dans l'expérience même des luttes, qui permettent en général de vérifier les pratiques de terrain et les convergences entre militant-e-s, et de participer à la construction d'une alternative majoritaire dans la Cgt, et plus largement qui s'adresse et/avec l'ensemble du mouvement social.

 

 

 

Combattre le FN avec les outils du syndicalisme de classe

 

Les résultats électoraux du FN après ces élections cantonales laissent présager une candidature FN au second tour des présidentielles de 2012. De nouveau, on nous appellera au « sursaut républicain », à « l’Union sacrée pour défendre la démocratie ». De nouveau, les syndicalistes sont désemparés : comment est-ce possible ? que doit-on faire ?

De nouveau, il faut rappeler les évidences : la montée du vote FN parmi les classes populaires résulte de la situation sociale, conséquence des politiques de tous les gouvernements qui, depuis 30 ans, ont appliqué des mesures faites pour faciliter l’exploitation maximale des travailleurs par les classes bourgeoises.

 

Nouvelle stratégie syndicale du FN : l’entrisme ?

Ces élections ont aussi été l’occasion pour le FN de mettre en avant sa nouvelle stratégie syndicale. Après les échecs de création dans les années 90 de syndicats estampillés « FN », après l’échec de candidatures FN aux élections prud’homales de 2008, ce parti a décidé de mettre en avant des militants ayant des responsabilités syndicales. C’est un choix délibéré, en sachant parfaitement les réactions que cela allait provoquer : des exclusions. Le but est double : mettre au devant de la scène médiatique le FN et sa présidente avant les élections ; faire apparaître le FN comme un parti proche des travailleurs, doté d’un programme social.

 

Les réactions dans le syndicalisme

Les exclusions des syndicats de militants du FN se dévoilant publiquement, voire des syndicats qui les cautionnent sont salutaires. Elles montrent au FN qu’il aura des difficultés pour construire une tendance « frontiste » dans le mouvement syndical actuel. Son association : le Cercle National de Défense des Travailleurs Salariés ne réussira pas à peser sur le salariat, et ne pourra se transformer en syndicat. Toutefois le syndicalisme de classe se doit d’être intransigeant face à l’utilisation de ce cercle comme embryon d’une tendance intersyndicale.

Notre première réaction doit donc être dirigée contre les militants FN et autres groupes d’extrême droite tentant de faire de l’entrisme. La seconde réaction doit être de sensibiliser les syndiqués qui, de plus en plus nombreux, partagent la thèse centrale du FN, celle de la préférence nationale. Elle consiste à « former les adhérents », « leur expliquer que le FN est l’ennemi des travailleurs »,… Cela dit, l’état des forces du syndicalisme actuellement rend impossible la formation de masse de ses adhérents, sans parler des millions de salariés non syndiqués. Cette orientation, certes nécessaire, risque d’être inefficace car elle ne s’attaque pas au fond de la question.

 

Redonner une perspective politique anticapitaliste au syndicalisme

C’est fondamentalement la désespérance et l’absence de perspective politique qui expliquent cette montée et un possible enracinement du FN parmi les travailleurs. C’est l’échec de la politique électoraliste des organisations politiques anticapitalistes qui ont eu une base de masse dans le prolétariat, comme le PCF, ou une présence bien moindre pour d’autres (l’extrême gauche : LO, NPA, POI,…). Et c’est au final l’échec du syndicalisme de classe qui a sous-traité depuis 90 ans aux partis politiques, censés représenter les travailleurs, son projet politique d’origine inscrit dans la Charte d’Amiens de la CGT en 1906 : le syndicalisme comme outil, non seulement de lutte quotidienne pour améliorer le sort des prolétaires, mais aussi d’émancipation pour construire une société socialiste à l’échelle mondiale.

 

OUI, le syndicalisme de classe est légitime pour défendre une véritable perspective politique, strictement à l’opposé de la cuisine électorale. Cela veut dire qu’il est légitime pour poser la question centrale de toute société : quelle est la classe sociale qui doit diriger ? Celle qui crée les richesses et qui représente l’immense majorité de la population ou celle minoritaire qui l’exploite (les capitalistes et les élites sociales bourgeoises) ?

OUI, le syndicalisme de classe est légitime pour affirmer qu’il dispose, étant la seule organisation naturelle des travailleurs, des outils nécessaires pour construire cette société socialiste et anticapitaliste, pour détruire l’exploitation, la domination, les guerres, pour empêcher la destruction de l’environnement,…

 

Ces outils, il les a construits depuis plus d’un siècle :

- ses bourses du travail que sont aujourd’hui les unions locales et départementales. Elles représentent la solidarité interprofessionnelle des créateurs de richesses. Elles sont les outils pour gérer localement la répartition des richesses, les services publics et décider du développement d’activités utiles au plus grand nombre (coopératives, activités de sociabilités autonomes à la société de consommation,...).

-  ses syndicats locaux de branche : solidarité des travailleurs de la même branche mais d’entreprises différentes, afin d’en finir avec le "patriotisme d’entreprise". Unis dans leurs fédérations nationales de branche, leur but final est de gérer les entreprises et les services publics en tenant compte des intérêts de l’immense majorité. En coopérant avec les fédérations de branche d’autres pays, ils pourront décider de la répartition de la production des richesses au niveau mondial. Ils pourront ainsi garantir la solidarité internationale de tous les travailleurs, quelque soit le pays dont ils viennent, et quelque soit le pays où ils travaillent, garantissant les bases de l’égalité.

- recréer et renforcer des organisations qui s’occupent de la vie des travailleurs en dehors du travail : la santé, le logement, la culture, le sport, la consommation, l’entraide,… Ces organisations permanentes (mutuelles, associations de consommateurs et de locataires, clubs populaires sportifs, coopératives, sécurité sociale…) doivent permettre de combattre les effets du capitalisme dans tous ces domaines, de construire une contre-culture et un autre type de vie que le "tout consommation". C’est possible si elles sont en relation permanente avec les unions locales, les syndicats et les fédérations de branche. Elles permettront alors de créer des liens sociaux anticapitalistes, redonnant de l’espoir par la solidarité quotidienne.

- une confédération syndicale de classe coordonnant le tout pour planifier la production et la répartition des richesses. Il reviendra alors aux travailleurs, avec ces outils, de décider : que produire ? comment le produire ? avec quoi le produire ? où le produire ?

 

Sur ces bases, qu’il n’aurait jamais dû quitter, le syndicalisme de classe sera alors capable d’assurer l’unité des travailleurs. En effet, conscients que l’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes, nous devons construire nos propres outils pour qu’enfin le socialisme ne soit pas un vain mot exploité et dévoyé par des groupements politiques, philosophiques et religieux.

La bataille pour l’unification du syndicalisme de classe est bien une priorité pour redonner une perspective anti-capitaliste.

Ainsi, le désespoir et l’absence de perspective d’une vie meilleure seront alors combattus avec autre chose que des mots ronflants et des déclarations de larmoyantes. Cette orientation, l’auto-organisation pour notre projet politique, le Socialisme, nous donnera les outils pour mener la véritable bataille contre l’extrême droite. Les partis qui portent le slogan de la préférence nationale, arme de guerre contre tous les travailleurs, trouveront un ennemi de taille capable de les abattre car menant l’affrontement sur son propre terrain et ayant sa propre stratégie.

 

Tous ces outils d’émancipation, le syndicalisme de classe les possèdent déjà, même s’ils sont en plus ou moins bon état. C’est au renforcement et à l’amélioration de ces outils, dans une seule confédération de classe, que nous devons nous atteler sans tarder.

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2 mars 2010 2 02 /03 /mars /2010 16:17

Ci-dessous, l'analyse portée par le courant Continuer la Cgt à l'issue du 49ème congrès. Nous rappelons à nos lecteurs et lectrices que nous ne nous reconnaissons pas obligatoirement dans tout ce qui est écrit. Pour autant, nous partageons les objectifs immédiats que veut se donner Continuer la Cgt, et notamment la volonté de construire un débat large et démocratique dans la Cgt pour une autre stratégie et un autre programme.

 

 

49è Congrès de la CGT : un pas important vers… la CFDTisation

 

La direction actuelle de la CGT - dont le 49è Congrès s’est déroulé à Nantes, du 7 au 11 décembre 2009 avec la réélection du SG Bernard THIBAULT - a bataillé dur, avant et durant le congrès, pour prendre les décisions politiques et organiques qui aideront à rendre irréversible la mutation de la CGT engagée depuis de nombreuses années. Sans entrer dans le débat de la datation de la «dérive» de la CGT, il faut rappeler qu’un virulent coup d’éperon a été donné lors du 45è Congrès, en 1995, avec la suppression l’article 1 de ses statuts qui stipulait : «la CGT s’assigne pour but la suppression de l’exploitation capitaliste, notamment par la socialisation des moyens de production et d’échange». La conséquence directe en est que la direction de la CGT n’analyse plus les problèmes de conditions de vie et de travail des salariés en termes de luttes de classes. Ce qui la conduit à s’enfermer dans des négociations au sommet avec les directions patronales et l’État capitaliste, à la recherche effrénée d’accords consensuels et minimalistes, en opposition de plus en plus ouverte avec les revendications matérielles et morales des millions de travailleurs, dont la grève, pourtant scandées dans des manifestations massives et répétées. Le NON massif des ouvriers et des syndicats de base de la CGT (au référendum sur la Constitution européenne) est une illustration éclatante de ce décalage entre le potentiel et la volonté de lutte à la base et l’action réformiste et mutilante du sommet. Cette direction syndicale a failli sur tous les fronts de lutte et n’a réussi à faire échec à aucun des plans de la classe patronale. L’activité de la direction de la CGT est cantonnée dans la co-gestion (à l’instar des syndicats d’Allemagne ou des pays du Nord), d’accompagnement de l’action gouvernementale. Alors que le nombre d’adhérents est en baisse, la direction actuelle a renforcé en nombre et en prérogatives l’armée des permanents et cadres - experts, dont beaucoup n’ont plus de contact avec le monde du travail mais sont devenus des professionnels de la gestion d’organismes paritaires et de CE, de réunions de partenariat.

La direction actuelle du syndicalisme ne représente plus les intérêts et aspirations de la classe ouvrière : son activité est de plus en plus liée à celle de l’État capitaliste reconnu comme arbitre et partenaire (tout comme le MEDEF !), son masque d’apolitisme cache un positionnement politique clair : le refus de s’opposer, de mobiliser et d’agir contre l’ensemble des contre-réformes du gouvernement SARKOZY – la confédération lui délivre même un satisfecit en écrivant dans son document d’orientation que «les responsables de la crise financière doivent être sanctionnés» -, contre l’UE capitaliste, contre les guerres impérialistes.

Non seulement, comme l’affirme J-C. Le DUIGOU (ex numéro 2 de la CGT mais encore présent et influent dans l’encadrement actuel), pour la confédération «l’économie de marché est incontournable», mais, comme elle l’écrit dans le document d’orientation «les mises en compétition deviennent la règle des réformes des systèmes sociaux, économiques et politiques en France, en Europe, dans le monde» !

On ne peut mieux affirmer l’adhésion à «l’économie de marché» et accepter la mondialisation capitaliste. Depuis longtemps, la direction de la CGT n’explique plus ce qu’est l’exploitation capitaliste, alors que cette exploitation s’est intensifiée : les patrons sont revenus à des mécanismes d’extraction de la plus value absolue du siècle dernier (allongement de la durée du travail, intensification des cadences, travail des enfants, baisse des salaires réels, précarisation des contrats de travail, exploitation de travailleurs sans papiers,…), provoquant une paupérisation absolue (et relative) des couches populaires. La CGT préfère parler de développement durable et humain comme une simple ONG !

Aujourd'hui, cette direction syndicale se lance, en partenariat avec l’État et le patronat, dans la mise en œuvre de la Sécurité Sociale Professionnelle : une véritable mise à mort du syndicalisme par la destruction des conventions collectives, le retour au livret individuel du salarié, l’individualisation des rapports salariés-patrons.

Elle accepte le renforcement de l’impérialisme français contre ses concurrents européens et états-uniens, sous prétexte de défense et de création de l’emploi ! Tant pis si l'exploitation a lieu ailleurs !

À l'échelle européenne et mondiale, la CGT coordonne plus activement sa collaboration de classe au sein de la CES et de la CIS (c’est un CGTiste qui vient d’être élu secrétaire adjoint à la CES) véritables appendices des pouvoirs impérialistes comme on a pu le voir à l’occasion des guerres impérialistes contre les peuples irakien, palestinien et afghan.

Qu’ont donc gagné les travailleurs avec cette stratégie ? Rien !

Qu’on en juge au vu du bilan désastreux de cette équipe sortante à la tête de la centrale syndicale dont le capital historique des luttes et victoires fait que de nombreux travailleurs y restent encore attachés : défaite sur les retraites (37,5 annuités, puis 40, bientôt 41 et trahison sur les régimes spéciaux des cheminots), défaite sur le droit de grève et le service minimum, recul sur la réécriture du Code du travail, sur les contrats de travail et l’indemnisation des privés d’emploi (avec l’acceptation de la «modernisation du marché du travail» et de la «sécurité sociale professionnelle»), recul sur le droit et l’indépendance syndicale (avec «la position commune sur la représentativité syndicale», recul sur les revendications des Sans-Papiers en les menottant à la circulaire du ministère de l’immigration jusqu’à faire intervenir le service d’ordre de la CGT contre les Sans-Papiers en occupation de la bourse du travail à Paris), recul dans les mobilisations et la solidarité contre les guerres impérialistes,…

C’est pourquoi le document d’orientation a évité soigneusement de dresser un bilan (critique) des résultats sur les revendications et les luttes. Pour la confédération, le syndicalisme se résume à une association d’adhérents (et non de militants), à la représentativité institutionnelle (et non des intérêts et aspirations des travailleurs) via les élections (même si la participation des travailleurs est en chute libre), et des négociations (entre experts, démunis des mandats des bases ouvrières en lutte, et des «partenaires».

Durant ce 49è Congrès, la direction a orienté les débats sur trois thèmes principaux qui au fond illustrent sa volonté, non pas d’affronter les forces du Capital, mais de collaborer avec les forces du Capital !

 

1/ Le « Nouveau Statut Salarié » (NTS) que la CGT définit comme «un socle commun de droits individuels transférables et garantis collectivement» qui visent donc uniquement «le maintien du contrat de travail et du salaire pendant les périodes de transition entre deux emplois» et «l’accompagnement individuel vers l’emploi» au moyen de congés de reclassement et de conversion, de mesures de chômage partiel ! Au moment où les licenciements font rage, où la crise a des effets dramatiques sur les travailleurs, la CGT abandonne les conventions et garanties collectives, la lutte contre les licenciements massifs, la lutte contre la casse du Code du Travail. La CGT parle de droits individuels et ne parle plus de plateforme revendicative pour l’ensemble de la classe laborieuse (augmentation des salaires, interdiction des licenciements, droit au travail pour tous, réquisition des logements vides, retraites à 55 ans pour tous, régularisation des Sans-Papiers, contre les guerres impérialistes, solidarité avec les peuples,…). C’est un désarmement des travailleurs face à la classe patronale !

 

2/ Le syndicalisme rassemblé (ou l’unité syndicale au sommet) : dirigé par des experts en négociations, sans lien avec les bases de travailleurs en lutte. La direction de la CGT spécule sur l’aspiration des salariés à l’unité syndicale autour de leurs revendications, et cherche à cacher son alignement sur les syndicats les plus jaunes (comme la CFDT) et, surtout, à contourner les bases syndicales qui n’ont d’autres choix que d’affronter leur propres patrons et, du coup, l’ensemble des patrons. Cela explique le choix de la CGT pour des journées d’action sans lendemain qui stérilisent la mobilisation et la combativité des travailleurs, et aboutit à éviter la centralisation des luttes vers la grève générale. Le prétexte : c’est impossible, les autres organisations syndicales ne suivrons pas ! Cette stratégie n’a rien changé au rapport des forces comme en témoigne les actions de 2009 : après la formidable mobilisation du 29 janvier 2009, la CGT unie avec les autres les syndicats ont refusé de poursuivre la mobilisation jusqu’au 19 mars, pour finalement appeler… à des «pique-niques revendicatifs» le 26 mai devant le siège du patronat ! Pas de quoi effrayer les capitalistes !

 

3/ La réforme des structures de la CGT :

Le document d’orientation précise : «Toutes les fédérations sont aujourd’hui interrogées, parfois même dans leur champ propre, face à des dimensions nouvelles qui ont trait à l’activité professionnelle.» (…) «Nombre de nos fédérations souffrent de difficultés à déployer une activité territoriale». De même, «La conférence sur les Unions locales, tenue en 2008, a confirmé le caractère indispensable des Unions locales mais a également montré la nécessité de redéfinir leurs rôles, leur périmètre, leur fonctionnement dans un édifice CGT « redessiné».», et donc «Le renforcement du niveau régional comme niveau de compétence politique et décisionnel sur les enjeux structurant la vie des salariés ne doit pas être ignoré».

De nombreux syndicats de base ont protesté avant même la discussion au congrès : ils y ont vu la liquidation des unions locales au profit des unions régionales (purement bureaucratiques), regroupement/fusion de nombreuses fédérations et dissolution progressive des syndicats d’entreprises.

La direction de la CGT préfère alors présenter ses propositions organiques comme des pistes pour le congrès suivant. Beau tour de passe-passe !

Il faut bien y voir la volonté de la direction CGT de contrôler les structures de base, notamment quand elles sont trop revendicatives ou radicales. C’est aussi un moyen d’institutionnaliser davantage la centrale en adaptant ses structures au schéma de réorganisation de l’économie capitaliste (par régions) et du «dialogue social» mené par le MEDEF et le gouvernement. C’est le même chemin qu’a déjà pris la CFDT il y a plusieurs années. CFDTisation de la ligne, CFDTisation des structures !

La direction a pris d’autres précautions : elle a créé une commission «affiliation à la CGT», sous la responsabilité directe de l’exécutif, pour traiter des conflits (adhésion d’un syndicat). Ce qui permettra de contourner les instances statutaires et rendra plus facile l’exclusion de syndicalistes de classe et de structures qui se hasarderaient en dehors de la ligne confédérale.

Aux yeux des travailleurs (syndiqués et non syndiqués) grandit donc le discrédit de la direction confédérale. Nombreux ont été les congressistes à intervenir et à critiquer la stratégie de la direction des manifestations sans lendemains et sans perspectives de rassemblement des luttes. Le bureau du congrès a dû se résoudre à intégrer nombre d’amendements, ce qui n’était pas le cas lors des précédents congrès. Tout cela malgré le verrouillage avant le congrès avec la mise en avant de délégués sans expériences, la mise à l’écart de syndicalistes contestataires de la ligne,…

Les syndicalistes de classe ne sont restés bras croisés : pour la première fois dans l’histoire de la CGT, ils se sont unis pour présenter une candidature au poste de secrétaire général, celle du syndicaliste métallurgiste du Nord, Jean-Pierre DELANNOY. Cette candidature avait reçu le soutien de plus de 2 300 syndicalistes CGT (signataires). Son intervention au congrès (qui n’a pu être empêchée par le bureau) est un appel à un retour de la CGT à un syndicalisme de classe et de masse : elle a été applaudie, beaucoup discutée dans les couloirs, et a libéré de nombreux congressistes pour exprimer une parole critique. La direction sortante, manœuvrière, a évoqué le caractère non statutaire de la candidature alors qu’elle a tout fait pour l’empêcher d’être… statutaire. Le tout pour la direction était d’éviter le débat sur le fond : à savoir le bilan de l’action syndicale et le choix la stratégie syndicale. Le discours d’ouverture du secrétaire général sortant (près de 1h3/4, très long, probablement dans le but de plomber et retarder le débat) donne à penser que la direction sortante se justifie par rapport aux critiques de l’opposition syndicale (annoncées à l’avance par la presse).

L’opposition syndicale de classe a fait des progrès depuis le précédent congrès : au-delà du pourcentage des votes des délégués, en net progression par rapport au précédent congrès (près de 30% des votes des délégués), elle est surtout plus qualitative, plus offensive et plus organisée. Elle prend en compte les expériences et aspirations des travailleurs.

Son objectif immédiat est :

- De lancer et construire à l’intérieur même de la CGT, un débat large et démocratique pour définir une autre stratégie syndicale capable de faire converger les luttes des travailleurs en un mouvement national de masse et de classe, créant un rapport de forces puissant et durable en faveur des travailleurs, condition nécessaire pour gagner sur les revendications de l’ensemble des travailleurs

- D’exiger le respect de la démocratie syndicale, l’arrêt des exclusions, évictions, pressions et chasse aux sorcières contre des syndicalistes en désaccord avec l’orientation actuelle

- De mener la bataille de syndicalisation massive des travailleurs, car la majorité d’entre eux est encore en dehors de syndicats, et de propager l’identité de classe

Le syndicalisme de classe et de masse n’est pas un simple souhait de quelques militants en mal de révolution et utopistes : il est la réponse à la souffrance conséquente à l’exploitation capitaliste du travail salarié.

Dans l’action collective, organisée et unie des travailleurs contre l’exploitation capitaliste subie par des millions de travailleurs renaîtra un syndicalisme à l’opposé du syndicalisme rassemblé obsédé par la recherche de reconnaissance institutionnelle et du consensus sur des accords supportables par les capitalistes mais insupportables pour les travailleurs.

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